Citations sur Quelqu'un m'attend derrière la neige (10)
Les hirondelles ne s'occupent pas non plus de ces petits êtres qui s'agitent en dessous d'elles : les hommes. Elles les voient se promener de continent en continent sans qu'ils puissent décoller du sol. Elles les regardent franchir le désert, en file indienne, s'enfoncer parfois dans le sable et disparaître. Et quand elles survolent les flots, elles les comptent par centaines, englués dans leur pesanteur, traversant la mer blanche sur un bouchon de bois.
La plupart des hirondelles ne connaissent rien d'autre de l'humanité, de ses tragédies et de sa beauté, que ces silhouettes minuscules tout en bas qui se croient grandes sur la terre mais ne dépassent pas le plus petit de leurs arbres.
Gloria se savait différente, un peu en marge de son espèce, mais elle n'échappait pas à ces commandements intérieurs, inexplicables, qui dirigent la vie des oiseaux. Elle vivait l'instinct comme un esclavage alors que la plupart des autres hirondelles y voyaient un grand repos pour l'esprit. Cependant, l'appel qui l'invitait vers le nord ce matin de décembre n'était pas du même genre. Ce n'était pas seulement l'instinct des migrateurs. Elle sentait que cet appel était lancé à elle seule, à sa liberté.
Les hirondelles ne s'occupent pas non plus de ces petits êtres qui s'agitent en dessous d'elles : les hommes. Elles les voient se promener de continent en continent sans qu'ils puissent décoller du sol. Elles les regardent franchir le désert, en file indienne, s'enfoncer parfois dans le sable et disparaître. Et quand elles survolent les flots, elles les comptent par centaines, englués dans leur pesanteur, traversant la mer blanche sur un bouchon de bois.
La plupart des hirondelles ne connaissent rien d'autre de l'humanité, de ses tragédies et de sa beauté, que ces silhouettes minuscules tout en bas qui se croient grandes sur la terre mais ne dépassent pas le plus petit de leurs arbres.
Un enfant ramassa l'hirondelle blessée le matin de Noël et la garda dans sa main droite serrée contre son cou.
- N'aie pas peur.
Grâce à lui, elle se reposa plusieurs semaines dans une boîte de lait concentré aménagée en lit d'hôpital. Le petit garçon prit soin d'elle, la nourrit et la réconforta. Il l'appela Gloria à cause de la marque de lait sur la boîte.
Pourquoi sont-elles soudain parties vers le sud ?
Elles n'en savent rien. Elles ne fuient même pas vraiment la neige, dont elles ont seulement entendu parler, ni le froid, mais elles se sentent incapables de ne pas être là, à disperser les moucherons, à gribouiller le bleu du ciel.
Les hirondelles ne fêtent pas Noël. Quand l'hiver vient, elles sont au-dessus des forêts d'Afrique à se baigner dans l'air trempé. Elles dessinent des boucles dans le ciel. Elles montent très haut puis redescendent en flèche et restent quelques secondes sur le dos, frôlant les cimes des arbres, fendant le nuage de feuilles et de fleurs qui flotte à la surface des forêts.
Pour la première fois, il sentit les larmes monter dans ses yeux ... La certitude qu'il se passait enfin ce qu'il attendait : des vies qui se croisent et se frottent tout près de lui. Un événement. Quelque chose.
Gloria s'était retrouvée en sang sur la terre battue. Un enfant la ramassa le matin de Noël et la garda dans sa main droite serrée contre son cou.
- N'aie pas peur.
Grâce à lui, elle avait aujourd'hui un nom, ce qui n'arrive presque jamais aux oiseaux, et surtout elle était toujours en vie. (p. 25)
Freddy avait compté. Cela ferait bientôt cent jours que personnes ne lui avait vraiment adressé la parole.
Elle vivait l'instinct comme un esclavage alors que la plupart des autres hirondelles y voyaient un grand repos de l'esprit.