Revenir est la fatalité. Dans ce petit village, cette nature épineuse, sablonneuse, imaginée de toutes pièces depuis mon enfance, immuables souvenirs.
Combien il devait l’aimer, sa femme. Unis, toute une vie, toutes les misères du monde vécues. La pauvreté que l’on mange au petit déjeuner et les enfants mort-nés. Combien il devait l’aimer pour qu’un homme aussi fort que lui, solide devant toutes les adversités qui s’étaient dressées sur son chemin, soit incapable de voir mourir la femme de sa vie. Cet amour si fort, j’avais du mal à le saisir. Et pourtant, je sentais bien que c’était mon héritage.
Je leur apprendrais le monde. Et comment on le regarde. Et comment on l’aime. Et comment on défait cette clôture désuète et immobile qu’est la réserve, que l’on appelle une communauté que pour s’adoucir le cœur.
Nous étions ailleurs, très loin des livres et des bureaux. Très loin des réseaux sociaux et des commérages de la réserve. Très loin de la souffrance et des drames familiaux. Plus loin encore que tous les endroits où j’avais déjà posé les pieds. Et pourtant nous étions si près. Si près de soi.
Nous étions ailleurs, très loin des livres et des bureaux. Très loin des réseaux sociaux et des commérages de la réserve. Très loin de la souffrance et des drames familiaux. Plus loin encore de tous les endroits où j’avais déjà posé les pieds. Et pourtant nous étions si près. Si près de soi.
J’imaginais les tourments. Le cœur qui se braque. Le cauchemar d’être réveillée en pleine nuit et de se faire dire que…que quoi ? C’est pour elle que mes yeux se sont embués. Et pour la fatalité. Et pour la souffrance qui fait mourir. Et pour la peur. Pour cette envie irrépressible d’être ailleurs.