Citations sur Une seconde après (17)
- Toutes les voitures fabriquées en gros après 1980 ont des circuits intégrés électroniques, répondit John. Les carburateurs, c'est du passé; maintenant on a l'injection électronique et le démarrage électronique. C'est pour ça que la vieille Edsel de ma belle-mère et les VW de Bartlett roulent encore. Il n'y a pas d'ordinateur dans le moteur, et dans la radio, ce sont encore des tubes à vide. La surtension n'a donc rien à griller. Aujourd'hui, tout dans une voiture est relié à une sorte d'ordinateur. Vive la technologie moderne...
Vous semblez oublier à quel point nous sommes fragiles, nous la génération la plus assistée de toute l'histoire de l'humanité. Des crises cardiaques, quelques accidents stupides, au moins huit meurtres et plusieurs suicides. Pour le dire froidement, mes amis, tous ceux qui auraient dû passer il y a des années seraient déjà morts sans bêtabloquants, sans angioplasties, sans pacemakers ou sans ces innombrables médicaments plus ou moins exotiques dont on nous inonde. Maintenant, ils meurent tous d'un coup.
- Ça a même frappé les pacemakers ? demanda Charlie. Bon Dieu...
Les hôpitaux ne sont pas équipés contre ce genre d'accidents. Les générateurs de secours grilleront avec tout le reste, et vous savez ce que ça veut dire. (...) Si les groupes électrogènes ne se sont pas mis en route, tous ceux qui se trouvaient en unité de soins intensifs ou en salle d'opération doivent être morts, à l'heure qu'il est.
- Hamid, il faut que je t'avoue quelque chose, d'abord. Tu as toujours été sympa avec moi, et je ne suis pas certain de pouvoir te rembourser tout de suite ce que je te dois. J'ai l'impression que les choses ne vont pas s'arranger de sitôt.
Le Pakistanais leva sur lui un regard surpris.
- Qu'est-ce que tu veux dire, John ?
- Indiquant l'argent sur le comptoir, il précisa:
- Je veux dire ça.
- Ah, les sous, fit l'autre en riant. Peut-être dans mon ancien pays, mais ici, l'argent américain ? Tu plaisantes.
- Non, mais je tiens juste à te le dire: dans quelques jours, les cigarettes risquent de coûter autrement plus cher que vingt-trois dollars la cartouche. (...) Hamid, si j'ai un conseil à te donner...
- Quoi ?
- Retire les cigarettes qui te restent et planque-les.
- Pourquoi ?
- Considère ça comme un fonds d'investissement, un fonds contre l'inflation. (...) Crois-moi, mets-les de côté. À partir de maintenant, si tu veux les vendre à des amis, ne le fais que paquet par paquet.
Le nouveau testeur de glycémie était une petite merveille de technologie équipée d'un ordinateur qui calculait et archivait chaque examen sanguin. La semaine prochaine, Jennifer était censée se faire implanter l'une de ces toutes récentes pompes à insuline...et quelque chose lui disait qu'il devait s'estimer heureux de ne pas l'avoir encore fait.
- Papa, il y a quelque chose de bizarre.
- Ah, oui ?
- Écoute.
Il tendit l'oreille. C'était une tranquille soirée de printemps, dont le silence n'était entrecoupé que par le pépiement des oiseaux et l'aboiement d'un chien, au loin...des sons plutôt agréables, en fait.
- Je n'entends rien.
- Exactement, papa. Il n'y a pas de bruit sur l'autoroute.
Il se tourna vers la vallée. La route était loin derrière les arbres, mais sa fille avait raison, il régnait un silence absolu. Ce n'était qu'une fois installé dans cette maison qu'il avait compris son erreur; juste un petit détail qu'il avait négligé en la visitant...mais qui lui avait sauté aux oreilles dès la première nuit: le bruit incessant de la circulation sur l'autoroute, à moins d'un kilomètre de là.
Le téléphone devint subitement muet.
Au même instant, le ventilateur ralentit, la stéréo de Jennifer se tut, et, tourné vers l’alcôve qui lui servait de bureau, John vit l’écran de son ordinateur s’éteindre, tout comme la petite veilleuse verte du bouton d’arrêt. Résonna alors un bip strident, signalant que les systèmes de surveillance et d’alarme incendie ne fonctionnaient plus. Puis, là aussi, ce fut le silence.
La liberté a pour prix une éternelle vigilance.
Thomas Jefferson.
Le pays du lait et du miel, le pays où l'obésité était considérée comme un danger majeur pour la santé publique, avec ses chaînes alimentaires qui se battaient pour savoir lequel fabriquait le plus gros hamburger… Il se demandait souvent comment pouvaient réagir le Libéria, le Yémen ou l'Afghanistan devant de tels excès.
Il y a trois semaines, on était tous américains. Si quelqu'un émettait une réflexion agressive, sexiste ou raciste, mon Dieu, tout le monde s'indignait et ça faisait la une des journaux. Pourtant, il suffit que l'électricité nous lâche et, voilà, en quelques jours, on commence à s’entretuer.