AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,04

sur 101 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une histoire d'adultère. Un homme et une femme avec une grande différence d'âge ou comment descendre aux enfers et résoudre un dilemme familial au travers des mots et de la manipulation mentale.

Émilie est romancière mariée à un chirurgien, juive et lutte à sa manière contre l'antisémitisme. Benoît Parent est un écrivain-journaliste connu du tout-paris antipathique à souhait et antisémite. Il va la manipuler, l'humilier. Elle gâche sa vie à ne pouvoir se dégager de son emprise. Pourquoi?
L'intrigue du roman d'Emilie Frèche tourne autour de l'analyse de l'attraction fatale et destructrice entre deux êtres que tout oppose. Mais ici pas de scènes de sexe; je dirais seulement de l'emprise psychologique. Si en littérature comme au cinéma bon nombre d'histoires ont tourné autour du sujet de l'adultère, celle-ci bien que classique présente un intérêt non pas à mon avis du contenu (hormis le sujet de l'antisémitisme en France) mais de la narration elle-même.
L'histoire est certes lente à se mettre en place. Mais les divers éléments de l'intrigue une fois posés, le lecteur est immergé dans l'analyse des sentiments, des rapports de force entre soumission-domination, revirements de situation avec en filigrane la question du pouvoir des mots, du rôle de l'écriture. Tout ceci avec une finesse psychologique évidente.
Mon sentiment reste néanmoins mitigé après avoir lu ce livre. Peut-être un livre inégal? Un livre tout de même très personnel et hypnotique.
Commenter  J’apprécie          60
Autant le dire tout de suite, ce livre présente une intrigue pour ainsi dire nulle. En gros, une femme écrivain – Emilie Frèche elle-même – est mariée depuis plus de 15 ans au même homme. Ils ont ensemble deux filles et chose assez rare après 15 ans de mariage, ils sont encore heureux ensemble ! Mais voilà, un jour Emilie rencontre un homme dangereux, un autre écrivain, qui va la plonger dans une obsession destructrice. Pour le côté ragot people chez les écrivains, cet homme dangereux serait l'écrivain Patrick Besson, avec qui Emilie Frèche règle ses comptes durant l'ouvrage. Voilà, c'est dit, les rumeurs sont écrites !

Des histoires d'adultère, il y en a des TONNES dans la littérature, et celle-ci est franchement banale voire chiante, pour le dire vulgairement. Ce n'est donc certainement pas pour cela que je recommanderais ce livre. En revanche, ce livre a réussi à me convaincre de quelque chose que je savais déjà, mais que probablement je refusais de voir en face : la densité de l'antisémitisme en France !

Emilie Frèche est juive, son mari est juif, bref sa famille est juive. L'homme dangereux qu'elle rencontre, appelé Benoît Parent dans le livre (mais Patrick Besson dans la réalité, si vous avez bien suivi), ne l'est pas. Jusque-là, rien de dingue. Sauf que l'air de rien, le petit Benoît, ça le dérange cette judaïté, il ne peut pas s'empêcher d'en parler et de dire des phrases complètement folles auxquelles j'imagine nous nous sommes habituées en France : « J'adore les juives / Allez rigole, on m'a dit que les juifs avaient de l'humour… ». Dis comme ça, ça paraît anodin car nous sommes censés pouvoir rire de tout ; Seulement voilà, à quel moment un comportement devient limite ? le Benoit Parent, il ne paye jamais rien avec la petite Emilie, il la laisse toujours sortir sa carte parce que bon, on ne va pas se mentir, les juifs sont blindés… Et puis, il n'est pas étonné que son mari soit chirurgien, parce que bon, les juifs font tous des professions libérales qui rapportent un max… Et tout est à l'avenant ! En gros, qu'on veuille le reconnaître ou non, en France, on se pose la question de la judaïté de quelqu'un dès qu'on entend son nom, qu'on le voit bronzé en Rolex, ou intellectuel de gauche avec un nom à résonnance de l'Est… Pourquoi ? Je ne sais pas. Les écoles juives et les synagogues sont cernées de flics et l'on ne s'en offusque pas, pourtant cela signifie bien que les juifs de France ne vivent pas dans les mêmes conditions de sécurité que nous. Qu'on le veuille ou non, en tolérant cette situation, on se fait les garants de cet antisémitisme plus ou moins latent.

