Spirou et Fantasio, tome 2 : Il y a un sorcier à Champignac

A Champignac, on se veut résolument moderne, ce qui explique la présence d'un feu rouge mis en fonctionnement avant la construction d'un futur carrefour. Mais il y a plus problématique. Des cochons voient leur peau rose se teindre en un bleu artistement parsemé de taches noires. Une vache dépérit en 24 heures pour retrouver une santé éclatante en encore moins de temps. Un jeune veau devient un champion de la foire au boeuf gras, juste avant de mourir de vieillesse. Tout cela, en un jour. Les Champignaciens accusent d'abord une troupe de romanichels, mais comment expliquer que ces nomades sont responsables de l'apparition de lapins géants dans la forêt ? le vrai sorcier, c'est le comte de Champignac, vieil original qui s'adonne à l'étude des champignons. Il en extrait une substance, le X 1, qui accroît considérablement les facultés physiques. Mais ses recherches l'ayant ruiné, le comte est obligé de se produire dans des compétitions sportives, où il fait sensation. Un septuagénaire battant à la course ou sur un ring les champions au mieux de leur forme, ça fait sensation ! Et cela attire l'attention de Valentino, sorte d'al Capone à la petite semaine, qui envoie son complice Hercule sur les traces de Champignac. le but ? Subtiliser le X 1 et, fort de ses qualités, dévaliser une banque sans se voir opposer de résistance. Spirou et Fantasio, désormais amis du comte, parviendront-ils à déjouer cette machination ?

Voilà pour le résumé, bien qu'un peu long, je vous l'accorde. Mais il était nécessaire tant ce tome est une révolution dans l'univers de Spurou et Fantasio. Car voici la première grande aventure de nos deux héros.

On ne peut que constater le grand talent de Franquin, car avec cette première grande aventure, il pose les bases et les les presonnages secondaires (Duplumier, le maire ...) et principaux (le comte) d'une série qui compte 53 (bientôt 54) albums sans compter les hors séries.

Le génie de cet album tient autant à l'histoire, originale, magique, teintée d'une ambiance particulière, qu'a la mise en valeur de tous ces nouveaux personnages que l'on retrouve aujourd'hui encore avec le même plaisir !

Il est courant de dire que si ce n'est pas Franquin qui a crée Spirou, c'est Franquin qui a posé les bases de son univers. Je ne puis qu'être d'accord avec cette analyse. Et si un album est fondateur, c'est bien celui là.

Un bel album qui pose les bases d'un bel univers, et que tout fan de Spirou se doit de posséder.

Beauté des années « Champignac-sur-Franquin » (Oh, pardon ! Je voulais parler du charmant village wallon de Champignac-en-Cambrousse)... Ce bon baron DE Champignac règne en maître entre les murs de sa propriété : son château aux murs roses (improbables) & murailles d'enceinte (croulantes), ses champignons hallucinogènes à fumerolles (suspectes), sans parler de l'arrivée prochaine du — divin — marsupilami (Houbaa... Grrôôôô !) puis du très-bête-et-méchant Zorglub (Eviv Bulgroz !). Bref : la fraîcheur, la poésie... Malgré la (relative) maladresse du trait, l'annonce des chefs d'oeuvre graphiques et humoristiques futurs : "Spirou et les héritiers", "La mauvaise tête", "Le nid des marsupilamis" (Ah, cette chère Seccotine, journaleuse/fouineuse de nos coeurs attendris !), "Le voleur de marsupilami" (finalement pas si loin de... "Le voleur de bicyclette" de Vittorio DE SICA : la silhouette de son "voleur honnête"... ), "Le repaire de la murène", "Le dictateur et le champignon", "Z comme Zorglub", "QRN sur Bretzelbourg", "Panade à Champignac" (qui incluera le désopilant "Bravo les Brothers", un long récit mêlant l'univers de "Spi" & "Fanta" à celui de Gaston & Prunelle)... A re-déguster sans modération !

Et je porte un regard fier là où la main de l'homme n'a jamais mis le pied... Cette phrase restera à jamais gravée dans ma mémoire. Phrase du maire de Champignac, un des personnages-clés de cet épisode.

Franquin impose un microcosme attachant et tout à fait original pour ce deuxième tome. Un village que ne désavouerait pas Stéphane Bern... Et des personnages hauts en couleur, croqués à un point tel qu'on pense les avoir croisés un jour. Au rang desquels on placera Pacôme, le "sorcier" de Champignac... La France profonde et attachante.

L'intrigue se déroule sans heurts, efficace, servie par des gags plus désopilants les uns que les autres et non dénuée de poésie.