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EAN : 9782070293353
400 pages
Gallimard (01/01/1990)
4.08/5   198 notes
Résumé :
"Les Mots et les Choses" valut à Michel Foucault une réputation internationale. Ensuite, ses autres ouvrages ne feront que développer une seule et même thèse : celle de la mort de l'homme et de l'humanisme classique qui concevait le sujet pensant comme une exception dans l'ordre de la nature. Avec l'avènement des sciences humaines, l'homme est devenu un objet d'étude au même titre que les phénomènes naturels. Cette objectivation de l'homme a en même temps rendu poss... >Voir plus
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Imaginez que « Les mots et les choses » fut le best-seller de l'année 1966. Qui peut prétendre à cette réussite, de nos jours, sinon Christophe André ou Frédéric Lenoir dans la catégorie des essais ? du premier aux seconds, c'est un gouffre de connerie qui s'est creusé. Un vide de la pensée. Peut-être cette fameuse analytique de la finitude dont nous parle Foucault et qui, pour s'être éprouvée jusqu'à ses limites les plus extrêmes, a fini par retomber en demi-molle souriante.


Donc, Foucault examine scrupuleusement les quelques siècles passés en Occident du point de vue de l'évolution des structures épistémologiques. Ce n'est pas une histoire de la pensée mais une archéologie du savoir : au lieu de suivre le développement des connaissances, il s'agit de mettre à jour les conditions de possibilités des discours qui se sont formés (les épistémès). Foucault dégage ainsi trois épistémès et remarque que le changement majeur intervient entre l'âge classique et l'âge moderne, aux environs du 17e siècle. Alors qu'à l'ère classique, le langage et les mots étaient liés par le prisme de la représentation, sans ambiguïté ni équivoque, l'âge moderne se définit par leur éloignement progressif puis par leur séparation : l'ordre a succombé à l'historicité. Cette rupture met à jour de nouveaux domaines de réflexions. C'est ici qu'apparaît l'homme comme objet de réflexion dont peut s'emparer la conscience épistémologique. Deux nouvelles formes de pensées apparaissent : la critique kantienne qui cherche à former une nouvelle synthèse possible entre les représentations, et l'Idéologie qui interroge quant à elle les conditions qui permettraient d'établir un rapport entre les représentations du côté de l'être qui s'y trouve représenté. Cette dualité est rapidement dépassée et remplacée par un domaine de recherches variées, les sciences humaines.


Voilà que l'on entend ricaner au fond de la classe. Ceux qui se réjouissent déjà de formuler leurs objections en logorrhée gerbante sont priés de fermer leur gueule. Non, Foucault ne tombe pas dans le piège et n'essaie pas de ressasser le merdier habituel selon lequel les sciences humaines seraient vraiment des sciences. « Inutile donc de dire que les « sciences humaines » sont de fausses sciences ; ce ne sont pas des sciences du tout ; la configuration qui définit leur positivité et les enracine dans l'épistémè moderne les met en même temps hors d'état d'être des sciences ; et si on demande alors pourquoi elles ont pris ce titre, il suffira de rappeler qu'il appartient à la définition archéologique de leur enracinement qu'elles appellent et accueillent le transfert de modèles empruntés à des sciences ». Voilà qui met fin aux débats stériles. Mais les sciences humaines ont une qualité que ne possèdent pas forcément toutes les autres : celle de vouloir se démystifier sans arrêt. Leur remise en question perpétuelle se fait par le prisme de l'histoire et de l'inconscient, ce qui a donné lieu à l'émergence de ces variétés de discours que sont l'ethnologie et la psychanalyse. Toutefois, si leur objet d'étude est cela même qui constitue la méthode de remise en question des sciences humaines, alors elles se constituent en contre-sciences : plutôt que de former un savoir sur l'homme, elles le font disparaître en remontant vers les raisons de sa constitution comme objet de savoir. Notons ici que Foucault envisage la psychanalyse du point de vue de son objet alors qu'il s'agit d'une forme de discours qui, en tant que telle, marque encore une rupture d'avec les formes précédentes de discours. Mais ceci n'est ici point noté.


