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sur 126 notes
Dans ces courts fragments, l'auteur revient avec tendresse sur les moments partagés avec sa mère alors que celle-ci, âgée de quatre-vingt-six ans, décline inexorablement. Grandir, ce n'est plus tant s'émanciper que devenir un adulte sans parents ; appréhender les moments où celle qui nous a donné le jour ne sera plus là. Dans ces petits instants relatés, c'est à la fois la dépendance de la mère, mais aussi le difficile positionnement de la fille qui sont donnés à voir. Comment continuer à vivre normalement en évitant à la fois l'impression de se sacrifier et de négliger sa mère vieillissante ? Comment profiter de ces moments où les rôles s'inversent ; comment accepter que sa mère ne soit plus celle qui guide et protège mais devienne celle qu'il faut aider pour tout ? Ces brefs souvenirs ne sont pas chronologiques et sont racontés au fil de la pensée et de la mémoire, ce qui évite peut-être de leur donner trop de pathos et de les rendre trop tristes, et c'est appréciable.
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🎊 « A huit heures du matin, (...) je me levai, je filai chez ma mère, je m'assis sur une chaise près du lit : « Maman, je lui disais pour la première fois depuis l'enfance, je t'aime. Tu es ma vie. Et comment, si je t'aime, toi qui es ma vie, je pourrais te laisser là dans ce lit, à l'abandon ? Je ne le pourrais pas. Écoute, je veux que tu me donnes l'autorisation d'appeler de le docteur, qui appellera l'ambulance, et tu seras dans un hôpital mais tu seras soignée, et je t'aime. Et je te donnerai du courage, je le pourrai. Tu veux bien ? »
La seconde inoubliable où je fus suspendue à sa réponse.
« Oui a tout », elle avait annoncé. »
(P.20)

🎊 D'après le dictionnaire, « grandir » signifie « devenir plus grand ». Être grand c'est, toujours d'après le dictionnaire, avoir une taille qui dépasse la moyenne ou atteindre sa taille. La question que je me pose est la suivante : cesse-t-on jamais de grandir ?

🎊 Sophie Fontanel raconte sa mère : une mère, c'est avant tout une image, une force, un roc invincible dont on espère qu'il ne chavirera jamais, une force de la nature indétrônable. Mais un jour, pourtant, fatigué, il arrive que ce symbole s'étiole : ainsi commence le déclin, une petite chute, un oubli, une absence. Entre la mère et la fille, on échange les rôles, subrepticement, sans jamais le dire : on accepte de panser les blessures de celle qui autrefois soignait nos peines, on répond au désarroi avec un sourire franc, de ceux qu'on aimait tant et qui avaient le pouvoir d'illuminer un visage, une journée, une vie. On devient artisan, on peint des fleurs, on coud des tissus, on parfume les chambres, on rassure avec des gestes intangibles, un regard, une oeillade, une main tendue. On aime plus qu'on n'aurait jamais pensé pouvoir.

🎊 Ce roman est une déclaration d'amour, un cri du coeur qui oscille entre le désespoir et l'admiration ; ce roman, c'est le récit d'une fille à sa mère, lorsque les rôles s'inversent, lorsque celle qui a élevé l'autre a besoin d'elle pour continuer à rester debout. Ce récit, c'est savoir donner quand on a si peu à recevoir, c'est trouver la lumière au crépuscule de la vie : elle est certes faible, mais elle scintille encore, a l'horizon. Ce récit, c'est l'espoir.
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Voilà quelques temps que je suivais Sophie Fontanel sur le réseau social Instagram. J'adore ses publications loufoques et belles. J'ai voulu en apprendre plus sur elle, je n'ai pas été étonnée en apprenant qu'elle écrit des livres. Lors d'une visite à la médiathèque de ma ville, je tombe sur ce livre par hasard. Je le prends sans hésiter une seule seconde. C'est quitte ou double. J'ai retrouvé sa très jolie plume dans ce roman, l'auteur nous décrit son quotidien qui a basculé du jour au lendemain lorsqu'elle a apprit que sa mère était atteinte d'une grave maladie. J'ai bien aimé les petites références à ses origines arméniennes. Sophie Fontanel est une journaliste à l'agenda bien rempli, elle met sa carrière en péril pour s'occuper de l'être qu'elle aime le plus au monde. Bien heureusement, elle n'a pas d'enfants dont elle doit s'occuper, c'est une charge en moins. Je suis certaine que des personnes peuvent se reconnaître dans ce roman, cela a été un réel plaisir de découvrir Sophie Fontanel en tant que romancière. On savoure chaque mot, on a plus envie de s'arrêter. Ce récit autobiographique est touchant, Sophie Fontanel invite le lecteur à entrer dans une période de sa vie difficile. Je suis en admiration devant le courage de cette femme courageuse qui n'a jamais baissé les bras malgré les épreuves qu'elle a dû surmontées.
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Pourquoi : roman ?
C'est un texte émouvant et lisiblement autobiographique, mais il n'est pas romanesque pour un sou. C'est l'autoportrait d'une grande femme (comme on dirait “une grande fille”) qui vit difficilement mais courageusement, le moment de leur vie où sa relation avec sa mère va s'inverser pour toujours.

