Une lutte féroce entre le Bien et le Mal … Lequel triomphera ?
Lorsque j'ai tenu entre mes mains le roman de
Philomène Frébault, j'ai pris une grande respiration. Je suis plutôt une adepte des romans assez courts, des histoires incisives qui ne vous laissent, pour ainsi dire, pas le temps de vous distraire de leur éventuel envoûtement. J'ai donc embarqué pour un voyage de quelques 475 pages, presque timidement.
Je ne regrette rien, bien au contraire.
Ce récit captivant m'a tenue en haleine du début à la fin et m'a profondément impressionnée. J'ai plongé la tête la première dans la vie de Xiong Xuan, cet enfant blessé parvenu à devenir le chef incontesté et impitoyable de « la plus puissante organisation criminelle de ce siècle, regroupant toutes les triades chinoises, issues d'une société secrète apparue au XVIIème siècle, autrement dit la mafia chinoise d'aujourd'hui », comme nous le précise l'auteure. Tout se raconte à la première personne. « le maître du monde », de nationalité chinoise, multimillionnaire, se livre à une étonnante introspection, avec une honnêteté sans failles ; il nous révèle tout, même ce qui se trame en ses zones d'ombre les plus sombres : les drames vécus durant sa jeunesse, quand son frère jumeau Wen et lui étaient maltraités par leur père, les désirs de vengeance qui l'ont conduit à devenir cruel, violent, implacable, vide de tout sentiment de compassion, empli de haine, privé de toute possibilité d'amour ; ses manigances et les atrocités qui en ont été les fruits vénéneux … même et surtout vis-à-vis de Bornéo, son neveu adoptif, l'incarnation du bien, « un être pétri de gentillesse, d'amour, d'empathie et de générosité », qu'il a atrocement persécuté jusqu'à ce que … Je ne vous en dirai pas plus, je vous laisse découvrir, être surpris, vous demander qui est vraiment Bornéo, pourquoi il s'obstine à aimer Xiong Xuan, au-delà des horreurs qu'il lui fait subir.
Page 292, le maître du monde nous dit « Que l'on me déteste ou que l'on me haïsse, peu m'importe. Je n'attends pas de pardon de quiconque : j'ai juste voulu me décharger du lourd poids qui pesait sur mon coeur. Je ne me serais jamais cru capable d'avouer mes actes infâmes, pas même à des feuilles de papier vides de conscience et de sentiments. Avant d'écrire cette autobiographie, je me suis mûrement interrogé. Devais-je courir le risque d'écrire ma vie ? Mais je ne cessais d'entendre une voix intérieure qui m'exhortait :
Écris-le. »
Alors je vous exhorte : Lisez-le !
Vous n'oublierez jamais cette approche éclairée et intelligente de la culture chinoise, dont l'auteure connait indubitablement la langue, cette incursion vertigineuse au sein du monde dur et pervers du crime organisé, cette analyse psychologique saisissante d'un parcours initiatique parsemé de suspense et d'embûches où vous saurez si, au bout du compte, un criminel peut ou non changer et rejoindre une voie différente de celle du talion et du ressentiment, dépasser la rancoeur, oublier l'ombre pour la lumière, et trouver la rédemption.
L'écriture est fluide, claire, riche et prenante, et saura vous séduire, j'en suis certaine. J'adresse toutes mes félicitations à
Philomène Frébault pour ce premier roman, annonciateur d'un vrai don d'écrivaine.
Merci pour ce plaisir de lecture.