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EAN : 9782848769356
300 pages
Philippe Rey (03/03/2022)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Un ouvrage de passion pour la langue française, un régal pour l'intelligence du lecteur
À l'Académie française, on rédige le Dictionnaire de la langue française. Mais, élargissant leur rôle, les membres de la Compagnie ont à cœur aussi de laisser libre cours à leurs enchantements, combats ou indignations. Danièle Sallenave réhabilite le point-virgule ; Dany Laferrière raconte comment le vocabulaire du ventre chez Rabelais le fait rire aux éclats ; Jean d'Orme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage collectif est un régal pour les amoureux des mots, de la langue française.

Mais avant toute chose, direction l'adresse suivante www.dictionnaire-academie.fr, qui est toujours d'une très grande utilité, forcément, pour qui cherche la définition d'un mot (c'est bien là le but d'un dictionnaire), mais aussi pour connaître l'histoire d'un mot au fil de l'Histoire.

Car pour reprendre les mots d'Hélène Carrière d'Encausse : "En 1694, l'Académie française faisait au roi l'offrande de la première édition de son Dictionnaire. 325 ans plus tard, quelques années après la parution du tome III de la neuvième édition, quelques-unes avant la parution du dernier tome de cette même édition, nous sommes heureux de présenter aujourd'hui le nouveau moteur de recherche" [...] Nous nous inscrivons dans une longue histoire, mais si cette longue histoire nous permet d'avoir un intéressant recul sur la vie de notre langue, elle nous apprend aussi que ce jour n'est en rien une fin, pas plus que ne le sera d'ailleurs celui qui verra l'achèvement de la présente édition. S'il fallait emprunter une conclusion à un académicien, nous pourrions dire, parodiant Valéry, les mots, les mots toujours recommencés, puisque nous ne pouvons ni nous reposer ni dire, comme Chateaubriand à la fin des Mémoires d'outre-tombe, « Grâce à l'exorbitance de mes années, mon monument est achevé ». Dire l'usage, c'est accepter d'être Sisyphe et de reprendre sans fin une tâche dont on sait qu'elle ne sera jamais terminée. Mais rien ne nous interdit quelque joyeuse pause et de nous réjouir quand nous réussissons à pousser notre rocher un peu plus loin, quand nous atteignons une étape nouvelle."

Je suis donc allé sur ce dictionnaire (que j'utilise couramment) pour chercher la définition de flânerie : Action de flâner ; promenade sans but précis. Mot apparu dans ce même dictionnaire dans l'édition de 1878.
Même réflexe sur le mot flâner, résultat édition de 1878 : Se promener en musant, perdre son temps à des bagatelles. Édition de 1935 : Se promener sans but, sans hâte et sans objet déterminé ; ou Passer son temps à des bagatelles. Édition actuelle : Se promener sans but précis et à loisir, par extension : Agir sans se hâter, perdre son temps et Probablement issu de l'ancien scandinave flana, « courir çà et là ».

Et ce livre, c'est tout cela à la fois on se promène sans but précis au travers des divers textes proposés par les académiciens, il y est question d'orthographe, d'anglicismes, de l'usage ou de l'utilité de certains signes de ponctuation, d'alphabet, de mises au point sur l'utilisation de certains mots détournés de leur sens premier, etc....

On y apprend bon nombre de choses, et pour me permettre une transition on se laisse aller à rêver à la richesse de la langue française.

Car ce mot rêver a une particularité que, j'en suis sûr, peu connaissent :

"Eh bien, oui ! le mot rêver, précisément, qui, dans son sens commun d'avoir une activité onirique, a supplanté songer à partir du XVIIIe siècle, d'où vient-il ? de quelle famille linguistique est-il issu ? On l'ignore. Les lexicologues s'impatientent. Ils débusquent des étymologies pour le moins douteuses. Ils braconnent du côté du gallo-romain. Leur butin est maigre. Oserais-je dire (cela est peu scientifique, mais tant pis !) que je m'en réjouis ?J'aime ces mots venus de nulle part. J'aime ce rêve qui anime, qui hante notre inconscient, et qui est lui-même un mot rêvé, impalpable, un fantôme, une chimère – quel symbole ! Oui, il faut s'émerveiller des mots, des ombres portées du passé qu'ils véhiculent par leur musique, leur orthographe, leurs racines, mais qui parfois cadenassent leurs secrets jusqu'au silence… ou jusqu'au rêve."
La langue française recèle encore bien des mystères et c'est bien ce qui l'a rend si vivante..