Pourquoi : grandir ?
Toute petite, Sophie Fontanel était déjà très grande... Mais ce que veut montrer l'auteur, en dehors d'un ton de sympathique auto-dérision, c'est qu'une fille (ou un fils) n'aura jamais fini de grandir tant que ses parents n'auront pas franchi le cap où ils acceptent enfin l'aide qui leur est nécessaire pour aller au bout de leur vie.

A presque cinquante ans, elle comprend ce que sa mère s'attachait à lui donner en héritage depuis longtemps, et que rebelle, elle s'obstinait à refuser : l'accès à la maturité, à la douceur, à l'écoute.

J'ai bien aimé qu'avec cet ouvrage, Sophie Fontanel déchire en petits morceaux le cliché rebattu d'enfants adultes devenus les parents de leurs parents retombés en enfance. C'est beaucoup plus compliqué que ça. Sophie Fontanel explique que pour elle, le lâcher prise de sa maman est au contraire un geste éducatif, le dernier, celui qui enfin la fait grandir.

Le portrait de la maman grabataire est joli et tendre, un peu idéalisé, certainement. C'est là que réside la faible part romanesque du livre, finalement.

Grandir est peu construit : pas de chapitres, juste des courtes scènes, sensiblement de la même longueur (deux pages imprimées), et juxtaposées sans souci de la chronologie. Cela donne une impression de désordre, de confusion, d'urgence, qui est peut-être voulue par l'auteur pour illustrer la maladie de sa mère, et les chambardements dans sa propre vie quotidienne entre boulot, hosto, dodo.

Pourtant dans la situation exposée (dans la vraie vie), il existe malheureusement une (dé)progression inéluctable de la personne âgée, que Sophie Fontanel évite de souligner comme si c'était seulement elle, la fille, qui sortait changée (en bien) de l'épreuve, pas la vieille dame.

Encore une fois, c'est un témoignage poignant, une expérience de vie décrite avec talent, mais ce n'est pas un roman. Sophie Fontanel n'a pas su choisir vraiment entre l'essai illustrant un problème de société (d'une journaliste) et le récit intime romancé (d'un écrivain). Dommage.

Une jolie phrase prise au hasard (enfin, presque) : “ avec l'humour, un temps, on peut se croire immortel “
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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"Quand l'auteur parle de grandir, elle parle d'elle-même. Sa mère est très âgée et dépendante d'elle, entièrement. Il arrive que cette mère soit absente et parfois, au contraire, ses paroles et sa présence sont justes, drôles et imprévisibles. Et durant toute cette période ultime, l'amour qu'elle a donné à sa fille lui est rendu comme on voudrait qu'il le soit toujours.



Chaque morceau de la vie d'une vieille dame si vulnérable est raconté: un jeune médecin, l'appétit, les vacances, un aide-soignant, les petits-enfants, des mains très douces, des souvenirs, l'Arménie, une amie d'enfance. A la page qui suit, on voit sa fille : une cavale, une vie à gagner, un défilé de mode, des articles à écrire, des dîners décommandés, la ville à traverser quand sa mère est tombée, tout de suite les infirmières de jour et celles de nuit, les douceurs."



Comme je dis parfois en souriant "C'est ma mère, je n'en ai qu'une et j'y tiens", alors j'ai tout de suite senti que ce livre était pour moi, mais je l'ai abordé avec un peu d'appréhension car je suis exactement à la période de la vie où les mamans deviennent un peu vos enfants... Pas qu'elles perdent forcément la tête, mais elles demandent conseils et aide (Bon, ce papier, j'en fais quoi? -Tu le ranges/Jettes) ou continuent à en faire à leur tête (J'ai fait les vitres alors j'ai utilisé l'escabeau - Argh! Non! - Souvenir d'une chute sans conséquences et d'un passage aux urgences. Plus jamais ça!)



