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3,04

sur 101 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que dire de cet homme dangereux, étrange mais si bien écrit. J'ai aimé et en même temps je me suis par moments trouvée en porte à faux avec cette histoire, suis-je dans le roman ou suis-je voyeur d'une vie qui n'est pas la mienne et dans laquelle je n'ai pas demandé à m'immiscer. C'est une position bizarre, mais quand on l'oublie on plonge ! On plonge dans les mots si bien posés d'Emilie Frèche, on vibre et on s'énerve pour cette Émilie narratrice que l'on souhaite plus énergique, que l'on a envie de bousculer pour qu'elle ne se laisse pas entrainer dans cette histoire d'amour malsaine qui la met dans une position d'attente, de soumission, de désespoir parfois, alors qu'on voit bien qu'elle ne peut y trouver que du chagrin et qu'elle va détruire l'équilibre instable sans doute mais confortable de sa vie actuelle .
Il y a tant de l'auteur dans ces pages qu'on ne sait plus trop où on navigue. Mais comme elle le dit elle-même (enfin, la narratrice) est-ce si important de savoir si c'est la réalité ou le roman, du moment que l'on croit à cette histoire, qu'elle nous fait rêver, aimer, détester aussi parfois cette femme équilibrée qui se laisse manipuler, qui attend, qui s'oublie, qui oublie ses enfants, son mari, sa famille et même sans doute son amant, pour un homme qui ne lui apporte que tourments et humiliations, qui la manipule mais auquel elle obéit obsessionnellement.
Car Emilie a rencontré presque par hasard Benoit, et sa vie en est bouleversée. Ecrivains tous les deux, Benoit est beaucoup plus âgé, manipulateur, séducteur, il va souffler le chaud et le froid, l'inonder de sms, de messages, d'appels, de rendez-vous, puis au moment où elle répond, la laisser dans le vide du silence. Et avouons-le, nous en avons déjà rencontré des amies qui ont subi ce genre de relation, assaillies de messages jusqu'à ce qu'elles craquent, puis le silence, l'attente, l'angoisse, ferrées par ces manipulateur pervers narcissiques qui ont besoin d'humilier pour se sentir vivants. Quelle plongée, quel abîme, la perte de repères, l‘incompréhension, la soumission de celle qui ne veut pas paraitre… paraitre quoi en fait ? peureuse, hésitante, pas assez amoureuse ? car enfin, forcément chacun de se demander comment une femme intelligente et belle peut se laisser manipuler autant. Et c'est là toute la réussite du roman, qui présente la descente aux enfers d'une femme amoureuse avec autant de maitrise. J'ai apprécié la façon dont l'auteur décortique avec lucidité et réalisme cette relation malsaine.
Il y a aussi la trame de l'antisémitisme de Benoit alors qu'Emilie est Juive. Puis ce moment où Emilie découvre ce qu'il est advenu de sa grand-mère après la guerre. Ah, ces silences des familles qui ne disent pas, ces secrets qui se transmettent de génération en génération pour le malheur de générations futures qui ne pourront pas les comprendre. Quelle intelligence de réussir à briser la chaîne. J'ai aimé découvrir cette Émilie vivante et forte qui saura s'en sortir, aller au bout de ses interrogations et ne pas plonger dans sa propre histoire pour refaire à deux générations de distance les erreurs du passé. J'ai particulièrement apprécié l'écriture de ce roman que j'ai lu d'une traite.

