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EAN : 9782234079984
161 pages
Stock (19/08/2015)
3.04/5   100 notes
Résumé :
« Maintenant que tu as vraiment quitté ton mari, on va pouvoir parler. Je veux que tu deviennes ma femme. Je t'aime, je veux vivre avec toi, mais avant, il faut que tu laisses tes enfants. Pardon ? Je suis sérieux. Il faut que tu les laisses à leur père, je te dis ça pour leur bien. Elles seront très heureuses avec lui ; ils partiront vivre en Israël, ce sera beaucoup plus simple, et tu iras leur rendre visite pour les vacances. T'es complètement malade. Tu sais bi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,04

sur 100 notes
A croire qu'on me manipule… En quelques mois c'est la troisième fois qu'une histoire de pervers narcissique m'arrive entre les mains. Trois fois où, de surcroît, le sujet est évoqué à travers une autofiction où l'auteur se met en scène, baladant son lecteur désorienté entre fantasme et réalité.

Le rapprochement s'arrêtera là néanmoins. Car si chacun dans leur genre les derniers romans d'Eric Reinhardt ou Delphine de Vigan peuvent offrir matière à réflexion, celui d'Emilie Frèche tient seulement du déballage ordinaire, égocentrique et inconsistant, manifestement destiné à exorciser une épreuve personnelle que l'on pressent douloureuse, évidemment. Mais de scènes improbables en postures ambiguës, la romancière-héroïne engendre à mon sens plus d'agacement que d'intérêt ou de compassion. Ses interventions médiatiques découvertes à posteriori ne me l'ont d'ailleurs pas rendue plus attachante, loin s'en faut.

Médiocre règlement de comptes à la sauce bobo donc, vite lu et aussi vite oublié.

L'on avance ici et là que le pervers évoqué ne serait autre que l'écrivain-journaliste Patrick Besson. Vrai ou faux, on s'en fout plutôt, mais j'aime bien les mots d'Eric Chevillard à ce propos :
« Un Homme dangereux, le livre en forme de règlement de comptes qu'Emilie Frèche consacre à sa liaison avec Patrick Besson […] est malgré tout d'une tragique nullité. Un vrai fléau littéraire ce Besson. Il ne lui suffit pas d'écrire des livres calamiteux, il faut encore qu'il en inspire d'aussi mauvais ».

C'est pas moi qui l'ai dit…



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Autant le dire tout de suite, ce livre présente une intrigue pour ainsi dire nulle. En gros, une femme écrivain – Emilie Frèche elle-même – est mariée depuis plus de 15 ans au même homme. Ils ont ensemble deux filles et chose assez rare après 15 ans de mariage, ils sont encore heureux ensemble ! Mais voilà, un jour Emilie rencontre un homme dangereux, un autre écrivain, qui va la plonger dans une obsession destructrice. Pour le côté ragot people chez les écrivains, cet homme dangereux serait l'écrivain Patrick Besson, avec qui Emilie Frèche règle ses comptes durant l'ouvrage. Voilà, c'est dit, les rumeurs sont écrites !

Des histoires d'adultère, il y en a des TONNES dans la littérature, et celle-ci est franchement banale voire chiante, pour le dire vulgairement. Ce n'est donc certainement pas pour cela que je recommanderais ce livre. En revanche, ce livre a réussi à me convaincre de quelque chose que je savais déjà, mais que probablement je refusais de voir en face : la densité de l'antisémitisme en France !