Je me suis alors interrogée sur ma propre conduite, loin d'être exemplaire. J'ai toujours été jalouse des personnes juives car j'ai toujours rêvé dans le fond d'être juive. Il y a un truc dans le jaudaïsme qu'Emilie Frèche explique très bien : les gens sont jaloux ou envieux des juifs car ils pensent que le peuple « élu » reflèterait une préférence du Grand Créateur. Or, être juif, ce n'est pas une préférence donnée, mais une responsabilité qui incombe : celle de faire perdurer le judaïsme en dépit de ce qui peut se passer. En fait, être juif, c'est lourd à porter, et ça, j'en suis convaincue. Depuis plusieurs années maintenant, je ne sors qu'avec des juifs, jusqu'à mon mari – juif également – que j'ai épousé. Evidemment, j'étais jalouse de ne pas pouvoir en faire partie. Et puis mon mari est arrivé et j'ai mesuré l'ampleur de ce qu'était être juif en France. Comme beaucoup de d'ashkénazes, sa famille est traumatisée de la Shoah. A tel point qu'ils en ont perdu leur pratique récurrente, et que mon mari et son frère ont été élevés dans des écoles catholiques. Et tant d'autres choses que je ne peux pas écrire car Tom la Patate ne le supporterait pas. J'ai compris qu'il y avait eu tant de traumatismes que même certains juifs n'osaient plus être juifs, que l'état de merde de notre pays face à cette religion avait complètement décalqué sur la perception de Tom la Patate sur ses propres origines. Il parvient à se déclarer « juif », même s'il se sent obligé d'ajouter « non pratiquant », parce qu'en France, de toutes les façons, être pratiquant, (de quelque religion que ce soit) c'est MAL.

Quel est l'intérêt de ce laïus ? Aucun, si ce n'est vous raconter ma vie direz-vous ? Oui, sûrement, je suis de toutes façons hyper narcissique ! Mais au-delà de tout cela : cela m'interroge : ne sommes-nous pas en vrai un peu antisémites en France ? N'avons-nous pas, au nom du conflit israélo-palestinien, pris parti pour une communauté au détriment d'une autre, comme si on pouvait transposer ce qui se passe à des milliers de kilomètres ici ? Est-ce que toute ma vie les gens penseront que mon fils est juif avec un drôle d'air parce que son nom est juif ?

On avait envisagé d'appeler notre fils Jacob. Notre entourage nous a dit que Jacob, ça faisait vraiment trop juif, et comme une conne, ça a résonné comme un argument chez moi. Un argument pour ne pas le faire, alors que Jacob est un prénom magnifique. Et finalement, est-ce si grave de résonner juif, musulman, ou catho ? J'en sais rien, je n'ai pas la réponse. Aujourd'hui, je résonne grecque et je ne suis pas certaine que cela soit mieux.

Quoiqu'il en soit, si vous voulez vous interroger sur votre rapport aux juifs de France, vous pouvez lire ce navet qui aura au moins – et c'est sérieusement non négligeable – réussi à interroger son lecteur sur sa position face à cette question.


Jo la Frite


Autant le dire tout de suite, ce livre présente une intrigue pour ainsi dire nulle. En gros, une femme écrivain – Emilie Frèche elle-même – est mariée depuis plus de 15 ans au même homme. Ils ont ensemble deux filles et chose assez rare après 15 ans de mariage, ils sont encore heureux ensemble ! Mais voilà, un jour Emilie rencontre un homme dangereux, un autre écrivain, qui va la plonger dans une obsession destructrice. Pour le côté ragot people chez les écrivains, cet homme dangereux serait l'écrivain Patrick Besson, avec qui Emilie Frèche règle ses comptes durant l'ouvrage. Voilà, c'est dit, les rumeurs sont écrites !

Des histoires d'adultère, il y en a des TONNES dans la littérature, et celle-ci est franchement banale voire chiante, pour le dire vulgairement. Ce n'est donc certainement pas pour cela que je recommanderais ce livre. En revanche, ce livre a réussi à me convaincre de quelque chose que je savais déjà, mais que probablement je refusais de voir en face : la densité de l'antisémitisme en France !