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Ah, si ce roman en était vraiment un, je l'aurais trouvé absolument superbe. Son écriture est remarquable, limpide et prenante. J'aurais salué l'imagination de l'auteur pour mettre autant de perversité dans son personnage de l'amant et autant d'humanité dans celui du mari.J'aurais éprouvé beaucoup de compassion pour les malheurs de sa famille juive et pour sa propre vie familiale...oui, mais voilà, on comprend vite que le réel de la vie est bien présent dans ce livre et l'on ressent vraiment un sentiment de gêne, voire de honte, en se disant comment a t'il pu avoir un tel comportement et comment a t'elle pu le supporter? Pour en faire un roman, sans doute, mais à quel prix...une réussite littéraire ( on lâche difficilement le récit très bien ficelé) peut-elle se faire au détriment d'un minimum de respect de soi...je ne crois pas, même si je recommande cette lecture.
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Dans Un Homme Dangereux, Emilie, la narratrice, a tout pour être heureuse, une vie équilibrée entre son métier, son mari, ses deux enfants et même un amant. Elle prend le risque de tout détruire pour un homme qui lui retourne la tête, un sale type qui la traite mal, un "homme dangereux".

Il est difficile de comprendre l'attrait que peut avoir un pervers narcissique pour sa victime sans avoir croisé soi-même le chemin de ce type de personne. Emilie Frèche décortique avec une grande clairvoyance (et sûrement pas mal de recul), sans épargner ni l'une ni l'autre, les mécanismes d'une telle relation et de la dérive passionnelle. le sale type en question, Benoît Parent, écrivain qui connut en son temps un certain succès, représente tout ce qu'elle exècre, jusqu'à véhiculer des valeurs abjectes. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de foncer dans cette histoire tête baissée et de s'enfoncer dans le glauque, comme "une maladie qui lui serait tombée dessus". C'est par la découverte d'un secret familial et par l'écriture qu'adviendra la clairvoyance, et la guérison. Récit d'une descente aux enfers intime, troublante et dérangeante.
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Un homme dangereux est le roman que publie Emilie Frèche à l'occasion de cette rentrée littéraire 2015.

Autant certains opus laissent le lecteur indifférent, autant celui-là appelle beaucoup de commentaires et force à la réflexion.

Roman fiction ? Autobiographie ? Beaucoup d'éléments évoquent le réel en tout cas. En effet, la narratrice a le même nom que l'auteur et de nombreux faits cités dans le livre sont véridiques (comme par exemple le roman 24 Jours, La vérité sur la mort d'Ilan Halimi, coécrit par Emilie Frèche avec Ruth Halimi en avril 2009). Ou s'arrête le réel et où démarre la fiction ? Doit-on chercher réellement à savoir ? L'auteur nous donne son avis dans le roman :
"J'ai toujours considéré que la question de la vérité dans un roman ne doit pas se poser. Qu'on se moque complètement de savoir si tel ou tel évènement est vrai, ou bien si les personnages sont inspirés de gens réels, parce que, évidemment, ce n'est pas cela qui fait l'intérêt ni la qualité d'un texte."

Si je partage majoritairement son avis, je trouve toujours dérangeante, voire malsaine cette collusion fiction/réel… En tournant les pages, sommes-nous voyeur de la vie de Emilie ? Ou sommes-nous dans la fiction du roman ? le lecteur se retrouve en porte à faux et c'est une sensation assez bizarre…

Heureusement, si je puis dire, l'écriture efface très rapidement ce désagrément. Elle est superbe, d'une grande fluidité. Elle hypnotise littéralement le lecteur qui dévore le roman et n'a à aucun moment envie de le lâcher. Les mots sont subtilement choisis, les phrases sont souvent longues et très détaillées.

La sensation d'appartenance totale et de « propriété » à Benoit Parent sont merveilleusement décrites. Emilie est sous son emprise, elle sait qu'il ne faut pas mais c'est plus fort qu'elle.

« J'ignore combien de temps nous y sommes restés. Je me souviens seulement des papillons que j'avais dans le ventre, du sourire que je sentais accroché à mes lèvres comme un tatouage permanent et du défilé aux tables voisines, des têtes et des consommations qui changeaient sans cesse quand nous, nous en étions toujours au même verre, mais peut être en était-ce un autre, comment être sure ? L'impression que j'avais du temps arrêté brouillait tellement les cartes… Je ne savais plus ni quelle heure, ni quel jour, ni quel mois nous étions, et cette perte de repère arrive si rarement dans une vie que je n'en avais moi-même plus aucun pour juger de la situation. Je savais seulement que cette rencontre serait un miracle ou un mirage et que, de toute façon, je ne déciderais de rien. »

De même, les descriptions de Benoit Parent le rendent détestables pour le lecteur. Manipulateur, radin, antisémite… c'est merveilleusement bien décrit.