Le point nodal de l'intrigue reste quand même cette découverte de l'homme, non pas comme résultat d'une reconnaissance de notre nature spécifique d'être humain mais comme aboutissement de processus historiques particuliers. C'est pour cette raison qu'une technologie de pouvoir s'est formée dans la continuité de ces processus historiques, faisant germer l'illusion d'une subjectivité qui serait la source de ces comportements, alors que la maîtrise de ceux-ci serait le résultat de l'exercice d'une forme de pouvoir sur cette prétendue subjectivité. On comprend alors mieux pourquoi toute l'oeuvre de Foucault s'est ensuite articulée sur cette question : comment le gouvernement de soi et (surtout) des autres a-t-il nécessité la production d'une vérité du sujet ?

Suivant Freud, il me semble plus juste de dire que, la société procédant du sujet de l'inconscient, les technologies de pouvoir tentant de maîtriser le sujet ne sont que le troisième temps d'une dialectique qui s'ignore en ce qu'elle croit en être le terme initial, lorsqu'elle n'en est que le saisissement manqué.

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L'homme objet des sciences, est « tel qu'on prendra en lui connaissance de ce qui rend possible toute connaissance » : une étrange proposition (qui me rappelle en le disant quelque chose comme la fameuse incertitude d'Heisenberg).
Déjà la psychanalyse et l'ethnologie «parce qu'elles se dirigent vers ce qui, hors de l'homme, permettent qu'on sache, d'un savoir positif, ce qui se donne ou échappe à sa conscience. (…) Elles s'adressent à ce qui constituent les limites extérieures du concept d'homme (…) Elles dissolvent l'homme ».
En restant sur le sol contemporain, on se dira peut-être que les sciences progresseront continûment dans la connaissance de leur objet par tâtonnement et par intuition géniale, en résolvant les problèmes les uns après les autres. Mais quel objet ? L'inconscient ?
« Comment peut-il se faire que l'homme pense ce qu'il ne pense pas ?...Comment peut-il être cette vie dont le réseau, dont les pulsations, dont la force enfouie débordent indéfiniment l'expérience qui lui en est immédiatement donnée ?...Comment peut-il être ce travail dont les exigences et les lois s'imposent à lui comme une rigueur étrangère ?».
« Qui parle ? » : Nietzsche est constamment à l'esprit de Foucault.
Dès l'âge moderne (fin XVIII début XIX), apparaissent ces notions nouvelles de vie, travail et langage. A ce moment on va parler de biologie, d'économie et de philologie.
« Cuvier et ses contemporains avaient demandé à la vie de se définir elle-même, et dans la profondeur du vivant ; de la même façon, Ricardo avait demandé au travail les conditions de possibilité de l'échange, du profit et de la production ; les premiers philologues avaient aussi cherché dans la profondeur historique des langues la possibilité du discours et de la grammaire. ».
Cuvier, Ricardo, Bopp, sont des noms évidemment moins connus que Darwin ou Marx, et qui donc piquent la curiosité. Foucault s'empresse d'expliquer ce choix car certains noms passeraient facilement pour des « réactionnaires » (on comprend mieux en lisant la biographie de Cuvier sur Wikipedia). Tout au long du livre, on peut d'ailleurs lire la méfiance de Foucault à l'égard des multiples tentatives de théorie évolutionniste. Mais ce qui pique réellement c'est l'approche archéologique de Foucault, son concept d'épistémé.
Dans la première partie du livre, il va appliquer cette démarche successivement aux périodes traditionnelles de la Renaissance, de l'âge classique et donc de l'âge moderne, en prenant soin d'analyser ensemble les 3 domaines du savoir qui deviendront donc la biologie, l'économie et la philologie (linguistique). Sa démarche s'annonce laborieuse, et il interpelle le lecteur : « comment faire autrement ? ». (Par là il nous rappelle à la manière de Kant, que son livre n'est une rhapsodie).
Son objectif est précisément de révéler les discontinuités et l'a priori historique qui caractérise le champ des savoirs possibles à chaque période, l'épistémé. Ce déterminisme radical ainsi creusé, devra lui permettre à la fin du livre, de ramener les questions contemporaines à la recherche de la nouvelle épistémé, comme une espèce de mystique non-dite ou d'essence de la pensée actuelle.Plus concrètement ce pourrait être une nouvelle unité retrouvée du langage, actuellement dispersée selon les modes de la littérature, de l'exégèse, du formalisme et de la philologie.
Ce concept le conduit à reléguer au second plan tout le travail des scientifiques qui procèdent à partir des problèmes à résoudre. D'autre part, le pré-supposé théologique (cas de Charles Bonnet) ou d'autres types de déterminations se trouvent également ignorés par avance derrière l'a priori historique. (Voir notamment la critique de Pierre Bourdieu dans "Raisons Pratiques").
A coups de marteau, il se retrouve à souder une à une les découvertes des savants à l'épistémé qui les a rendues possibles à leur époque. le comble de l'agacement c'est que les changements d'épistémé entre les périodes restent des évènements archéologiques à l'origine complètement inconnue. En tous les cas, ce livre ouvre forcément un champ important à la critique.
Ce livre forme avec le précédent « Une histoire de la folie à l'âge classique » une sorte de diptyque : histoire de l'autre/histoire du même. Dans les deux cas on parcourt l'histoire avec l'art et la littérature. C'est d'ailleurs ici « La prose du monde » qui résume son chapitre sur la Renaissance, et c'est le tableau des Menines de Velázquez qui représente l'âge classique et la prochaine mutation archéologique et qui traverse le livre avec son mystère : « L'homme apparaît avec sa position ambiguë d'objet pour le savoir et de sujet qui connaît : souverain soumis, spectateur regardé, il surgit là, en cette place du roi que lui assignait par avance les Menines, mais d'où pendant longtemps sa présence réelle fut exclue ».
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"Les mots et les choses" entend présenter les structures sur lesquelles s'est développée toute la pensée occidentale depuis la Renaissance et dont l'aboutissement est la pensée moderne, caractérisées par la naissance des sciences humaines. Michel Foucault propose trois grandes périodes et deux bouleversements qui affectent particulièrement la manière dont le langage a été perçu.

