Il m'adressa un sourire (...). Un de ces sourires rare, source d'éternel réconfort, comme on n'en rencontre que quatre ou cinq fois dans sa vie. Un sourire qui défiait -ou semblait défier - brièvement le monde entier, puis se focalisait sur vous comme s'il vous accordait un préjugé irrésistiblement favorable. Qui vous comprenait dans la mesure exacte où vous souhaitiez être compris. Qui croyait en vous comme vous auriez voulu croire en vous même.
Il faudrait comprendre que les choses sont sans espoir et être pourtant décidé à les changer.
Demain nous courrons plus vite, nos bras s’étendront plus loin... C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé.
Il avait tendu la main désespérément, pour tenter de saisir une dernière poignée de vent, d'emporter un dernier fragment de ces lieux qu'elle lui avait permis de tant aimer. Mais le train roulait trop vite, tout s'embrouillait devant ses yeux, et il sut qu'il avait perdu cette part de lui-même, la plus pure, la meilleure, à jamais.
Il a dû sentir qu'il venait de perdre à jamais son ancien monde de lumière, que c'était le prix à payer pour avoir trop longtemps vécu prisonnier d'un seul rêve. Il a dû s'étonner d'apercevoir, entre les feuillages devenus hostiles, un ciel qu'il n'avait jamais vu; trembler de découvrir à quel point la rose était un objet grotesque, à quel point le soleil criard écrasait les jeunes pousses de gazon. Un monde nouveau, concret et pourtant irréel, où de mornes fantômes, ne pouvant respirer qu'à travers leurs songes, dérivaient au hasard - tel ce personnage surnaturel, au visage de cendres, qui glissait vers lui parmi les troncs informes.
Ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu'enferme un homme dans les illusions de son cœur.
Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son cœur battre de plus en plus vite. Il savait qu'au moment où il embrasserait cette jeune fille, au moment où ses rêves sublimes épouseraient ce souffle fragile, son esprit perdrait à jamais l'agilité miraculeuse de l'esprit de Dieu. Il avait alors attendu, écouté encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une étoile, puis il l'avait embrassée, et à l'instant précis où ses lèvres touchaient les siennes, il avait senti qu'elle s'épanouissait comme une fleur à son contact, et l'incarnation s'était achevée.
Tom et Daisy étaient deux êtres parfaitement insouciants.
Ils cassaient les objets, ils cassaient les humains, puis ils s'abritaient derrière leur argent, ou leur extrême insouciance, ou je-ne-sais-quoi qui les tenait ensemble, et ils laissaient à d'autres le soin de nettoyer et de balayer les débris
Quand j’étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit :
– Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi.
[incipit]
Il me sourit avec une sorte de complicité - qui allait au-delà de la complicité.
L'un de ces sourires singuliers qu'on ne rencontre que cinq ou six fois dans une vie, et qui vous rassure à jamais.