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Sovok : adj. Arg. Qui désigne les individus et les idées qui sont profondément imprégnés de réminiscences nostalgiques de l'ex-URSS. Il est clair qu'avec ce roman de Cédric Ferrand, on en a notre comptant, de réminiscences soviétiques. Ça suinte la rouille léniniste et ça crisse entre la faucille et le marteau : avis aux amateurs ! Au passage, nous retrouvons ici le format souple des Moutons électriques, le même que pour Wastburg, c'est bien vu pour harmoniser nos bibliothèques...


Quelques lignes techniques sur les ambulances miteuses stockées dans une église en délabrement et nous voilà reparti dans le style décalé et gouailleur de Cédric Ferrand : les comparaisons volontairement grand-guignolesques s'enchaînent sans crier gare. Avec ses expressions bien à lui, l'auteur fouille dès le départ les bas-fonds de la société russe (et surtout moscovite) après une déchéance économique et politique ; ce quotidien construit de bouts de ficelle, de coups de bas et de coups de main, entre dépannages divers et dure loi du « tout se paye », est une des marques de fabrique de l'auteur.
Dans tout ce fatras, nous suivons la semaine catastrophique de Méhoudar, qui vient tout juste de décrocher un stage de nuit dans la société d'ambulances, Blijni. Affecté à l'équipe de de Manya et Vinkenti, duo truculent s'il en est, Méhoudar doit rapidement s'adapter afin de répondre aux différents besoins des blessés, des rues encrassés aux hôpitaux submergés. le fait que Méhoudar est un juif, peu pratiquant, tout frais débarqué du Birobidjan, permet des allusions croustillantes et des comparaisons fines entre les confessions religieuses, mais c'est loin d'être le coeur du récit : il s'agit, le plus souvent, de s'amuser ou de s'apitoyer sur la nécessaire habitude de s'appuyer sur des bouts de ficelle ou des coups fumeux. On ne pourrait citer toutes les bonnes idées induites par ce roman, rien que la « blague » récurrente sur La Pravda (« La vérité » en russe), qui ment comme elle s'imprime, vaut le coup d'oeil.

Dès la quatrième de couverture, la trame chronologique est difficile à cerner ; à mon avis, c'est une volonté de l'auteur de se placer dans le temps de façon plutôt floue (même si des indices parsemés et une connaissance de l'univers précisent que nous sommes vers 2025). Un fort aspect steampunk est annoncé, mais il est finalement très léger. Or, c'est vrai que nous retrouvons dans ces pages une tendance « Do It Yourself », puisque les Moscovites sont amenés à se débrouiller seul pour bidouiller, réparer, troquer tout ce qui leur passe sous le nez ; tout cela donne un bon côté punk malgré tout à cette histoire.
De plus, nous sommes dans une Russie post-soviétisme qui en a gardé de lourds travers tout en revenant à organisation plus primaire, comme si la société était partie en déliquescence et que le développement était désormais complètement atrophié : donc, rétro-futurisme certes, mais pas tellement parce que le futur est arrivé plus tôt dans le passé, surtout parce que le futur se dirige vers le passé (vive les phrases cryptiques !). Dans tous les cas, cette Russie n'est pas une vision autre du passé, mais bien une anticipation de ce qu'elle pourrait devenir.

Après Wastburg, l'auteur confirme son aptitude à traiter de la déliquescence de la vie, des sociétés. le caractère urbain de ses histoires aide beaucoup dans cette optique, puisque la ville est bien souvent le creuset des inégalités et des complots de toutes sortes. Pour cela (et pour rester un petit peu dans la comparaison entre ces deux romans passionnants), Sovok s'appuie sur une trame narrative relativement simple : composer les chapitres en suivant les jours de la semaine où Méhoudar s'est fait recruter en tant qu'ambulancier urgentiste, les heures de nuit rythmant les différents paragraphes. Sans aller jusqu'à répéter le récit sous forme de nouvelles quasi indépendantes les unes des autres comme dans Wastburg, Cédric Ferrand renouvelle son écriture sur des bases malgré tout connues et c'est rassurant pour le lecteur, et ce, au point de voir dans ce récit une tout autre optique narrative. Ainsi, autant dans Wastburg, le récit avait une fin conclusive plutôt prononcée et surtout amenée tout au long du roman (le lecteur était curieux de connaître la suite de la destinée de cette ville frontière, mais le besoin se concrétisait peut-être davantage en une relecture que l'attente d'une suite), autant dans Sovok, le lecteur peut ressentir l'impression de lire une vaste et captivante introduction dont la « conclusion » est une ouverture maîtrisée vers des événements tout aussi captivants. Et tout cela n'est pas pour rien, puisque Sovok est issu de l'univers de jeu de rôle éponyme. À défaut de suite à ses deux ouvrages, nous attendons donc d'autres « mises en roman » d'univers de jeux de rôle qu'il fait vivre, comme Brumaire, Vermine et bien d'autres…