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critiques presse (1)
LesEchos
24 mars 2022
En marge de leur très sérieux Dictionnaire de la langue française, une vingtaine de membres de l'Académie française proposent une « flânerie » dans laquelle ils laissent libre cours à leurs enchantements, combats ou indignations autour des mots. Une lecture agréable qui a le mérite d'alerter sur des dérives qui pourraient être facilement évitées.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Vive l’étymologie !
Prenez l’exemple de la curiosité, ce sel de la vie.
Comment tuer à jamais la phrase idiote qui a ravagé notre enfance : la curiosité est un vilain défaut ?
Revenez au latin. Curiosité vient de cura, qui veut dire « la cure », comme dans cure ou curatif.
Donc le curieux est celui, ou celle, qui prend soin.
Et c’est l’indifférence, le plus vilain, le plus asséchant des défauts, cette manière fermée de vivre, verrouillé en soi-même, sans jamais trouver matière ou personne à distinguer, à célébrer.
Voulez-vous un exemple supplémentaire ? Réussir.
Cette fois, passons par l’italien.
Le cœur de ce mot, c’est le verbe uscire, qui veut dire « sortir, trouver la sortie ».
Dans la vision traditionnelle, celui, ou celle, qui a réussi est installé, immobile, calé dans un grand fauteuil, cigare aux lèvres. Erreur. Le réussi a trouvé la sortie. Ou n’en est pas loin.
Quelle sagesse !
Oui, vive l’étymologie !
Elle offre de délicieux et nourrissants voyages, par ailleurs gratuits et qui ne craignent aucune grève de pilotes.

Erik Orsenna - Le 2 octobre 2014
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Son but n’est pas de « faire joli ». Ni même de s’accrocher à une conception formelle du « correct ». Son but est d’éviter qu’une confusion dans les mots n’entraîne une confusion dans les idées. L’Académie ne se préoccupe pas d’élégance : elle se soucie de précision et d’efficacité. Elle cherche à épargner au français et aux Français le destin cruel de Babel.

Confucius, en Chine, pensait que la rigueur de la langue était la condition première de toute cohérence politique et sociale.[...]

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Le langage, naturellement, est le fruit de la pensée. Mais la pensée, à son tour, est le fruit du langage. Un français correct n’est ni une affectation ni un luxe. C’est la garantie d’une pensée sûre d’elle-même. La beauté de la langue n’est que le miroir d’une raison capable de mettre de l’ordre dans le chaos du monde.

Jean d’Ormesson Le 5 avril 2012
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Il existe six mille langues parlées dans le monde, dont plus de la moitié ne jouissent pas encore de l’écriture. Chiffre impressionnant, une langue meurt tous les quinze jours. Les experts pensent qu’en 2100, il n’en restera plus que six cents.
Cette question rejoint celle de la biodiversité. Les espèces vivantes meurent, nos langues suivent cette même destruction.
D’autre part, le monde a toujours ressenti le besoin d’une langue de communication.
Dans l’Antiquité, le grec a servi de koinè, c’est-à-dire de langue commune aux marins, aux commerçants et aux savants. Synagogue est un mot grec et non hébreu ; pyramide est un mot grec et non égyptien.

Michel Serres - Le 5 décembre 2013
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À propos de Byzance, on considère généralement que le passage du tutoiement au vouvoiement pourrait venir de Dioclétien (245-313), qui divisa l’Empire romain entre Orient et Occident, chacun des deux nouveaux Auguste étant assisté lui-même d’un César. Quand l’un des souverains parlait non pas en son nom propre mais encore au nom des trois autres, il renonçait à l’ego, première personne du singulier, pour le nos, première personne du pluriel, et on lui répondait par le vos, deuxième personne du pluriel…Dont acte !

Frédéric Vitoux - Le 6 juin 2013
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Je voudrais faire, ici, un éloge de l’alphabet. Je ne parle pas de littérature, mais du simple fait de pouvoir exprimer des sentiments personnels en jouant avec ces vingt-six lucioles qui éclairent la page parfois ingrate. On n’a aucune idée de la puissance de ces lettres en apparence si fragiles et si discrètes qu’on ne se soucie plus de leur existence après un apprentissage pourtant dur. [...]
Seules les minuscules lettres de l’alphabet connaissent la fin de l’histoire. Elles continuent à frétiller en cherchant à former des mots, des phrases, des pages et des livres que nous nous évertuons d’écrire ou de lire.

Dany Laferrière - Le 1er décembre 2016
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