"Aujourd'hui, maman est morte...ou peut-être hier, je ne sais pas."
L'audience a été levée.
Dans l'obscurité de ma prison roulante, je retrouve un à un, comme du fond de ma fatigue, tous les bruits familiers d'une ville que j'aimais et d'une certaine heure où il m'arrivait de me sentir content.
"Comme tout le monde, j'ai lu les comptes-rendus dans les journaux. Mais il y a certainement des ouvrages spéciaux que je n'ai pas eu la curiosité de consulter. Là, peut-être, j'aurai trouvé des récits d'évasion. J'aurais appris que dans un cas, au moins le hasard et la chance, une fois seulement, avaient changé quelque chose. Une fois ! Dans un sens, je crois que cela m'aurait suffi...mon cœur aurait fait le reste..."
[Marie :] Je me demande finalement si je t'aime... Tu es bizarre...
...C'est sans doute à cause de cela, mais peut-être un jour, tu me dégoûteras pour les mêmes raisons...
Moi, je veux me marier avec toi.
[Meursault :] Dès que tu le voudras...
Mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
Rien n'est plus clair, en somme. C'est toujours moi qui mourrai, que ce soit maintenant ou dans vingt ans, du moment qu'on meurt, comment et quand, cela n'importe pas, c'est évident.
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Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me reste à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
L'étranger est un ami que l'on n'a pas encore rencontré.
J'accuse cet homme d'avoir enterré sa mère avec un coeur de criminel.
Dieu vous aiderait alors, tous ceux que j’ai connus dans votre cas se retournaient vers lui.
C’est leur droit, cela prouve aussi qu’ils en avaient le temps. Quant à moi, je ne veux pas qu’on m’aide et justement le temps me manque pour m’intéresser à ce qui ne m’intéresse pas.