Cet ouvrage collectif est un régal pour les amoureux des mots, de la langue française.
Mais avant toute chose, direction l'adresse suivante www.dictionnaire-academie.fr, qui est toujours d'une très grande utilité, forcément, pour qui cherche la définition d'un mot (c'est bien là le but d'un dictionnaire), mais aussi pour connaître l'histoire d'un mot au fil de l'Histoire.
Car pour reprendre les mots d'Hélène Carrière d'Encausse : "En 1694, l'Académie française faisait au roi l'offrande de la première édition de son Dictionnaire. 325 ans plus tard, quelques années après la parution du tome III de la neuvième édition, quelques-unes avant la parution du dernier tome de cette même édition, nous sommes heureux de présenter aujourd'hui le nouveau moteur de recherche" [...] Nous nous inscrivons dans une longue histoire, mais si cette longue histoire nous permet d'avoir un intéressant recul sur la vie de notre langue, elle nous apprend aussi que ce jour n'est en rien une fin, pas plus que ne le sera d'ailleurs celui qui verra l'achèvement de la présente édition. S'il fallait emprunter une conclusion à un académicien, nous pourrions dire, parodiant Valéry, les mots, les mots toujours recommencés, puisque nous ne pouvons ni nous reposer ni dire, comme
Chateaubriand à la fin des
Mémoires d'outre-tombe, « Grâce à l'exorbitance de mes années, mon monument est achevé ». Dire l'usage, c'est accepter d'être Sisyphe et de reprendre sans fin une tâche dont on sait qu'elle ne sera jamais terminée. Mais rien ne nous interdit quelque joyeuse pause et de nous réjouir quand nous réussissons à pousser notre rocher un peu plus loin, quand nous atteignons une étape nouvelle."
Je suis donc allé sur ce dictionnaire (que j'utilise couramment) pour chercher la définition de flânerie : Action de flâner ; promenade sans but précis. Mot apparu dans ce même dictionnaire dans l'édition de 1878.
Même réflexe sur le mot flâner, résultat édition de 1878 : Se promener en musant, perdre son temps à des bagatelles. Édition de 1935 : Se promener sans but, sans hâte et sans objet déterminé ; ou Passer son temps à des bagatelles. Édition actuelle : Se promener sans but précis et à loisir, par extension : Agir sans se hâter, perdre son temps et Probablement issu de l'ancien scandinave flana, « courir çà et là ».
Et ce livre, c'est tout cela à la fois on se promène sans but précis au travers des divers textes proposés par les académiciens, il y est question d'orthographe, d'anglicismes, de l'usage ou de l'utilité de certains signes de ponctuation, d'alphabet, de mises au point sur l'utilisation de certains mots détournés de leur sens premier, etc....
On y apprend bon nombre de choses, et pour me permettre une transition on se laisse aller à rêver à la richesse de la langue française.
Car ce mot rêver a une particularité que, j'en suis sûr, peu connaissent :
"Eh bien, oui ! le mot rêver, précisément, qui, dans son sens commun d'avoir une activité onirique, a supplanté songer à partir du XVIIIe siècle, d'où vient-il ? de quelle famille linguistique est-il issu ? On l'ignore. Les lexicologues s'impatientent. Ils débusquent des étymologies pour le moins douteuses. Ils braconnent du côté du gallo-romain. Leur butin est maigre. Oserais-je dire (cela est peu scientifique, mais tant pis !) que je m'en réjouis ?J'aime ces mots venus de nulle part. J'aime ce rêve qui anime, qui hante notre inconscient, et qui est lui-même un mot rêvé, impalpable, un fantôme, une chimère – quel symbole ! Oui, il faut s'émerveiller des mots, des ombres portées du passé qu'ils véhiculent par leur musique, leur orthographe, leurs racines, mais qui parfois cadenassent leurs secrets jusqu'au silence… ou jusqu'au rêve."
La langue française recèle encore bien des mystères et c'est bien ce qui l'a rend si vivante..