Emilie Frèche est juive, son mari est juif, bref sa famille est juive. L'homme dangereux qu'elle rencontre, appelé Benoît Parent dans le livre (mais Patrick Besson dans la réalité, si vous avez bien suivi), ne l'est pas. Jusque-là, rien de dingue. Sauf que l'air de rien, le petit Benoît, ça le dérange cette judaïté, il ne peut pas s'empêcher d'en parler et de dire des phrases complètement folles auxquelles j'imagine nous nous sommes habituées en France : « J'adore les juives / Allez rigole, on m'a dit que les juifs avaient de l'humour… ». Dis comme ça, ça paraît anodin car nous sommes censés pouvoir rire de tout ; Seulement voilà, à quel moment un comportement devient limite ? le Benoit Parent, il ne paye jamais rien avec la petite Emilie, il la laisse toujours sortir sa carte parce que bon, on ne va pas se mentir, les juifs sont blindés… Et puis, il n'est pas étonné que son mari soit chirurgien, parce que bon, les juifs font tous des professions libérales qui rapportent un max… Et tout est à l'avenant ! En gros, qu'on veuille le reconnaître ou non, en France, on se pose la question de la judaïté de quelqu'un dès qu'on entend son nom, qu'on le voit bronzé en Rolex, ou intellectuel de gauche avec un nom à résonnance de l'Est… Pourquoi ? Je ne sais pas. Les écoles juives et les synagogues sont cernées de flics et l'on ne s'en offusque pas, pourtant cela signifie bien que les juifs de France ne vivent pas dans les mêmes conditions de sécurité que nous. Qu'on le veuille ou non, en tolérant cette situation, on se fait les garants de cet antisémitisme plus ou moins latent.

Je me suis alors interrogée sur ma propre conduite, loin d'être exemplaire. J'ai toujours été jalouse des personnes juives car j'ai toujours rêvé dans le fond d'être juive. Il y a un truc dans le jaudaïsme qu'Emilie Frèche explique très bien : les gens sont jaloux ou envieux des juifs car ils pensent que le peuple « élu » reflèterait une préférence du Grand Créateur. Or, être juif, ce n'est pas une préférence donnée, mais une responsabilité qui incombe : celle de faire perdurer le judaïsme en dépit de ce qui peut se passer. En fait, être juif, c'est lourd à porter, et ça, j'en suis convaincue. Depuis plusieurs années maintenant, je ne sors qu'avec des juifs, jusqu'à mon mari – juif également – que j'ai épousé. Evidemment, j'étais jalouse de ne pas pouvoir en faire partie. Et puis mon mari est arrivé et j'ai mesuré l'ampleur de ce qu'était être juif en France. Comme beaucoup de d'ashkénazes, sa famille est traumatisée de la Shoah. A tel point qu'ils en ont perdu leur pratique récurrente, et que mon mari et son frère ont été élevés dans des écoles catholiques. Et tant d'autres choses que je ne peux pas écrire car Tom la Patate ne le supporterait pas. J'ai compris qu'il y avait eu tant de traumatismes que même certains juifs n'osaient plus être juifs, que l'état de merde de notre pays face à cette religion avait complètement décalqué sur la perception de Tom la Patate sur ses propres origines. Il parvient à se déclarer « juif », même s'il se sent obligé d'ajouter « non pratiquant », parce qu'en France, de toutes les façons, être pratiquant, (de quelque religion que ce soit) c'est MAL.

Quel est l'intérêt de ce laïus ? Aucun, si ce n'est vous raconter ma vie direz-vous ? Oui, sûrement, je suis de toutes façons hyper narcissique ! Mais au-delà de tout cela : cela m'interroge : ne sommes-nous pas en vrai un peu antisémites en France ? N'avons-nous pas, au nom du conflit israélo-palestinien, pris parti pour une communauté au détriment d'une autre, comme si on pouvait transposer ce qui se passe à des milliers de kilomètres ici ? Est-ce que toute ma vie les gens penseront que mon fils est juif avec un drôle d'air parce que son nom est juif ?

