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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Toujours efficace, Cynthia Fleury redéfinit dans ce court tract de 48 pages édité par Gallimard, le soin comme nécessaire au fonctionnement et à la reproduction d'un tissu social sain et à l'accession de chaque individu au statut d'être humain. Elle réfute la définition du soin du philosophe Yves Michaud, non seulement caricaturale, mais encore erronée : ce dernier en effet enferme la préoccupation du soin à l'autre aux frontières de la vie privée et considère son extension à la chose publique comme un dangereux jeu de bisounours, aveugle aux nécessités politiques, dans un monde livré au terrorisme et à la dissolution.
Yves Michaud attribue au terme "soin" un sens trop restrictif. Sans doute est-il victime du préjugé qui relègue cette pratique à la sphère du féminin, la dévaluant ipso facto comme extension d'un rôle maternel...
Or le soin, comme prise en considération de l'autre, traverse tout le travail humain, il en est une composante essentielle, et il n'a pas de sexe de prédilection.

Bien que Cynthia Fleury ne le nomme pas, Machiavel lui-même ne considérait-il pas que la politique doit se faire avec le minimum de mal pour être efficiente ? Certes on ne peut considérer que le penseur florentin ait inclus le "care" dans ses conseils au Prince, ce serait un archaïsme ridicule. Mais déjà on n'en voit pas moins l'empreinte se dessiner en creux : le souci de réduire le mal en politique (violences, trahisons, guerres) au strict nécessaire à l'intégrité de l'Etat et au bien général, ne révèle-t-il pas la préoccupation de réduire les souffrances génératrices de désordres ?

Il faut lire ce court essai.
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Ce livre reprend le discours inaugural que Cynthia Fleury a prononcé lors de la cérémonie de titularisation à la chaire « Humanités et Santé » au Centre national des arts et métiers.

Dans son discours, divisé en huit parties, elle évoque les gilets jaunes face à un Etat de droit défaillant, en partant d'un extrait des « Manuscrits de 44 » de Karl Marx, et s'indigne. Elle insiste sur l'importance de l'humanisme et des humanités (disciplines), en relatant ses travaux antérieurs sur la Renaissance. Elle s'attarde, bien entendu, sur la nécessité du soin (probablement à prendre au sens du « care »), sa fonction dans la société, mais aussi des soignants et des soignés, en revisitant la notion d'irremplaçabilité (qui a fait l'objet d'un livre lumineux). Elle écoute les vulnérables, les sans-voix, les âmes perdues, en se faisant philosophe clinicienne, comme avec ses « femmes désenfantées » ; ces mères qui ont perdu leur enfant, « des mères endeuillées ». En somme, elle vivifie notre rapport à l'altérité et le rend possible par la pratique philosophique du soin.

Tout est à prendre chez Cynthia Fleury, tout est à méditer tant notre monde, sous le coup de la mondialisation et des effets déshumanisants de la rationalisation, bascule dans un avenir incertain. Il faut se soucier des autres avant qu'il ne soit trop tard, c'est un peu la leçon de cette philosophie de bien-être à laquelle j'accorde une grande place dans nos "vies minuscules".
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Un livre court qui retrace vraiment une pensée essentielle, comme l'indique son titre: le soin est un humanisme.

Un texte totalement accessible à tou.te.s, qui parlera à beaucoup, des patient.e.s aux soignant.e.s.

Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste y rappelle l'importance de la sollicitude, la patience, l'écoute dont tout professionnel de santé doit faire preuve à l'égard de celles et ceux qui viennent le consulter.

Elle milite également pour que les patient.e.s prennent part, participent activement, soient agent.e.s de leurs soins.
Elle tire aussi la sonnette d'alarme sur la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'hôpital et le monde de la santé en général, ainsi que sur l'absence (ou le trop peu) des Humanités dans les études de médecine.

Sans humanisme, le bon soin est impossible. Il y a beaucoup de vérité et de pédagogie dans ce texte très complet de Cynthia Fleury, qui devrait être lu par tou.te.s!
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