Jusqu'à la Renaissance, le langage est inextricablement lié aux autres choses du monde. L'épisode de Babel ayant détruit la clarté du langage de la nature, l'homme essaie de le retrouver par les signes que portent les choses et dont les mots font partie. le mot et la chose se confondent, et dire, c'est convoquer la chose, d'où les magiciens et les formules magiques.

Au XVIIème siècle, Descartes introduit la notion de hiérarchie entre les choses par la rationalité tandis que Cervantes montre que les mots ne sont que des objets vides s'ils ne sont pas mis en rapport avec ce qu'ils représentent : Don Quichotte confond le mot et la chose, mais si le mot est resté, la chose a disparu. le monde d'Amadis de Gaule peut encore se dire, mais il ne représente plus rien. Dorénavant, on cherche ce en quoi le langage représente le monde et ce goût de l'ordre abouti à la Grammaire, mais aussi à l'histoire naturelle et à l'analyse des richesses. On rêve de dire le monde d'une manière ordonnée, sous la forme d'un Discours (qui mène à l'Encyclopédie), d'un tableau du monde vivant (la taxinomie) ou de valeurs (le mercantilisme).

Mais cent cinquante ans plus tard à peine, patatras, voilà que l'on découvre que le monde ne peut être dit uniquement par le biais de la représentation, car certains phénomènes se déroulent à l'intérieur des domaines du savoir. Ainsi, les mots présentent des similitudes entre eux et entre les langues, les organes ont des fonctions qui s'adaptent à l'environnement et se développent eux-mêmes selon leurs propres schémas, et le travail a une valeur qui n'est pas fixe mais dépend de son mode d'organisation. le temps s'insinue dans le concept de l'Ordre qui se change alors, à la fin du XVIIIème siècle, en une quête de l'Histoire. Désormais, on cherche la vérité des choses en elles-mêmes, on creuse et on remonte le temps, on ne se contente plus de comparer les choses entre elles. La conséquence sur le langage est qu'il est maintenant considéré comme totalement autonome, sans lien avec ce qu'il représente. C'est la naissance de la philologie et de la littérature, tandis que la biologie remplace l'histoire naturelle et l'économie politique l'analyse des richesses. Mais tandis que la biologie s'unifie sous le concept de la vie et l'économie sous celui de la production, le langage, lui, se disperse en d'innombrables langues et de représentations du monde.De plus, dans cette épistémè moderne, la source de toute connaissance est maintenant l'homme. C'est aussi un objet de savoir : puisqu'il dit le monde et qu'il s'y trouve, il est à la fois objet et producteur de savoir : quelle est sa place, quelles sont ses limites à comprendre le monde, comment se le représente-t-il ? Voilà que naissent les sciences humaines.