On avait envisagé d'appeler notre fils Jacob. Notre entourage nous a dit que Jacob, ça faisait vraiment trop juif, et comme une conne, ça a résonné comme un argument chez moi. Un argument pour ne pas le faire, alors que Jacob est un prénom magnifique. Et finalement, est-ce si grave de résonner juif, musulman, ou catho ? J'en sais rien, je n'ai pas la réponse. Aujourd'hui, je résonne grecque et je ne suis pas certaine que cela soit mieux.

Quoiqu'il en soit, si vous voulez vous interroger sur votre rapport aux juifs de France, vous pouvez lire ce navet qui aura au moins – et c'est sérieusement non négligeable – réussi à interroger son lecteur sur sa position face à cette question.


Jo la Frite


Autant le dire tout de suite, ce livre présente une intrigue pour ainsi dire nulle. En gros, une femme écrivain – Emilie Frèche elle-même – est mariée depuis plus de 15 ans au même homme. Ils ont ensemble deux filles et chose assez rare après 15 ans de mariage, ils sont encore heureux ensemble ! Mais voilà, un jour Emilie rencontre un homme dangereux, un autre écrivain, qui va la plonger dans une obsession destructrice. Pour le côté ragot people chez les écrivains, cet homme dangereux serait l'écrivain Patrick Besson, avec qui Emilie Frèche règle ses comptes durant l'ouvrage. Voilà, c'est dit, les rumeurs sont écrites !

Des histoires d'adultère, il y en a des TONNES dans la littérature, et celle-ci est franchement banale voire chiante, pour le dire vulgairement. Ce n'est donc certainement pas pour cela que je recommanderais ce livre. En revanche, ce livre a réussi à me convaincre de quelque chose que je savais déjà, mais que probablement je refusais de voir en face : la densité de l'antisémitisme en France !

Emilie Frèche est juive, son mari est juif, bref sa famille est juive. L'homme dangereux qu'elle rencontre, appelé Benoît Parent dans le livre (mais Patrick Besson dans la réalité, si vous avez bien suivi), ne l'est pas. Jusque-là, rien de dingue. Sauf que l'air de rien, le petit Benoît, ça le dérange cette judaïté, il ne peut pas s'empêcher d'en parler et de dire des phrases complètement folles auxquelles j'imagine nous nous sommes habituées en France : « J'adore les juives / Allez rigole, on m'a dit que les juifs avaient de l'humour… ». Dis comme ça, ça paraît anodin car nous sommes censés pouvoir rire de tout ; Seulement voilà, à quel moment un comportement devient limite ? le Benoit Parent, il ne paye jamais rien avec la petite Emilie, il la laisse toujours sortir sa carte parce que bon, on ne va pas se mentir, les juifs sont blindés… Et puis, il n'est pas étonné que son mari soit chirurgien, parce que bon, les juifs font tous des professions libérales qui rapportent un max… Et tout est à l'avenant ! En gros, qu'on veuille le reconnaître ou non, en France, on se pose la question de la judaïté de quelqu'un dès qu'on entend son nom, qu'on le voit bronzé en Rolex, ou intellectuel de gauche avec un nom à résonnance de l'Est… Pourquoi ? Je ne sais pas. Les écoles juives et les synagogues sont cernées de flics et l'on ne s'en offusque pas, pourtant cela signifie bien que les juifs de France ne vivent pas dans les mêmes conditions de sécurité que nous. Qu'on le veuille ou non, en tolérant cette situation, on se fait les garants de cet antisémitisme plus ou moins latent.