Sovok se révèle donc une lecture très fraîche, avec le style propre à Cédric Ferrand qui ne déçoit pas avec ce deuxième roman dans la même veine que Wastburg d'un point de vue de la forme mais radicalement éloigné du point de vue du fond. Encore plus que dans la cité fantasy précédente, Sovok incite fortement le lecteur à vouloir revenir dès que possible dans cette Moscou en proie aux foudres du post-soviétisme déliquescent.


[Bien davantage de contenus (images, liens et critique plus longue) sur https://bibliocosme.wordpress.com/2015/02/06/sovok/]

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Après l'excellent « Wasburg » dépeignant les bas-fonds d'une cité apatride d'inspiration médiévale, Cédric Ferrand revient enfin avec un tout nouveau roman intitulé « Sovok ». Bien que lui aussi tiré d'un jeu de rôle, l'univers dépeint ici par l'auteur n'a rien à voir avec son précédent ouvrage puisqu'il s'inspire d'une Russie rétro-futuriste en pleine déliquescence. C'est bien simple, tout part à vau-l'eau : le gouvernement en place se distingue avant tout par son instabilité, les pouvoir publics manquent à tel point de ressources que se sont aux habitants de se cotiser pour rémunérer pompiers et instituteurs, et la plupart des quartiers se retrouvent à tour de rôle privés d'électricité et plongés dans le noir. L'avantage (parce qu'il faut bien en trouver...) c'est que les Moscovites sont devenus les rois de la débrouille ! Bidouillage en tout genre, troc, pot-de-vin, petits arrangements le plus souvent illégaux..., c'est qu'il faut savoir faire preuve d'audace et d'imagination si on veut être capable d'améliorer un peu son quotidien ! Manya et Vinkenti en savent d'ailleurs quelque chose, eux qui arpentent inlassablement toutes les nuits les rues moscovites à la recherche de potentiels patients requérants les services des urgentistes de Blijni. Un boulot éreintant qui ne va pas en s'améliorant lorsqu'on leur colle dans les pattes un petit nouveau, fraîchement embauché et disposant d'une semaine pour faire ses preuves.

Le roman se découpe en chapitres correspondant chacun aux jours de la semaine passé par Méhoudar en compagnie de ses deux collègues. le lecteur découvre donc en même temps que lui le quotidien de ces urgentistes sillonnant les rues à bord de leur Jigouli, ambulance défranchie comptant un nombre bien trop important de kilomètres au compteur mais qui possède l'avantage non négligeable de pouvoir se mouvoir dans les airs. le roman se compose ainsi d'une succession de petites scènes dévoilant chacune un peu plus l'état de la société moscovite de l'époque et les conditions de vie de ses habitants. le récit avance donc à un rythme plutôt soutenu et parvient ainsi à maintenir l'intérêt du lecteur intact du début à la fin. On en apprend aussi peu à peu sur les trois protagonistes du récit : Méhoudar, jeune homme fraîchement arrivé à Moscou dont il peine encore à comprendre le fonctionnement ; Manya, quadragénaire revêche à l'esprit pratique et ne s'embarrassant pas de sentiments ; et Vinkenti, conducteur obèse plus ouvert que sa collègue et s'intéressant de prêt à l'avenir politique de la Russie. Des personnages tous très réussis auxquels on s'attache sans mal et avec lesquels on ne serait pas contre faire un bout de chemin supplémentaire. le style de l'auteur reste quant à lui toujours aussi agréable, plein d'un mordant et d'un cynisme qui donnent lieu à des dialogues savoureux et plein d'humour.