"Benoît était ce type insupportable mais irrésistible, qui réussissait, comme les sales gosses, à se faire pardonner en un mot et à transformer votre colère en un grand sourire."

"Je reviens tout de suite, d'accord ? Tout de suite, tout de suite ! Déshabille-toi, mets-toi nue sous les draps et attends-moi. J'ai acquiescé d'un signe de tête. Il avait déjà disparu."

Pour écrire un tel roman, il faut aussi avoir un recul nécessaire pour se détacher de cette sensation d'être piégé. Etre capable d'analyser et de le traduire par les mots.

« On n'écrit jamais à partir de rien, mais de ses lectures. »

« L'écriture était donc comme la vie : on s'imaginait qu'on maitrisait les choses, qu'on avait ce pouvoir d'influer sur nos destins mais, en vérité, on ne décidait jamais de rien ; ce qui devait être advenait, et ce qui n'avait pas de raison d'exister finissait toujours, de lui-même par s'éteindre. »

Le traitement de la différence d'âge dans un couple (20 ans d'écart entre Emilie et son mari), l'évolution et la survie du mariage face aux tentations, prendre une décision plutôt que de rester sur le statu-quo, encore des thèmes que l'auteur traite parfaitement et subtilement.

"Ils m'aimaient tous les deux et ils voulaient tous les deux me protéger. Me faire comprendre, une bonne fois pour toutes, où ce genre d'histoire pouvait mener : non seulement à la fin du mariage, mais à la négation de soi."

Enfin, comment ne pas parler de la notion et du traitement de l'antisémitisme. Là encore rien à dire, c'est pour moi une réussite.

A la fois énervant, captivant et au final passionnant, Un homme dangereux est un roman de la rentrée littéraire que je vous conseille notamment pour la formidable écriture de Emilie Frèche.

4/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Emilie vit depuis quinze ans avec Adam et ses deux filles Suzanne et Léa. Elle aime son mari mais il ne se passe plus rien entre eux sexuellement depuis sept ans. Emilie comme l'auteur écrit livres et films. Emilie, c'est troublant utilise le "je" et l'on se demande constamment quelle est la part de fiction et d'autobiographie. Elle sème le trouble dans notre esprit et se dégage à la lecture un sentiment un peu dérangeant et "voyeuriste".

D'origine juive, sa grand-mère vient d'Odessa. Emilie rencontre régulièrement des étudiants pour lutter à sa manière contre l'antisémitisme. L'histoire de sa grand-mère est très importante et elle raisonnera à travers elle de manière forte, elle la vivra en quelque sorte à travers sa propre histoire.

Un jour, Emilie rencontre Benoît Parent, chroniqueur littéraire, écrivain ayant eu son heure de gloire. Petit à petit, elle se sentira piégée, elle s'engluera dans cette relation qui lui est nuisible. Sous son emprise elle sera son obsession.

J'ai adoré l'écriture, étant moi aussi "hypnotisée" par celle-ci. Un livre que je n'ai lâché qu'une fois terminé. Une écriture simple, fluide, efficace et superbe. le récit était captivant, créant au départ un trouble en me sentant un peu intruse à observer la vie d'Emilie, femme piégée.

Des questions fusent. Quelle est la part d'autobiographie du récit ? Jusqu'où peut-on aller par amour ? A quoi peut-on renoncer ?

Le sujet est la manipulation amoureuse, l'emprise.