Emilie Frèche est juive, son mari est juif, bref sa famille est juive. L'homme dangereux qu'elle rencontre, appelé Benoît Parent dans le livre (mais Patrick Besson dans la réalité, si vous avez bien suivi), ne l'est pas. Jusque-là, rien de dingue. Sauf que l'air de rien, le petit Benoît, ça le dérange cette judaïté, il ne peut pas s'empêcher d'en parler et de dire des phrases complètement folles auxquelles j'imagine nous nous sommes habituées en France : « J'adore les juives / Allez rigole, on m'a dit que les juifs avaient de l'humour… ». Dis comme ça, ça paraît anodin car nous sommes censés pouvoir rire de tout ; Seulement voilà, à quel moment un comportement devient limite ? le Benoit Parent, il ne paye jamais rien avec la petite Emilie, il la laisse toujours sortir sa carte parce que bon, on ne va pas se mentir, les juifs sont blindés… Et puis, il n'est pas étonné que son mari soit chirurgien, parce que bon, les juifs font tous des professions libérales qui rapportent un max… Et tout est à l'avenant ! En gros, qu'on veuille le reconnaître ou non, en France, on se pose la question de la judaïté de quelqu'un dès qu'on entend son nom, qu'on le voit bronzé en Rolex, ou intellectuel de gauche avec un nom à résonnance de l'Est… Pourquoi ? Je ne sais pas. Les écoles juives et les synagogues sont cernées de flics et l'on ne s'en offusque pas, pourtant cela signifie bien que les juifs de France ne vivent pas dans les mêmes conditions de sécurité que nous. Qu'on le veuille ou non, en tolérant cette situation, on se fait les garants de cet antisémitisme plus ou moins latent.

Je me suis alors interrogée sur ma propre conduite, loin d'être exemplaire. J'ai toujours été jalouse des personnes juives car j'ai toujours rêvé dans le fond d'être juive. Il y a un truc dans le jaudaïsme qu'Emilie Frèche explique très bien : les gens sont jaloux ou envieux des juifs car ils pensent que le peuple « élu » reflèterait une préférence du Grand Créateur. Or, être juif, ce n'est pas une préférence donnée, mais une responsabilité qui incombe : celle de faire perdurer le judaïsme en dépit de ce qui peut se passer. En fait, être juif, c'est lourd à porter, et ça, j'en suis convaincue. Depuis plusieurs années maintenant, je ne sors qu'avec des juifs, jusqu'à mon mari – juif également – que j'ai épousé. Evidemment, j'étais jalouse de ne pas pouvoir en faire partie. Et puis mon mari est arrivé et j'ai mesuré l'ampleur de ce qu'était être juif en France. Comme beaucoup de d'ashkénazes, sa famille est traumatisée de la Shoah. A tel point qu'ils en ont perdu leur pratique récurrente, et que mon mari et son frère ont été élevés dans des écoles catholiques. Et tant d'autres choses que je ne peux pas écrire car Tom la Patate ne le supporterait pas. J'ai compris qu'il y avait eu tant de traumatismes que même certains juifs n'osaient plus être juifs, que l'état de merde de notre pays face à cette religion avait complètement décalqué sur la perception de Tom la Patate sur ses propres origines. Il parvient à se déclarer « juif », même s'il se sent obligé d'ajouter « non pratiquant », parce qu'en France, de toutes les façons, être pratiquant, (de quelque religion que ce soit) c'est MAL.

Quel est l'intérêt de ce laïus ? Aucun, si ce n'est vous raconter ma vie direz-vous ? Oui, sûrement, je suis de toutes façons hyper narcissique ! Mais au-delà de tout cela : cela m'interroge : ne sommes-nous pas en vrai un peu antisémites en France ? N'avons-nous pas, au nom du conflit israélo-palestinien, pris parti pour une communauté au détriment d'une autre, comme si on pouvait transposer ce qui se passe à des milliers de kilomètres ici ? Est-ce que toute ma vie les gens penseront que mon fils est juif avec un drôle d'air parce que son nom est juif ?

On avait envisagé d'appeler notre fils Jacob. Notre entourage nous a dit que Jacob, ça faisait vraiment trop juif, et comme une conne, ça a résonné comme un argument chez moi. Un argument pour ne pas le faire, alors que Jacob est un prénom magnifique. Et finalement, est-ce si grave de résonner juif, musulman, ou catho ? J'en sais rien, je n'ai pas la réponse. Aujourd'hui, je résonne grecque et je ne suis pas certaine que cela soit mieux.

Quoiqu'il en soit, si vous voulez vous interroger sur votre rapport aux juifs de France, vous pouvez lire ce navet qui aura au moins – et c'est sérieusement non négligeable – réussi à interroger son lecteur sur sa position face à cette question.