Nous sommes encore aujourd'hui dans ce monde moderne et nous tournons en rond. Car tant que la place de l'homme reste incertaine, les sciences humaines, qui ne sont ni illusions, ni sciences, mais représentation du savoir différente des sciences, le restent aussi, et l'instabilité règne. Pour dépasser nos achoppements, il faudrait que nous trouvions un moyen de dépasser la conception de l'homme comme caractérisé par cette ambivalence. Nietzsche avait pensé la mort de l'homme et l'invention du surhomme. Au sujet du langage, c'est peut-être la linguistique qui remplacerait la philologie. Quoi qu'il en soit, l'homme n'est pas immortel et il suffirait d'un autre mouvement de la pensée pour que, comme l'histoire naturelle et l'analyse des richesses, les sciences humaines disparaissent à leur tour et, avec elle, la notion de l'homme.

On ressort bien évidemment très enrichi de cette lecture épistémologique et on songe que la rédaction du texte remonte à cinquante ans, ce qui donne à notre épistémè moderne environ deux siècles, ou cinquante ans de plus que l'âge classique tel que le décrit Michel Foucault... Peut-être cet âge à venir qu'il prévoyait se met-il en place ? On note que la génétique a remplacé la biologie et que l'on évoque l'intelligence artificielle... on note encore que nos sociétés de services ont certainement dû (mais je ne voudrais pas trop m'avancer....) modifier une conception de l'économie basée sur la production et le travail (revenu universel ?). du côté de la linguistique, je ne sais pas, si quelqu'un a une idée. Foucault n'est plus là pour nous dire ce qui se passe, mais d'autres peut-être y songent-ils ?...
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Citation de Roger-Pol Droit in "7 philosophes qui ont fait le XXème siècle ":