J'ai souvent eu l'envie de secouer l'héroïne, de lui dire ; Va t'en tant qu'il est encore temps, avant de la voir sombrer sous l'emprise partant à la recherche du séducteur du départ qui était devenu destructeur.

Un livre aussi traitant de l'écriture, d'une prise de conscience que seule l'écriture lui permettra d'être salvatrice, de faire la part des choses entre la fiction et la réalité.

Le hasard des choses a fait que le jour de la fin de cette lecture j'ai eu la chance de rencontrer son auteur. Je peux vous dire que ce fut un moment chargé en émotions, une belle rencontre et de beaux échanges. Merci Emilie Frèche pour votre spontanéité et votre simplicité.

Une belle lecture et une plume que j'ai bien l'envie d'approfondir.



Ma note : 8.5/10

Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Comment vous parler de ce roman !!

Je l'ai acheté au festival du livre d'Issy-Les-Moulineaux. Je venais de lire de la même auteure « Je vous sauverai tous » que j'avais beaucoup aimé. Je voulais lui acheter un roman et j'ai choisi « Un homme dangereux ». Mais alors pourquoi, je ne sais pas, j'ai cru qu'il s'agissait d'un thriller. Et quelle surprise, quant au bout d'une cinquantaine de page j'ai compris mon erreur. Et pourtant aucune déception !!

Les romans d'Emilie Frèche sont inspirés de sa vie personnelle et celui-ci ne déroge pas à la règle ; Dans un homme dangereux elle est Emilie Frèche, juive, romancière, elle écrit des scénarios, elle a écrit un livre sur Ilan Halimi et est engagée dans la lutte contre l'antisémitisme.

Donc pas de thriller ici, mais une femme manipulée par un homme « Benoît ». Il ne cesse de la rabaisser, de lui demander de faire des choses absolument dingues et elle, elle tombe dans ses filets. Elle est totalement envoûtée par cet homme. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire, mais comment peut-elle être aussi idiote !! j'avais envie de la secouer et de lui dire, mais réveille-toi, bon sang !! tu ne vois pas qu'il s'amuse avec toi !!

Outre son histoire avec cet homme, Emilie est tourmentée par l'histoire de ses grands-parents qui ont été déportés pendant la 2nde guerre mondiale.

Est-il possible dans une famille d'être hantée par des histoires que l'on ne connait pas mais où l'on reproduit les mêmes schémas, la même histoire sans le savoir ?!

C'était pour moi un beau roman, et malgré que j'ai trouvé cette femme faible, elle est en faite forte et courageuse, d'avoir essayé de se sortir de l'emprise de cet homme et de vouloir connaître l'histoire de ses grands-parents. Pour se sauver elle-même, elle devait comprendre le passé.

Un très beau roman qui me confirme que cette auteure à une très belle plume.
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Le pouvoir des mots

Emilie, la trentaine, écrivain en pleine ascension, est heureuse avec son mari et ses deux enfants, son amant compense l'abstinence sexuelle qui s'est installée dans son couple depuis 10 ans.
En quelques jours, elle va tomber sous l'emprise de Benoit Parent, 60 ans, écrivain plutôt sur le déclin. Une terrifiante dépendance affective s'installe immédiatement. Il lui envoie une multitude textos par jour auxquels elle ne peut résister comme une ado amoureuse, y répondant même en présence de sa famille. Il la bombarde littéralement de mots, c'est son seul moyen de séduction, en effet leur histoire reste platonique, il semble impuissant....

On comprend très rapidement que cet homme est un manipulateur, après une phase de séduction il passe à la phase de destruction. C'est un pervers narcissique.

Emilie a l'antisémitisme pour combat et Benoit est antisémite. Elle ne comprend pas comment elle a pu seulement regarder cet homme...

Le comportement d'Emilie peut parfois nous paraitre incompréhensible tellement elle plonge dans une soumission totale perdant tout libre arbitre, c'est une vraie addiction, elle est prête à "tout fourre en l'air" pour lui.