Jo la Frite


Autant le dire tout de suite, ce livre présente une intrigue pour ainsi dire nulle. En gros, une femme écrivain – Emilie Frèche elle-même – est mariée depuis plus de 15 ans au même homme. Ils ont ensemble deux filles et chose assez rare après 15 ans de mariage, ils sont encore heureux ensemble ! Mais voilà, un jour Emilie rencontre un homme dangereux, un autre écrivain, qui va la plonger dans une obsession destructrice. Pour le côté ragot people chez les écrivains, cet homme dangereux serait l'écrivain Patrick Besson, avec qui Emilie Frèche règle ses comptes durant l'ouvrage. Voilà, c'est dit, les rumeurs sont écrites !

Des histoires d'adultère, il y en a des TONNES dans la littérature, et celle-ci est franchement banale voire chiante, pour le dire vulgairement. Ce n'est donc certainement pas pour cela que je recommanderais ce livre. En revanche, ce livre a réussi à me convaincre de quelque chose que je savais déjà, mais que probablement je refusais de voir en face : la densité de l'antisémitisme en France !

Emilie Frèche est juive, son mari est juif, bref sa famille est juive. L'homme dangereux qu'elle rencontre, appelé Benoît Parent dans le livre (mais Patrick Besson dans la réalité, si vous avez bien suivi), ne l'est pas. Jusque-là, rien de dingue. Sauf que l'air de rien, le petit Benoît, ça le dérange cette judaïté, il ne peut pas s'empêcher d'en parler et de dire des phrases complètement folles auxquelles j'imagine nous nous sommes habituées en France : « J'adore les juives / Allez rigole, on m'a dit que les juifs avaient de l'humour… ». Dis comme ça, ça paraît anodin car nous sommes censés pouvoir rire de tout ; Seulement voilà, à quel moment un comportement devient limite ? le Benoit Parent, il ne paye jamais rien avec la petite Emilie, il la laisse toujours sortir sa carte parce que bon, on ne va pas se mentir, les juifs sont blindés… Et puis, il n'est pas étonné que son mari soit chirurgien, parce que bon, les juifs font tous des professions libérales qui rapportent un max… Et tout est à l'avenant ! En gros, qu'on veuille le reconnaître ou non, en France, on se pose la question de la judaïté de quelqu'un dès qu'on entend son nom, qu'on le voit bronzé en Rolex, ou intellectuel de gauche avec un nom à résonnance de l'Est… Pourquoi ? Je ne sais pas. Les écoles juives et les synagogues sont cernées de flics et l'on ne s'en offusque pas, pourtant cela signifie bien que les juifs de France ne vivent pas dans les mêmes conditions de sécurité que nous. Qu'on le veuille ou non, en tolérant cette situation, on se fait les garants de cet antisémitisme plus ou moins latent.

Je me suis alors interrogée sur ma propre conduite, loin d'être exemplaire. J'ai toujours été jalouse des personnes juives car j'ai toujours rêvé dans le fond d'être juive. Il y a un truc dans le jaudaïsme qu'Emilie Frèche explique très bien : les gens sont jaloux ou envieux des juifs car ils pensent que le peuple « élu » reflèterait une préférence du Grand Créateur. Or, être juif, ce n'est pas une préférence donnée, mais une responsabilité qui incombe : celle de faire perdurer le judaïsme en dépit de ce qui peut se passer. En fait, être juif, c'est lourd à porter, et ça, j'en suis convaincue. Depuis plusieurs années maintenant, je ne sors qu'avec des juifs, jusqu'à mon mari – juif également – que j'ai épousé. Evidemment, j'étais jalouse de ne pas pouvoir en faire partie. Et puis mon mari est arrivé et j'ai mesuré l'ampleur de ce qu'était être juif en France. Comme beaucoup de d'ashkénazes, sa famille est traumatisée de la Shoah. A tel point qu'ils en ont perdu leur pratique récurrente, et que mon mari et son frère ont été élevés dans des écoles catholiques. Et tant d'autres choses que je ne peux pas écrire car Tom la Patate ne le supporterait pas. J'ai compris qu'il y avait eu tant de traumatismes que même certains juifs n'osaient plus être juifs, que l'état de merde de notre pays face à cette religion avait complètement décalqué sur la perception de Tom la Patate sur ses propres origines. Il parvient à se déclarer « juif », même s'il se sent obligé d'ajouter « non pratiquant », parce qu'en France, de toutes les façons, être pratiquant, (de quelque religion que ce soit) c'est MAL.