Cédric Ferrand nous offre avec « Sovok » un roman très prenant consacré à une société futuriste russe décadente dont on se plaît à arpenter les coins et recoins et à rencontrer les habitants, plus ou moins réglos et arrangeants. L'auteur fait à nouveau preuve de beaucoup de talent, et c'est avec impatience que j'attends de lire son prochain roman.
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir une tranche de vie de trois personnages urgentistes et pendant une semaine ; le tout dans une Russie qui agonise lentement. Ici, pas de véritable intrigue dans son côté classique, mais une peinture de Moscou qui se révèle efficace et passionnante à découvrir avec son aspect mélange de futurisme et de nostalgie, mais aussi son lot de réflexions. Une Russie pleine de nostalgie ou la débrouillardise est de mise et qui donne envie d'en découvrir plus. Les personnages se révèlent travaillés, denses, humains et attachants avec leurs bons comme leurs mauvais côtés. On est ainsi rapidement happé par cette image que nous décrit l'auteur qui oscille avec réussite entre humour, tragique et espoir dont mon seul regret est finalement que la fin laisse de nombreuses perspectives ouvertes, ce qui m'a paru légèrement frustrant. La plume de l'auteur se révèle entrainante, captivante et décalé dans sa façon de nous présenter son récit, offrant juste ce qu'il faut d'ironie et de cynisme pour rendre son histoire prenante et intelligente. Je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Déçue je l'avoue, car j'ai mal lu la quatrième de couverture. Ou bien déçue parce que je n'ai pas retrouvé la "force" de l'uchronie, le "choc "du rétro-futurisme, le "suspense" du roman noir, pour une intrigue au "rythme crescendo"promise...
Si on me l'avait "vendu" en précisant, qu'il nous plongeait dans l'ambiance et les conditions de vie, de travail, d'ambulanciers russes, qui à part la possibilité à l'ambulance de voler au dessus de la circulation, un pti coté Blade Runner, ressemble où du moins me semblait par bien des points ,être trop proche de la réalité. J'avais plus l'impression d'un témoignage récent, noir certes.
Par contre, j'ai apprécié l'investissement de recherche dans l'histoire et le vécu quotidien des russes et leurs traditions, à moins qu'il s'agisse là, d'une uchronie....
Plus dans le registre policier que l'uchronie, mais même là, déçue dans l'intrigue.
Trois fois déçue donc, hélas..
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Sovok est ce genre de livre qui flirt avec les genres et à l'ambiance très particulière que l'on se souviendra longtemps.

Nous suivons ici un groupe de 3 urgentistes à bord de leur ambulance à lévitation pendant une semaine au fil des heures d'interventions dans un Moscou Futuriste mais aussi sale, délabré et livré à lui même.

Nos 3 personnages sont excellent et on des personnalité bien trempées, les perso secondaires aussi.
Le décors est lui aussi très bon, presque flippant tellement on se demande si un jour nos grandes ville finirons comme celle ci, ce qui est plausible vu qu'on est pas loins de la réalité mais en pire.

Le scénario est bien ficelé et on prend plaisir à parcourir ce livre (même s'il passe très (trop ?) vite).
Nos ambulanciers urgentistes n'on pas de qualification de médecine (ça fait peur) et font tout à l'arrache, ou du moins avec les moyens du bord pour intervenir sur des situations étranges ou pathétiques, voir glauque comme des euthanasie, soigné des plaies lors de manifestations, décoincer les cheveux d'une femme coincées dans les marches d'un escalator ou encore soigné le pauvre gars qui à fait exploser son alambic amateur par mégarde !!

Un roman d'anticipation que je conseillerais à tous les fans du genre SF réaliste (mais pessimiste).
Par exemple ceux qui ont aimés l'ambiance de Blade Runner.
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Un voyage d'une semaine en compagnie de trois ambulanciers dans un Moscou tiraillé entre son passé communiste et un avenir incertain. Comme dans les reportages télévisés, l'immersion fonctionne, mais sans plus.

J'ai mis du temps avant de me plonger dans Sovok : je repoussais toujours sa lecture, sans réellement savoir ce qui me dérangeait. A la recherche d'une lecture détente, Sovok s'est rappelé à moi. Je relis pour la énième fois le résumé, et là, TILT, le mécanisme de mon cerveau vieillissant se met en branle et je découvre enfin le pourquoi de mon blocage : c'est quoi le pitch ?

Cédric Ferrand est l'auteur de Wastburg. Il reprend ici le même principe : des tranches de vie qui dessinent au final un lieu, ses us et ses coutumes. Dans Wastburg, la ville était imaginaire, rappelant un Moyen Âge sous fantasy. Les pages se tournaient facilement pour en apprendre plus sur ce bourg intriguant, connaitre ses ruelles, ses habitants. le Moscou de Sovok par contre nous est trop proche, le sense of wonder manque pour tout à fait éveiller l'intérêt du lecteur. Si on retire les réminiscences soviétiques, le lieu pourrait être n'importe quelle ville évoluant à l'ère du capitalisme.

