Citations sur Les Mijaurées (9)
La pudeur est la politesse des timides.
Avec le temps, nous avions appris à nous méfier donc de nos embrasement estivaux et attendons patiemment notre retour, étonnées et ébahies tout de même par la puissance du fantasme, cette capacité infinie du cœur et de l'esprit à vous faire croire n'importe quoi.
Il y a tant d’errances dans une vie, tant de chemins rebroussés, tant de routes abandonnées et d’autres prises presque par hasard, par accident dirait-on mais justement les accidents mes amis, les échappées, les embardées qui font virer de bord et prendre des chemins de traverse qui se révèlent être des routes, il y a tant de moments d’égarement dans une vie qui ne sont pas des faiblesses non mais des respirations, des ponctuations.
Je commence alors à entrevoir ce que les années me confirmeront : l’immense courage de Lucile se nourrit de son immense fragilité, il y prend sa force, sa violence même, il est le fruit de cette guerre intestine que Lucile mène en permanence avec elle-même pour ne pas se mettre à pleurer partout, devant n’importe qui et en toutes circonstances.
Même nos silences sont évidents, : entre nous, les mots sont accessoires, futiles, ils ne font que confirmer ce que notre cœur a déjà compris. Nous jouissons d'une compréhension muette, totale, absolue.
Il y a des personnes dont le chemin qui mène à elles vous semble escarpé, tortueux : il y a des embûches, il y a des impasses, vous sortez les joues griffées et le regard perdu, avec la la sensation de ne pas parler la même langue, vous avez beau y mettre du vôtre, vous n'y comprenez rien. Et puis il y en a d'autres où le chemin est clair, droit, parfaitement balisé, le petit Poucet serait déjà passé par là que ça ne vous étonnerait pas, dont vous suivez la trace sans effort, sans tracas, sans équivoque.
Paris est désert, c'est la fin du mois de juillet, on respire, Paris appartient aux touristes et aux fauchés qui ne partent pas en vacances et c'est très bien comme ça.
Ma mémoire a le souci du détail, elle ne met jamais rien de côté, non parce que tout l'intéresse mais parce que tout s'imprime en elle, si fortement, si précisément qu'elle peut tout restituer intact, vierge à n'importe quel moment, n'importe quoi, pour elle tout a la même importance, l'insignifiant n'existe pas, seul le temps aura le pouvoir de décider ce qu'il convient de remiser ou de convoquer. Elle, elle enregistre, elle consigne, client suivant.
Aimer la vie sans le savoir, sans se le dire. Les jours d’orage, être la terre qui gronde, la pluie qui ruisselle, l’odeur de l’humus, les arbres détrempés. N’avoir peur de rien et surtout pas du silence de la campagne, ce silence qui n’est que craquements, hululements et tous ces chiens qui hurlent à la mort, la nuit, il y a de quoi frissonner pourtant.