_ Vois le bon côté des choses: nous n'aurons jamais beaucoup d'enfants, rétorque Julia d'un ton grinçant. Et rapidement, on sera seuls au monde et en sécurité: les Errants ne vivent pas au-delà d'une semaine. Statistiquement parlant, toute la population sera bientôt morte. On représentera les uniques rescapés d'un gigantesque naufrage.
je ne réalise pas tout de suite que le danger est déjà là. Mouette et Julia se sont figées elles aussi. Je murmure:
-Les oiseaux...Ça fait longtemps qu'on ne les entend plus ?
Ma gorge est sèche. Je tends l'oreille. Le vent s'est levé.
1ère phrase: BAM! BAM! BAM!
Dernière phrase: Alors on passe la porte. Ensemble.
Bam ! Bam Bam !
Les coups redoublent de vigueur. "S’ils parviennent à entrer, nous sommes morts !" Le cerveau de Mouette est sûrement en train de calculer le pourcentage de chance de survie dont nous disposons. Sauf qu’il n’y a pas besoin d’être devin pour ça : elles doivent frôler le néant.
En une fraction de seconde, tout a basculé. Et dans ce minuscule espace, nous sommes tous morts, même ceux qui s’acharnent à rester vivants, sans raison ni but.
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Cette prise de conscience me glace,jusque-là,plongée en ce "mode survie",pas une fois je n'ai essayé de réfléchir au delà de ma propre vie,de ma ville,de ma famille,pour avoir une vue d'ensemble du phénomène.
Manatéa.A
Mouette gît, roulée en boule au sol, isolée. Elle ne bouge plus. Que lui est-il arrivé? La fatigue, la fièvre, ou l'impensable? On court dans sa direction, mais je repère des bruits étouffés en passant devant une porte métallique. Je laisse Julia s'occuper de l'oisillon. Si Marco est seul là dedans avec un Errant, je ne peux pas l'abandonner. Bon sang, mais à quel moment a poussé en moi ce stupide sens du sacrifice? Va falloir que je m'en débarrasse vite fait...