Quel est l'intérêt de ce laïus ? Aucun, si ce n'est vous raconter ma vie direz-vous ? Oui, sûrement, je suis de toutes façons hyper narcissique ! Mais au-delà de tout cela : cela m'interroge : ne sommes-nous pas en vrai un peu antisémites en France ? N'avons-nous pas, au nom du conflit israélo-palestinien, pris parti pour une communauté au détriment d'une autre, comme si on pouvait transposer ce qui se passe à des milliers de kilomètres ici ? Est-ce que toute ma vie les gens penseront que mon fils est juif avec un drôle d'air parce que son nom est juif ?

On avait envisagé d'appeler notre fils Jacob. Notre entourage nous a dit que Jacob, ça faisait vraiment trop juif, et comme une conne, ça a résonné comme un argument chez moi. Un argument pour ne pas le faire, alors que Jacob est un prénom magnifique. Et finalement, est-ce si grave de résonner juif, musulman, ou catho ? J'en sais rien, je n'ai pas la réponse. Aujourd'hui, je résonne grecque et je ne suis pas certaine que cela soit mieux.

Quoiqu'il en soit, si vous voulez vous interroger sur votre rapport aux juifs de France, vous pouvez lire ce navet qui aura au moins – et c'est sérieusement non négligeable – réussi à interroger son lecteur sur sa position face à cette question.


Jo la Frite


Autant le dire tout de suite, ce livre présente une intrigue pour ainsi dire nulle. En gros, une femme écrivain – Emilie Frèche elle-même – est mariée depuis plus de 15 ans au même homme. Ils ont ensemble deux filles et chose assez rare après 15 ans de mariage, ils sont encore heureux ensemble ! Mais voilà, un jour Emilie rencontre un homme dangereux, un autre écrivain, qui va la plonger dans une obsession destructrice. Pour le côté ragot people chez les écrivains, cet homme dangereux serait l'écrivain Patrick Besson, avec qui Emilie Frèche règle ses comptes durant l'ouvrage. Voilà, c'est dit, les rumeurs sont écrites !

Des histoires d'adultère, il y en a des TONNES dans la littérature, et celle-ci est franchement banale voire chiante, pour le dire vulgairement. Ce n'est donc certainement pas pour cela que je recommanderais ce livre. En revanche, ce livre a réussi à me convaincre de quelque chose que je savais déjà, mais que probablement je refusais de voir en face : la densité de l'antisémitisme en France !

Emilie Frèche est juive, son mari est juif, bref sa famille est juive. L'homme dangereux qu'elle rencontre, appelé Benoît Parent dans le livre (mais Patrick Besson dans la réalité, si vous avez bien suivi), ne l'est pas. Jusque-là, rien de dingue. Sauf que l'air de rien, le petit Benoît, ça le dérange cette judaïté, il ne peut pas s'empêcher d'en parler et de dire des phrases complètement folles auxquelles j'imagine nous nous sommes habituées en France : « J'adore les juives / Allez rigole, on m'a dit que les juifs avaient de l'humour… ». Dis comme ça, ça paraît anodin car nous sommes censés pouvoir rire de tout ; Seulement voilà, à quel moment un comportement devient limite ? le Benoit Parent, il ne paye jamais rien avec la petite Emilie, il la laisse toujours sortir sa carte parce que bon, on ne va pas se mentir, les juifs sont blindés… Et puis, il n'est pas étonné que son mari soit chirurgien, parce que bon, les juifs font tous des professions libérales qui rapportent un max… Et tout est à l'avenant ! En gros, qu'on veuille le reconnaître ou non, en France, on se pose la question de la judaïté de quelqu'un dès qu'on entend son nom, qu'on le voit bronzé en Rolex, ou intellectuel de gauche avec un nom à résonnance de l'Est… Pourquoi ? Je ne sais pas. Les écoles juives et les synagogues sont cernées de flics et l'on ne s'en offusque pas, pourtant cela signifie bien que les juifs de France ne vivent pas dans les mêmes conditions de sécurité que nous. Qu'on le veuille ou non, en tolérant cette situation, on se fait les garants de cet antisémitisme plus ou moins latent.

