C'est ainsi qu'aujourd'hui, au Pays de la Mort, au détour d'un chemin, vous pouvez encore tomber sur un barde errant qui, entre deux légendes qui n'ont strictement rien à voir, vous dévide d'un seul trait le récit du séjour de Djambo à Bikaner, sa rencontre avec Udo, les intrigues de Binji et celles de Bika, enfin la tragédie qui s'en suivit. Djambo entre alors dans votre vie exactement comme Udo tomba sur lui : vous vous demandez ce qui vous arrive, si c'est le destin, ou le hasard qui vous veut quelque chose. Ou les dieux qui vous mènent, à votre insu, par le bout du nez.
« L’eau est en nous, répéta-t-il inlassablement, la source est en nous. »
« Les vautours continuaient à l’épier. Il s’est pressé de tasser le sable. Puis, il s’est relevé et a regagné la route. En simple passager de la vie, comme il se savait désormais. Convaincu qu’il n’était pas grand chose. Le simple maillon d’une chaine de vivants. Mais qui était mortelle, elle aussi. »
« Et c’est ainsi qu’il est passé d’une vie à une autre. En quelques instants, deux ou trois bâillements. Le temps, ensuite, n’a fait que suivre le mouvement. »
Mais ce que nous dit aussi Djambo, c'est que les lamentations sont vaines. La source est en nous. Il est encore temps - il est plus que temps - d'aller à sa rencontre. Nous pouvons nous recréer. Et recréer le monde. Ensemble, et par nous-mêmes.
Et soyons patients, car le seul lieu des hommes, ce n’est ni leur champ ni leur village, ni leur ville, ni même leur pays. C'est le Temps.
Pour la seconde fois dans l'histoire des hommes, on allait essayer de faire du voyage de la vie un moment d'harmonie. En étendant tout simplement à la Nature le principe de justice.
Et il répondait seulement aux questions qu'on lui posait. Il appliquait à la lettre le neuvième principe : toujours réfléchir avant d'ouvrir la bouche. Et ensuite, filtrer ses mots avec le même soin que son eau et son lait.
Il y eut aussi des timides pour prendre le chemin de l'oasis, des gens broyés par la vie et qui, à force d'être piétinés par la haine et le malheur, n'osaient plus rien.
Malheur à qui, alors, est la proie de l'insomnie : ses pires démons se réveillent.