Je me suis alors interrogée sur ma propre conduite, loin d'être exemplaire. J'ai toujours été jalouse des personnes juives car j'ai toujours rêvé dans le fond d'être juive. Il y a un truc dans le jaudaïsme qu'Emilie Frèche explique très bien : les gens sont jaloux ou envieux des juifs car ils pensent que le peuple « élu » reflèterait une préférence du Grand Créateur. Or, être juif, ce n'est pas une préférence donnée, mais une responsabilité qui incombe : celle de faire perdurer le judaïsme en dépit de ce qui peut se passer. En fait, être juif, c'est lourd à porter, et ça, j'en suis convaincue. Depuis plusieurs années maintenant, je ne sors qu'avec des juifs, jusqu'à mon mari – juif également – que j'ai épousé. Evidemment, j'étais jalouse de ne pas pouvoir en faire partie. Et puis mon mari est arrivé et j'ai mesuré l'ampleur de ce qu'était être juif en France. Comme beaucoup de d'ashkénazes, sa famille est traumatisée de la Shoah. A tel point qu'ils en ont perdu leur pratique récurrente, et que mon mari et son frère ont été élevés dans des écoles catholiques. Et tant d'autres choses que je ne peux pas écrire car Tom la Patate ne le supporterait pas. J'ai compris qu'il y avait eu tant de traumatismes que même certains juifs n'osaient plus être juifs, que l'état de merde de notre pays face à cette religion avait complètement décalqué sur la perception de Tom la Patate sur ses propres origines. Il parvient à se déclarer « juif », même s'il se sent obligé d'ajouter « non pratiquant », parce qu'en France, de toutes les façons, être pratiquant, (de quelque religion que ce soit) c'est MAL.

Quel est l'intérêt de ce laïus ? Aucun, si ce n'est vous raconter ma vie direz-vous ? Oui, sûrement, je suis de toutes façons hyper narcissique ! Mais au-delà de tout cela : cela m'interroge : ne sommes-nous pas en vrai un peu antisémites en France ? N'avons-nous pas, au nom du conflit israélo-palestinien, pris parti pour une communauté au détriment d'une autre, comme si on pouvait transposer ce qui se passe à des milliers de kilomètres ici ? Est-ce que toute ma vie les gens penseront que mon fils est juif avec un drôle d'air parce que son nom est juif ?

On avait envisagé d'appeler notre fils Jacob. Notre entourage nous a dit que Jacob, ça faisait vraiment trop juif, et comme une conne, ça a résonné comme un argument chez moi. Un argument pour ne pas le faire, alors que Jacob est un prénom magnifique. Et finalement, est-ce si grave de résonner juif, musulman, ou catho ? J'en sais rien, je n'ai pas la réponse. Aujourd'hui, je résonne grecque et je ne suis pas certaine que cela soit mieux.

Quoiqu'il en soit, si vous voulez vous interroger sur votre rapport aux juifs de France, vous pouvez lire ce navet qui aura au moins – et c'est sérieusement non négligeable – réussi à interroger son lecteur sur sa position face à cette question.