Je me suis alors interrogée sur ma propre conduite, loin d'être exemplaire. J'ai toujours été jalouse des personnes juives car j'ai toujours rêvé dans le fond d'être juive. Il y a un truc dans le jaudaïsme qu'Emilie Frèche explique très bien : les gens sont jaloux ou envieux des juifs car ils pensent que le peuple « élu » reflèterait une préférence du Grand Créateur. Or, être juif, ce n'est pas une préférence donnée, mais une responsabilité qui incombe : celle de faire perdurer le judaïsme en dépit de ce qui peut se passer. En fait, être juif, c'est lourd à porter, et ça, j'en suis convaincue. Depuis plusieurs années maintenant, je ne sors qu'avec des juifs, jusqu'à mon mari – juif également – que j'ai épousé. Evidemment, j'étais jalouse de ne pas pouvoir en faire partie. Et puis mon mari est arrivé et j'ai mesuré l'ampleur de ce qu'était être juif en France. Comme beaucoup de d'ashkénazes, sa famille est traumatisée de la Shoah. A tel point qu'ils en ont perdu leur pratique récurrente, et que mon mari et son frère ont été élevés dans des écoles catholiques. Et tant d'autres choses que je ne peux pas écrire car Tom la Patate ne le supporterait pas. J'ai compris qu'il y avait eu tant de traumatismes que même certains juifs n'osaient plus être juifs, que l'état de merde de notre pays face à cette religion avait complètement décalqué sur la perception de Tom la Patate sur ses propres origines. Il parvient à se déclarer « juif », même s'il se sent obligé d'ajouter « non pratiquant », parce qu'en France, de toutes les façons, être pratiquant, (de quelque religion que ce soit) c'est MAL.

Quel est l'intérêt de ce laïus ? Aucun, si ce n'est vous raconter ma vie direz-vous ? Oui, sûrement, je suis de toutes façons hyper narcissique ! Mais au-delà de tout cela : cela m'interroge : ne sommes-nous pas en vrai un peu antisémites en France ? N'avons-nous pas, au nom du conflit israélo-palestinien, pris parti pour une communauté au détriment d'une autre, comme si on pouvait transposer ce qui se passe à des milliers de kilomètres ici ? Est-ce que toute ma vie les gens penseront que mon fils est juif avec un drôle d'air parce que son nom est juif ?

On avait envisagé d'appeler notre fils Jacob. Notre entourage nous a dit que Jacob, ça faisait vraiment trop juif, et comme une conne, ça a résonné comme un argument chez moi. Un argument pour ne pas le faire, alors que Jacob est un prénom magnifique. Et finalement, est-ce si grave de résonner juif, musulman, ou catho ? J'en sais rien, je n'ai pas la réponse. Aujourd'hui, je résonne grecque et je ne suis pas certaine que cela soit mieux.

Quoiqu'il en soit, si vous voulez vous interroger sur votre rapport aux juifs de France, vous pouvez lire ce navet qui aura au moins – et c'est sérieusement non négligeable – réussi à interroger son lecteur sur sa position face à cette question.


Jo la Frite









Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Une déception : je suis totalement passé à travers ce livre que j'avais pourtant hâte de lire. Et ce n'est pas une différence de sensibilité masculine ou féminine (je devance les remarques...).

J'ai juste eu l'impression que les différents thèmes évoqués (l'installation de la routine du couple, la tentation de l'adultère, la soumission puis la dépendance à l'autre, la perversion poussée à l'extrême... mais aussi l'antisémitisme primaire ou contextuel, le nombrilisme du microcosme littéraire et j'en passe...) n'étaient que des redites de choses maintes et maintes fois lues ailleurs, sans que j'y repère cette once de nouveauté ou d'intérêt qui aurait agrémenté ma lecture. Sans parler de cette vraie-fausse autobiographie et du jeu avec "le livre dans le livre", un peu agaçants à la longue.

Pas de jugement définitif sur l'auteure et sur son style cependant, mais pas beaucoup de plaisir pour moi dans cette lecture.