C'est loin d'être mauvais, des notes d'humour parsèment le périple. La gouaille de l'auteur est toujours présente. Une lecture détente et agréable à laquelle manque toutefois une intrigue digne de ce nom.
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Aujourd'hui, je vais vous parler du premier livre que je finis du côté de la maison d'éditions Les Moutons Electriques. Leurs ouvrages m'ont souvent donnée envie. Je n'avais jamais cédé à leur appel jusqu'au jour où j'étais tombé sur l'un d'eux en librairie (et je ne parlerais pas de mon passage au Salon du Livre où j'aurais bien embarqué tout le stand). Je vais donc vous parler de l'un de leurs ouvrages : Sovok par Cédric Ferrand.


J'adore les tranches de vie. J'aime pénétrer dans le monde de quelqu'un durant quelques instants, découvrir son existence et son quotidien même si c'est toujours déchirant de devoir en ressortir. Sovok, c'est exactement ça. Je suis entrée dans l'univers d'ambulanciers, qui parcourt un Moscou dont les rues sont riches en histoire. Il est question de politiques, de miliciens, de simples personnes qui s'efforcent de survivre dans un univers où rien est facile. Il faut batailler pour avoir le droit à des soins convenables, il faut piocher dans ses fonds pour obtenir des faveurs ou encore vendre le patient à l'hôpital le plus offrant. Ce n'est clairement pas l'histoire d'une Russie rayonnante, mais celle qui sombre dans la déchéance.


Et on s'attache aux personnages que l'on suit. On veut en apprendre plus sur Méhoudar, qui est le mec qui nous fait entrer dans le quotidien de Manya et de Vinkenti, deux ambulanciers qui travaillent essentiellement de nuit. Ce sont des êtres humains que l'on apprend à connaître, qui possèdent de sacrés travers, mais aussi de qualités. du lundi au vendredi, nous allons les suivre durant la période d'essai de Méhoudar, qui s'efforce de survivre, de faire sa place et d'obtenir de quoi vivre un peu dans cet univers sans concession. Alors quand le moment de les quitter arrive, des pistes s'ouvrent vers leur avenir. Certaines ne laissent place à aucune surprise, d'autres se révèlent nettement plus incertaines. Cela frustre un peu, il faut bien l'envoyer… et l'épilogue m'a arraché un sourire en coin à la vue du personnage mis en scène.


Au final, Sovok a été un voyage que je ne regrette absolument pas. Il a réussi à me plonger dans le quotidien d'un Moscou décadent avec des personnages complexes sans que je m'ennuie une seule seconde. Mon seul regret a été de voir les abandonner là, de ne pas savoir vraiment ce que certains sont devenus, mais ce n'est pas grave. On ne sait pas toujours ce que devienne ceux que l'on suit le temps d'un documentaire. J'en recommande sa lecture, et maintenant j'ai encore plus hâte de découvrir les autres ouvrages de cet auteur et les autres des Moutons Électriques.

Lien : http://encore-un-chapitre.bl..
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Probablement que ce n'est pas ma tasse de thé, ni mon style de lecture habituelle. Très certainement que je n'étais pas dans le mood et que ce n'était pas le bon moment pour moi.
Loin d'être mauvais, les personnages me semblaient forts intéressants, le style ne m'a pas charmé. L'histoire me semblait avancer aussi rapidement qu'un escargot avec une jambe (ou deux) dans le plâtre. L'univers ne m'a que fort peut toucher. Par contre l'ambiance, elle, est bien présente et superbement retranscrite (bien que je ne connaisse rien de la Russie).

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Tout me faisait envie quand j'ai vu ce roman : la couverture, l'originalité, et l'aspect SF.
Au final, voilà le bilan : univers et personnages très bien, écriture fluide et plaisante... La couverture est très réussie aussi.
Mais où est l'intrigue ? j'avoue que je suis restée sur ma faim !
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Avec Sovok, Cédric Ferrand offre de passionnantes tranches de vie moscovites, teintées d'une légère nostalgie qui sied tout à fait à ce rétro-futurisme glacial. le portrait de la cité est grandiose, les personnages complexes à souhait et on ferme le roman avec le seul regret : qu'il soit si court ! Excellent !
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