Jo la Frite









Lien : http://coincescheznous.unblo..
Commenter  J’apprécie          60
Jusqu'où est-on prêts à aller par amour ? A quoi pourrait-on renoncer ? Voila les questions posées après la lecture de ce roman...
D'ailleurs, est-ce vraiment un roman ? On pourrait être tenté d'y voir une autobiographie tant les éléments de la narration évoquent le réel. On se demande s'il s'agit réellement d'un hasard : la narratrice se prénomme Emilie comme l'auteur, elle évoque une émission de télé où elle est apparue.
Le "roman" nous impose voyeurs d'une histoire de manipulation amoureuse, d'un avilissement de la femme face à l'amant antisémite, radin, détestable. C'est finalement le seul fait que le doute soit permis, et qu'il suppose que l'auteur nous fait peur d'un déballage sentimental personnel, qui m'a dérangée. J'ai eu la sensation d'être le témoin (in)volontaire d'une histoire un peu sordide, j'ai détesté me voir en train de spéculer sur l'identité de cet amant (juré de prix littéraire, critique dans un journal) comme si j'étais surprise à lire un magazine people dans une salle d'attente !
A mon sens, cette histoire de femme piégée est universelle et j'ai vraiment apprécié les qualités narratives d'Emilie Frèche (profondeur du propos, style fluide, etc) mais la sensation de m'immiscer dans une histoire presque impudique m'a un peu gênée.
Commenter  J’apprécie          40
Au moins madame Bovary n'était pas tombée amoureuse 10 jours après avoir rencontré ses amants puisqu'elle les avait repoussés. Il semblerait que dans la fiction autofictive d'Émilie Frèche, son addiction à un homme nommé Benoît Parent et qui ne fait aucun doute que son vrai nom est Patrick Besson, est beaucoup plus réactive que la cocaïne. Seuls les adolescentes et les adolescents peuvent prétendre à tomber amoureux dans l'heure ou en l'espace d'une semaine. Mais, une femme qui arrive à la quarantaine, peut-elle régresser vers ce genre d'enfantillage ?
On assiste sur un fond antisémite vers la dégringolade d'une femme mariée, qui a un mari aimant, compréhensif, dans un enfermement sentimental qu'elle ne contrôle pas. Comme si elle avait 15 ans. Et pour couronner le tout, cet homme antisémite aime les Juives, ce qu'elle est.
C'est une histoire à dormir comme les chevaux. Une histoire, certes sur fond juif, mais une histoire d'adultère non consommé. Une histoire qui m'interpelle quant au séjour d'un hôtel miteux après la mise au cimetière de Pierre… Non, mais l'autre, il lui dit, « je reviens dans cinq minutes » et, elle, elle l'attend pendant quarante-huit heures, sans bouger de la chambre, pour s'entendre dire par son mari, quand elle rentre enfin chez elle, que le vieillard de 60 ans n'arrivait pas à bander ?
En deuxième partie de la fiction, car c'est bien comme ça que je vois le roman, parce que c'est improbable de tomber amoureux d'une personne au bout de dix jours, alors fallait-il qu'elle veuille se pénétrer de son talent d'écrivain et que toute la première partie où elle se pose en victime n'est que tricherie pour s'emparer de son talent d'écrivain. Cherchez l'erreur. On se demande qui se sert de l'autre ?
Les trois étoiles, bien que cette histoire ne m'ait guère convaincu, vient du fait que j'ai aimé son style assez riche et travaillé, au contraire de Delphine de Vagin (pardon, De Vigan) ou de Frank Musso. (Ah, non c'est Guillaume Musso ! Décidemment je ne m'y ferai jamais avec leur nom !) Je suis très sensible au style d'écriture. Je n'aime pas le style minimaliste, comme l'abreuve les écrivains américains… peut-être que cela vient de mes lectures classiques.
Ma critique ne doit surtout pas empêcher la lecture de ce roman, qui est au point de vue stylistique simple, mais bien écrit. Après, l'histoire, on aime ou on n'aime pas.
Cela est ma critique sur Babelio. Chacun sait où se trouve son plaisir et aucune critique ne sera jamais objective si les lecteurs aiment ce qu'ils lisent. (Putain, mais elle est débile cette citation !) Tant pis, je la garde.
Commenter  J’apprécie          30
Où s'arrête la réalité, où commence la fiction ? Voilà toute la question qui m'a accompagnée au cours de la lecture de ce roman qui se présente comme une mise en abîme de la vie de la romancière. En choisissant une héroïne homonyme, en mettant en scène une femme au parcours professionnel proche du sien, Emilie Frèche fait clairement le choix de jouer avec son lecteur et de tromper l'adversaire.

J'avoue avoir du mal à savoir si j'ai apprécié ce roman ou non. Dans l'ensemble, je dirai plutôt oui, mais il n'ira clairement pas dans le top de l'année. Il y a dans ce roman deux univers qui viennent se croiser, deux thématiques qui auraient, l'une comme l'autre, méritées plus d'attention, plus de temps, quitte à faire une énorme saga...

D'un côté, l'héroïne, double de l'auteur, tombe entre les filets d'un homme contre qui tout son entourage la met en garde. L'homme est connu dans le milieu littéraire et culturel parisien pour être une sorte de manipulateur, peut-être pourrions-nous même parler d'une sorte de pervers narcissique qui tente de séduire pour se prouver qu'il en est encore capable. de l'autre, cet homme, antisémite et le revendiquant, va raviver chez l'héroïne, juive, l'histoire de sa grand-mère... Et les secrets de famille vont resurgir encore plus fortement...