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Un sentiment mitigé pour ce livre, bien écrit mais parfois peu convaincant..
L'héroïne du livre présente des similitudes frappantes avec l'auteure: elle a écrit un livre sur l'assassinant de Ian Halimi, martyrisé et assassiné dans des conditions atroces parce que de confession juive, elle réalise des films, intervient dans des lycées et des écoles.
La narratrice est donc une femme brillante, à qui tout semble réussir.
Tout sauf peut-être son couple qui semble battre de l'aile. Son mari a vingt ans de plus qu'elle qui a trente-quatre ans, et il semble se détacher physiquement d'elle. Elle va prendre un amant et va faire la connaissance ensuite de Benoît Parent, un auteur de soixante ans, qui a connu son heure de gloire mais qui a vu son talent se tarir au point de paraître maintenant comme un "has been".
Ce sexagénaire va très vite exercer une emprise très forte sur elle. Leur relation va être rapidement destructrice. Il sait qu'elle est juive et l'abreuve de commentaires antisémites. Elle n'arrive pas à clore leur relation malgré les conseils de son mari cardiologue qui a une attitude très digne et honnête dans cette situation parficulièrement délétère.
La narratrice se comporte comme une adolescente à guetter les textos de ce séducteur sexagénaire pourtant bien peu charismatique.
Elle n'hésite pas à affronter les remarques de son père.
Pour se détacher de cette emprise, la solution qu'elle trouve, c'est l'écriture qui va agir pour elle comme une puissante thérapie.
Elle va donc écrire un livre sur ce Benoît Parent. Ce livre lui permettra aussi d'évoquer la vie de sa grand-mère Dorit, victime d'un collaborateur pendant la guerre. Ce parallèle est certes très audacieux puisque les circonstances historiques sont loin d'être les mêmes.. mais a le mérite d'être intéressant.
Ce qui m'a plus dans ce livre c'est l'évocation des tensions et des conflits dans notre société, qui se sont aggravés depuis les attentats.
Le climat de peur au sein de la communauté juive est évoqué de manière adroite en revanche, j'ai regretté le cadre un peu étroit.
Nous ne sortons jamais de Saint Germain des Prés. Tout est vu à l'aune d'une microsociété que l'on pourrait qualifier de Bobo. Tout est très codifié, les habitudes, les lieux de rendez-vous, les week-ends...
Certains critiques littéraires auraient reconnu l'écivain Patrick Besson dans ce Benoît Parent, mais il faut laisser le lecteur interpréter..
Je reste déçue même si le livre donne une peinture intéressante d'un certain milieu. Manque de charisme des personnages sans doute. le seul personnage réellement sympathique, c'est le mari finalement...bafoué mais très digne...
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Que dire de cet homme dangereux, étrange mais si bien écrit. J'ai aimé et en même temps je me suis par moments trouvée en porte à faux avec cette histoire, suis-je dans le roman ou suis-je voyeur d'une vie qui n'est pas la mienne et dans laquelle je n'ai pas demandé à m'immiscer. C'est une position bizarre, mais quand on l'oublie on plonge ! On plonge dans les mots si bien posés d'Emilie Frèche, on vibre et on s'énerve pour cette Émilie narratrice que l'on souhaite plus énergique, que l'on a envie de bousculer pour qu'elle ne se laisse pas entrainer dans cette histoire d'amour malsaine qui la met dans une position d'attente, de soumission, de désespoir parfois, alors qu'on voit bien qu'elle ne peut y trouver que du chagrin et qu'elle va détruire l'équilibre instable sans doute mais confortable de sa vie actuelle .
Il y a tant de l'auteur dans ces pages qu'on ne sait plus trop où on navigue. Mais comme elle le dit elle-même (enfin, la narratrice) est-ce si important de savoir si c'est la réalité ou le roman, du moment que l'on croit à cette histoire, qu'elle nous fait rêver, aimer, détester aussi parfois cette femme équilibrée qui se laisse manipuler, qui attend, qui s'oublie, qui oublie ses enfants, son mari, sa famille et même sans doute son amant, pour un homme qui ne lui apporte que tourments et humiliations, qui la manipule mais auquel elle obéit obsessionnellement.
Car Emilie a rencontré presque par hasard Benoit, et sa vie en est bouleversée. Ecrivains tous les deux, Benoit est beaucoup plus âgé, manipulateur, séducteur, il va souffler le chaud et le froid, l'inonder de sms, de messages, d'appels, de rendez-vous, puis au moment où elle répond, la laisser dans le vide du silence. Et avouons-le, nous en avons déjà rencontré des amies qui ont subi ce genre de relation, assaillies de messages jusqu'à ce qu'elles craquent, puis le silence, l'attente, l'angoisse, ferrées par ces manipulateur pervers narcissiques qui ont besoin d'humilier pour se sentir vivants. Quelle plongée, quel abîme, la perte de repères, l‘incompréhension, la soumission de celle qui ne veut pas paraitre… paraitre quoi en fait ? peureuse, hésitante, pas assez amoureuse ? car enfin, forcément chacun de se demander comment une femme intelligente et belle peut se laisser manipuler autant. Et c'est là toute la réussite du roman, qui présente la descente aux enfers d'une femme amoureuse avec autant de maitrise. J'ai apprécié la façon dont l'auteur décortique avec lucidité et réalisme cette relation malsaine.
Il y a aussi la trame de l'antisémitisme de Benoit alors qu'Emilie est Juive. Puis ce moment où Emilie découvre ce qu'il est advenu de sa grand-mère après la guerre. Ah, ces silences des familles qui ne disent pas, ces secrets qui se transmettent de génération en génération pour le malheur de générations futures qui ne pourront pas les comprendre. Quelle intelligence de réussir à briser la chaîne. J'ai aimé découvrir cette Émilie vivante et forte qui saura s'en sortir, aller au bout de ses interrogations et ne pas plonger dans sa propre histoire pour refaire à deux générations de distance les erreurs du passé. J'ai particulièrement apprécié l'écriture de ce roman que j'ai lu d'une traite.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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critiques presse (1)
LePoint
03 août 2015
Humiliée et maltraitée, l'héroïne ne parvient pas à se détacher de l'emprise de son amant. Une descente aux enfers rédemptrice.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
J’ai toujours pensé que la question de la vérité, dans un roman, ne doit pas se poser. Qu’on se moque complètement de savoir si tel ou tel évènement est vrai ou bien si les personnages sont inspirés de gens réels parce que, évidemment, ce n’est pas cela qui fait l’intérêt ni la qualité d’un texte.

