Respectez le lecteur, il vous en saura gré.
Il s'était retrouvé au milieu de ce qu'il décréta être une sacrée clique d'allumés.De pauvres gens, affligés de peurs paniques bien plus baroques et importantes que la sienne. Peur des ponts, terreur des réfrigérateurs, des agrafeuses, du chiffre quatre ...
Il se sent fiévreux. Son imagination fait des sauts de cabri. Devant la feuille blanche, il sait contenir, doser... La feuille blanche est docile, souple, s'enroule aux désirs calculés qu'il module. Les personnages dansent leur prévisible petit chemin de ronde, semblables à ces automates qui illustrent les menuets de charmantes boîtes à musique.
L'auteur est un ferrailleur, il recycle des matériaux de récupération et sa décharge s'appelle la vie. Un rôdeur aussi, qui se balade sur les plages, ramasse ces soliveaux décharnés, blanchis, polis par le sel, les marées, le vent, et puis les travaille et les sculpte en curieux bibelots, du bloc torturé naissent des choses qui n'ont pas de nom, rarement une utilité.