Citations sur Histoire de la sexualité, tome 1 : La volonté de savoir (73)
Les techniques les plus rigoureuses se sont formées et surtout elles ont été appliquées d’abord, avec le plus d’intensité, dans les classes économiquement privilégiées et politiquement dirigeantes.
Si la sexualité s’est constituée comme domaine à connaître, c’est à partir de relations de pouvoir qui l’ont instituée comme objet possible ; et en retour si le pouvoir a pu la prendre pour cible, c’est parce que des techniques de savoir, des procédures de discours ont été capables de l’investir.
Le pouvoir, ce n’est pas une institution, ce n’est pas une structure, ce n’est pas une certaine puissance dont certains seraient dotés : c’est le nom qu’on prête à une situation stratégique complexe dans une société donnée.
Si le sexe est réprimé, c’est-à-dire voué à la prohibition, à l’inexistence et au mutisme, le seul fait d’en parler, et de parler de sa répression, a comme une allure de transgression délibérée.
Les conditions de vie qui étaient faites au prolétariat, surtout dans la première moitié du XIXe siècle, montrent qu'on était loin de prendre en souci son corps et son sexe : peu importait que ces gens-là vivent ou meurent, de toute façon ça se reproduisait tout seul.
Il ne faut pas oublier que la pastorale chrétienne, en faisant du sexe ce qui, par excellence, devait être avoué, l'a toujours présenté comme l'inquiétante énigme : non pas ce qui se montre obstinément, mais ce qui se cache partout, l'insidieuse présence à laquelle on risque de rester sourd tant elle parle d'une voix basse et souvent déguisée.
Le sexe, ça ne se juge pas seulement, ça s'administre.
Ne pas croire qu’en disant oui au sexe, on dit non au pouvoir ; on suit au contraire le fil du dispositif général de sexualité.
Le sexe […] auquel nous demandons de révéler ce que nous sommes et de nous libérer ce qui nous définit, le sexe n’est sans doute qu’un point idéal rendu nécessaire par le dispositif de sexualité et par son fonctionnement.
Sur ce fond, peut se comprendre l’importance prise par le sexe comme enjeu politique. C’est qu’il est à la charnière des deux axes le long desquels s’est développe toute la technologie politique de la vie.