Ce livre est un petit bijou dont la lecture m'a régalé de bout en bout. Non seulement, le plaisir était complet mais
Serge Filippini m'a donné envie d'en savoir plus sur
André Breton (1896 – 1966) et le surréalisme.
Pour nous permettre d'approcher l'artiste, l'auteur a créé Chance Salvage, jeune femme qui a fui
Virgile, un amant violent, pour se rendre à Saint-Cirq-Lapopie, superbe village du Lot où, celui qu'elle admire a acheté une maison en 1951 : la maison des Mariniers. Il y a reçu les célébrités de l'époque :
Max Ernst, Picasso,
Dali, Miró,
Man Ray…
Elle arrive à Saint-Cirq le 24 septembre 1966 et rencontre d'abord
Radovan Ivsic (1921 – 2009), un poète croate, intime d'
André Breton qui a 70 ans et souffre d'un emphysème pulmonaire. Radovan lui offre
Nadja, fameux livre signé
André Breton, sorti en
Livre de Poche cette année-même. C'est ce livre que Chance lit afin de guérir du viol qu'elle a subi à Paris. Puis, elle écrit sur la page du titre : J'aimerai
André Breton.
La fiction est bien lancée, toujours étayée sur la vie réelle de celui qui fut désigné comme « le Pape du surréalisme ». Chance réussit à le rencontrer, à assouvir son amour malgré la méfiance et l'hostilité d'Elisa Breton, sa troisième épouse. Lors d'une conversation avec celle-ci et Ivsic, l'auteur précise le sens qu'il donne au mot magie : « Breton usait de ce mot comme d'un synonyme de poésie : modifier le réel pour en libérer le merveilleux. »
C'est cette définition qui me semble le mieux résumer ce livre qui nous fait rencontrer aussi le père Barbera, curé du village qui va jouer son rôle dans la face religieuse, trop importante à mon goût, du roman de
Serge Filippini.
Chance veut vivre son amour, libérée de toute entrave sans sombrer dans la folie comme
Nadja, de son vrai nom Léona Delcourt (1902 – 1941). Elle suit donc
André Breton rapatrié d'urgence à Paris où Chance aperçoit Aube, née en 1935, la fille de celui qu'elle aime, puis croise
Virgile, haineux, qui lâche : « J'ai toujours su que tu étais une petite réactionnaire cachée sous des airs affranchis. »
L'auteur, suivant les pas de Chance, nous amène dans L'Hôtel des Grands Hommes (Ve arrondissement) où, en 1919,
André Breton et
Philippe Soupault écrivirent
Les Champs magnétiques, ouvrage marquant de début du mouvement surréaliste.
Hélas, nous le savons,
André Breton est mort le 28 septembre 1966, quelques jours après sa rencontre hypothétique avec Chance… C'est là que l'auteur révèle talent et imagination pour mener son roman à bien, nous plongeant dans les turbulences de mai 1968 après des événements qu'il ne faut pas révéler.
Prise entre folie et foi, Chance revient dans le Quercy et l'auteur nous entraîne dans une partie mystique qui n'empêche pas de voyager faisant de J'aimerai
André Breton un roman original, triste, émouvant, instructif, une histoire mâtinée de religiosité avec, toutefois, suffisamment de scepticisme pour que le tout soit bien mené et bien bouclé.
Merci à Babelio et aux éditions Phébus pour ces délicieux moments de lecture.
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