Avec Les Mots et les Choses, en 1965, Foucault fait émerger de l'ombre et de l'oubli la fracture dans l'espace du savoir qui a fait naître les sciences humaines telles que le XIXème siècle les développe. Chemin faisant, il souligne combien la figure de l'homme, conçue comme principe central d'explication, est historique, donc temporaire, en train de s'estomper peut-être déjà.
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Réussir à comprendre Foucault reléve de la gageure . Dans son texte , il aborde un nombre tellement important de thématiques diverses , en n'ayant de cesse de creuser celles çi jusqu'au plus profond , qu'il est effectivement impossible de tout comprendre . Il définit avec une précision d'orfévre l'importance des mots , allant jusqu'a leur conférer comme une sorte d'aura à laquelle il est le seul à comprendre quelque chose . Heureux sont ceux qui parviennent a comprendre ce texte colossal , qui s'impose comme une pierre fondamentale de la philosophie contemporaine . Cette oeuvre , il faut toute une vie pour en mesurer la puissance.
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Citations et extraits (131) Voir plus Ajouter une citation
Le peintre est légèrement en retrait du tableau. Il jette un coup d’œil sur le modèle; peut-être s’agit-il d’ajouter une dernière touche, mais il se peut aussi que le premier trait encore n’ait pas été posé. Le bras qui tient le pinceau est replié sur la gauche, dans la direction de la palette; il est, pour un instant, immobile entre la toile et les couleurs. Cette main habile est suspendue au regard; et le regard, en retour, repose sur le geste arrêté. Entre la fine pointe du pinceau et l’acier du regard, le spectacle va libérer son volume.
Non sans un système subtil d’esquives. En prenant un peu de distance, le peintre s’est placé a côté de l’ouvrage auquel il travaille. C’est-à-dire que pour le spectateur qui actuellement le regarde, il est a droite de son tableau qui, lui, occupe toute l’extrême gauche. A ce même spectateur, le tableau tourne le dos: on ne peut en percevoir que l’envers, avec l’immense châssis qui le soutient. Le peintre, en revanche, est parfaitement visible dans toute sa stature; en tout cas, il n’est pas masqué par la haute toile qui, peut-être, va l’absorber tout à l’heure, lorsque, faisant un pas vers elle, il se remettra à son travail; sans doute vient-il, à l’instant même, d’apparaître aux yeux du spectateur, surgissant de cette sorte de grande cage virtuelle que projette vers l’ arrière la surface qu’il est en train de peindre. On peut le voir maintenant, en un instant d’arrêt, au centre neutre de cette oscillation. Sa taille sombre, son visage clair sont mitoyens du visible et de l’invisible : sortant de cette toile qui nous échappe, il émerge à nos yeux; mais lorsque bientôt il fera un pas vers la droite, en se dérobant a nos regards, il se trouvera place juste en face de la toile qu’il est en train de peindre; il entrera dans cette région ou son tableau, négligé un instant, va, pour lui, redevenir visible sans ombre ni réticence. Comme si le peintre ne pouvait a la fois être vu sur le tableau ou il est représente et voir celui où il s’emploie à représenter quelque chose. Il règne au seuil de ces deux visibilités incompatibles.
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A partir d’Adam Smith, le temps de l’économie ne sera plus celui, cyclique, des appauvrissements et des enrichissements ; ce ne sera plus non plus l’accroissement linéaire des politiques habiles qui en augmentant toujours légèrement les espèces en circulation accélèrent la production plus vite qu’ils n’élèvent les prix ; ce sera le temps intérieur d’une organisation qui croît selon sa propre nécessité et se développe selon des lois autochtones -le temps du capital et du régime de production.
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On devine l’importance […] d’une psychanalyse qui […] rejoindrait la dimension d’une ethnologie, non pas par l’instauration d’une « psychologie culturelle », non pas par l’explication sociologique de phénomènes manifestés au niveau des individus, mais par la découverte que l’inconscient lui aussi possède -ou plutôt qu’il est lui-même une certaine structure formelle. Par là, ethnologie et psychanalyse viendraient […] se croiser comme deux lignes orientées différemment : l’une allant de l’élision apparente du signifié dans la névrose, à la lacune dans le système signifiant par où celle-ci vient à se manifester ; l’autre allant de l’analogie des signifiés multiples […] à l’unité d’une structure dont les transformations formelles délivreraient la diversité des récits. […] [L’ethnologie et la psychanalyse] n’ont à vrai dire qu’un point commun […] : c’est celui où elles se coupent à angle droit : car la chaîne signifiante par quoi se constitue l’expérience unique de l’individu est perpendiculaire au système formel à partir duquel se constituent les significations d’une culture […] ; inversement, les structures sociales trouvent en chacun de leurs points de choix un certain nombres d’individus possibles […] -de même que dans le langage la structure linéaire rend toujours possible à un moment donné le choix entre plusieurs mots ou plusieurs phonèmes […].
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Tant que la langue avait été définie comme discours, elle ne pouvait avoir d’autre histoire que celle de ses représentations […]. Mais il y a désormais un « mécanisme » intérieur des langues qui détermine non seulement l’individualité de chacune, mais ses ressemblances aussi avec les autres […]. Par lui, l’historicité pourra s’introduire dans l’épaisseur de la parole elle-même.
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Ce livre a son lieu de naissance dans un texte de Borges. Dans le rire qui secoue à sa lecture toutes les familiarités de la pensée - de la nôtre: de celle qui a notre âge et notre géographie -, ébranlant toutes les surfaces ordonnées et tous les plans qui assagissent pour nous le foisonnement des êtres, faisant vaciller et inquiétant pour longtemps notre pratique millénaire du Même et de l'Autre.
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