Alors oui, j'avais un peu la boule dans la gorge en démarrant cette lecture, mais j'ai vite découvert que ce n'est pas du tout une lecture plombante! Au premier gloussement j'ai su que c'était gagné. Bien sûr les séquences émotion et réalisme sont nombreuses, avec la maman naturellement mais aussi avec l'entourage sur lequel l'auteur pose un regard bienveillant et attentif. "J'ai développé une sensibilité particulière aux personnes âgées. Est-ce une richesse?" "L'une tenait un désuet bagage effiloché qui déjà vous tordait le coeur. "



Lisez absolument ce livre, j'ai du mal à en parler évidemment, mais c'est le coup de coeur!
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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L'auteur nous relate la vieillesse de sa mère, la mort proche, l'usure rampante et envahissante, la difficulté / l'incapacité à accepter...
Et comment ce que l'on fait, ce que l'on donne peut nous faire grandir.
Très belle écriture, sensible, émouvante, et qui nous ébranle.
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J'ai entendu Sophie Fontanel sur une radio publique (France Inter) un matin vers 9 heures. Et l'échange avec le journaliste (que j'écoute volontiers, il a officié sur canal +, yeux bleus, voix grave)) m'a interpellée. J'ai donc commencé par Grandir qui est le premier, logique.
Pour moi ce n'est pas un roman. Un témoignage plutôt, mais cela n'enlève rien à sa qualité et à sa valeur, au contraire.
Sa construction et son écriture correspondent à la respiration de l'auteur, témoin. Des petites touches, un chapitre correspond à une page recto verso. Des phrases courtes, précises, rapides, nettes. La respiration de quelqu'un qui retient sa respiration en observant la mort s'installer sur sa mère. Mettre des mots sur l'indicible. La mort. La disparition. La suppression. Mais Sophie Fontanel garde le sourire et nous le gardons avec elle, et c'est là sa force ou la force de son écriture.
Un beau témoignage.
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Très touchant et très juste ce petit roman qui parle de la relation entre une fille et sa mère vieillissante. La dépendance, l'inversion des rôles parents / enfants, la peur de perdre l'être cher.... le rapport au corps dont la personne âgée est dépossédé. Les moments de lucidité qui alternent avec la perte de tout repère, les périodes d'abattement où plus rien ne permet à la personne âgée de s'accrocher à la vie. Les difficultés pour l'entourage de décider quand le parent ne peut plus être autonome, la culpabilité de l'arracher à son univers, à ses repères pour lui assurer une meilleure sécurité, un meilleur suivi médical.... C'est à la fois triste, poétique et drôle, de petites touches d'humour qui donnent une bouffée d'oxygène. le portrait de la maman grabataire est intime et tendre... Ce livre m'a beaucoup touchée car j'y ai retrouvé tout ce qu'à dû vivre ma mère il y a quelques mois avec ma grand-mère. Un sujet qui nous touche ou nous touchera tous à un moment ou à un autre, un sujet douloureux qui nous renvoie à notre propre condition de mortel, à la peur de la vieillesse, de la souffrance, de la dépendance et de la mort ...
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Ce livre célébre l'amour d'une fille pour sa mère,l'image de Meilleure amie pendant l'enfance et l'adolescence ,à18 ans le rejet.
Cette mère ne faisait pas de compliments,elle les taisait,elle semblait préférer le
frère qui ,lui,pensait le contraire...
Très longtemps après,il ne reste plus rien de cette révolte.
La grand- mère dit à ses petits enfants.mes chéris......
:.Elle les contemple.
Elle a quatre- vingt six ans.
L'auteur raconte les chutes de sa mère,son inertie,parfois,ses absences ,ses
réparties fort drôles.
Pour moi.ce n'est pas un roman ,c'est un texte autobiographique où l'auteur parle
d'elle même.
C'est le moment crucial,irréversible,oùles relations mère- fille s'inversent,la maman va partir...la fille bascule d'un autre côté,mais elle ne grandit pas,elle va
Vieillir,la fille dans la mode,toujours en représentation,sera obligée d'avancer
toute seule,pour toujours.

C'est un livre émouvant qui fait réfléchir sur la vieillesse et les relations mère- fille.
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L'auteur, Sophie Fontanel grandit au travers de sa mère qui réclame de plus en plus la présence de sa fille au seuil de sa vie.
Elle nous dépeint aussi le sacerdoce du personnel soignant, pas toujours mis en valeur hélas.
Beau livre sur l'abandon de soi au profit de la personne qui nous a transmis la vie.
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