Qu'il s'agisse de la relation nocive ou de l'histoire de famille, les deux sujets sont fortement intéressants. On sent un talent réel de l'auteur pour les traiter, mais en voulant tout mettre dans un roman de moins de 300 pages, l'ensemble perd clairement en intensité... Sans compter l'aspect un poil parisianiste de cette héroïne qui fréquente le petit monde culturel de la rive gauche... Voilà de quoi me mettre sur la réserve...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
Commenter  J’apprécie          30
Très partagé : une écriture simple, un texte prenant avec des mots justes, forts, poignants offrant une lecture haletante. Mais au-delà ? Fiction ou réalité ? Qui est l'écrivain, qui est la narratrice ? Qu'importe, peut-être... Mais comme un étrange sentiment de se retrouver dans la peau d'un voyeur devant une vie, face à des des personnages qui vivent dans un monde à part. Si le thème de l'antisémitisme apporte un regard nouveau, reste tout de même l'amère impression de lire un énième roman état d'âme d'une nantie du microcosme littéraire Parisien.
Commenter  J’apprécie          30
Ce qui m'a plu : * le style, l'écriture qui coule, nous enchaîne aux pas de la narratrice très rapidement et transforme certaines scènes en véritable thriller psychologique.
* le fait que la narratrice utilise l'écriture comme une arme contre son séducteur, même si le résultat est finalement peu probant. Cela me rappelle le très beau texte de Léo Ferré "les armes" mis en musique par Noir Désir.
* l'auteure, à la fois, ancre son récit dans l'actualité la plus récente (les attentats contre Charlie) et et le rattache de manière essentielle, à ses "casseroles" familiales.
Ce qui m'a déplu : * l'ambiguïté de la situation narrative : réalité ou fiction ? Se donne-t-elle le beau rôle ? est-il utile d'aller chercher qui sont ces personnages qui ne paraissent pas fictifs ?
* l'impression d'avoir été mis dans la position du voyeur par ce jeu de vraie fiction ou de fictive réalité.
* que cherche exactement la narratrice auprès de cet homme dangereux ? il n'est pas séduisant, il ne couche pas, il joue avec elle... Comment s'y attache-t-elle aussi vite ?
* sans rien révéler de la fin, la dernière scène avec ce salaud intégral.
En bref, un roman, je pense, qui ne laisse pas indifférent et fait réfléchir sur de grands thèmes comme l'usure du couple, l'ambition, la perversité de certains rapports humains...
Commenter  J’apprécie          20
C'est un roman quelque peu troublant, où l'on se retrouve face à une histoire d'amour malsaine, un homme qu'il n'aurait jamais fallu rencontrer. Emilie tombe dans le piège, alors qu'elle savait...
Le livre est un peu oppressant car on comprend qu'Emilie s'enfonce dans cette relation et quand bien même elle veut en sortir, c'est pour mieux retomber dedans... Mais c'est aussi cela qui fait qu'on a envie de finir le livre avec impatience, comprendre quelle sera la finalité.
Commenter  J’apprécie          10
Tomber amoureux, c'est magique, c'est beau, c'est avoir les papillon dans le ventre et les yeux qui pétillent...
Mais c'est aussi se mettre en danger. On se découvre, se dévoile face l'autre. On prend des risques, on ose, on se laisse entraîner dans l'aventure.
Mais jusqu'où ?
C'est la principale réflexion de ce livre.
Et quand en plus, c'est son amant et non "l'officiel", la situation se corse.
La fidélité est une question d'avis personnel, de vécu, de caractère. C'est aussi un sujet qui m'a toujours poser beaucoup de questions : comment on arrive-t-on à ça ? Qu'est-ce qui nous y amène ? Peut-on aimer deux personnes en même temps ?
Si ce roman livre quelques réponses à ce sujet, j'aurai aimé connaître la position du mari.
Mais le point important de ce livre est que c'est une introspection de l'auteur elle-même, un genre de journal intime dont on découvre la finalité en toute fin.
Le passé en filigramme dans un premier temps, prend une part beaucoup plus importante à la fin de l'ouvrage.
Est-il (le passé) un moyen de répondre à certaines questions de son existence ? Nos décisions actuelles et futures sont-elles intrinsèquement liées à notre passé ?
Je crois que la réponse appartient surtout à chacun...
Lien : http://ce-livres-et-fourneau..
Commenter  J’apprécie          10
Son amant est un pervers narcissique dont elle n'arrive pas à se séparer. Elle est juive et lui antisémite. Elle est accro à lui malgré sa haine des juifs, ses propos blessants, la façon dont il la traite... Comment peut-on rester avec un homme comme ça ? Là est toute la question.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (217) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3675 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}