L’écriture n’était pas chez moi une façon d’aimer les gens, c’était un moyen de m’en libérer. J’écrivais dans la rage, dans la colère, la douleur. J’écrivais contre. J’écrivais comme d’autres crient ; pour sauver ma peau, pour en finir, avec ce qui me pourrissait la vie, et Benoît avait réveillé la mienne.

Car au fond, peut-être portons-nous tous nos aïeux en nous, et il suffit d’un évènement insignifiant pour les ressusciter. Pour qu’ils prennent le pas sur de que de haute lutte nous avons réussi à préserver de toute influence, la part vierge en quelque sorte de notre identité, celle née de l’expérience, des rencontres, de ce qui ne se transmet pas mais se vit, et dont je mesurais ce soir-là la grande fragilité.

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Car au fond, peut-être portons-nous tous nos aïeux en nous, et il suffit d'un évènement insignifiant pour les ressusciter. Pour qu'ils prennent le pas sur ce que de haute lutte nous avons réussi à préserver de toute influence, la part vierge, en quelque sorte, de notre identité, celle née de l'expérience, des rencontres, de ce qui ne se transmet pas mais se vit, et dont je mesurais ce soir-là la grande fragilité.
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Il n'y avait de liberté que seul, évidemment. A deux, c'était impossible. A deux, la liberté n'était qu'une servitude volontaire, et elle ne survivait pas à l'amour.
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L'écriture est donc comme la vie : on s'imaginait qu'on maîtrisait les choses, qu'on avait ce pouvoir d'influer sur nos destins mais, en vérité, on ne décidait jamais rien ; ce qui devait être advenait, et ce qui n'avait pas de raison d'exister finissait toujours, de lui-même, par s'éteindre.
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(...) et je me suis dit que l'âge adulte n'était qu'un correcteur, une seconde chance - qu'on passait sa vie à réparer son enfance.
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Vidéo de Emilie Frèche
Rencontre en ligne du 25/10/2023 avec Emilie Frèche pour son roman "Les amants du Lutetia" (un endroit où aller, interview de Nathalie Couderc et Frédérique Deghelt)
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