Lorsque elle se rend enfin compte de la nocivité de cet homme, de l'emprise qu'il a sur elle, elle le nomme "cancer" et demande de l'aide à son mari Adam. Elle réalise que cette histoire risque de la conduire à la fin de son mariage mais aussi à la négation de sa judaïté.

Le livre bascule dans sa deuxième partie quand Emilie, pour sauver son mariage, décide d'utiliser l'écriture comme arme contre lui. Elle imagine écrire sur la passion amoureuse vécue par son double romanesque, pour cela elle le revoit pour les besoins du livre, pour récolter la matière nécessaire à son écriture. Il devient pour elle un personnage du roman qu'elle écrit, elle se sert de lui... Elle va, comme lui, manier les mots comme des armes.

Dans ce roman, Emilie Frèche nous livre de très beaux passages sur l'usure du couple, sur l'ennui conjugal, la disparition du désir et la disponibilité pour une autre histoire.

Dans ce livre écrit à la première personne, la narratrice se confond beaucoup avec l'auteur (livres sur Ilan Halimi), comme si elle voulait à son tour manipuler le lecteur.

J'ai trouvé amusantes les analogies avec le livre de Delphine de Vigan, notamment quand on voit qu'Emilie ne parvient plus à écrire après avoir écrit un livre sur son père. Les deux livres ont pour thème principal l'emprise.

Par contre, ce que j'ai trouvé gênant dans ce roman , c'est que Benoit serait Patrick Besson, Emilie Frèche donne au lecteur des indices pour le reconnaitre, d'autant plus gênant que Benoit est antisémite ce qui peut laisser entendre que Patrick Besson l'est également, or l'antisémitisme est un délit. On frôle là l'indécence, si c'est un règlement de comptes, je n'aime pas bien le procédé...

Ce roman est un thriller psychologique très efficace, hypnotisant, qui nous secoue, l'auteur sait parfaitement entretenir le suspense. Elle nous montre comment on peut casser quelqu'un avec des mots. L'écriture est agréable et fluide sans être originale.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un livre très bien écrit. On ne peut qu'être touché par les propos de la narratrice. Un sentiment de malaise toutefois face à cette sensation de voyeurisme dans cette confusion volontaire entre fiction et témoignage
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J'ai adoré ce roman, qui m'a bouleversé dans sa première partie, et également révolté dans la seconde. C'est un roman qui nous fait comprendre de manière totalement glaçante la puissance de la manipulation et de la perversité.

J'ai beaucoup aimé le personnage principal, Emilie, qui vit depuis 15 ans avec un mari qui ne la touche plus mais qu'elle adore, qui est sa moitié, et avec qui elle a eu deux petites filles. J'ai également beaucoup aimé le personnage d'Adam, son mari, qui est son roc et le seul sur qui elle pourra se reposer quand elle touchera le fond. J'ai aimé leur couple, leur complicité et le tout qu'ils forment ensemble. Évidemment, je n'aimerais pas être à leur place : si un couple ne se désire plus, il y a un vrai soucis…

La question que je ne cessais de me poser en lisant ce livre était : Mais comment peut-elle être attirée par un mec comme Benoît Parent ? Ce personnage, l'Homme Dangereux du livre, n'est ni beau, ni charmant, ni charnel. Sa seule force est de manier les mots. C'est là qu'on réalise, au fur et à mesure de l'avance de l'histoire, la force du langage et de la persuasion verbale, le pouvoir de la manipulation. Ajoutez à celui une héroïne juive, et un bourreau antisémite, et vous voyez une seconde intrigue familiale pointer le bout de son nez, sans la voir venir. Une intrigue parallèle qui m'a d'ailleurs bouleversée.

J'ai par contre un peu moins accroché à la seconde partie du livre. La première partie m'a captivé car elle traitait de la « séduction » (au bas mot) en place entre les deux personnages. La seconde partie traite avant tout de la désintoxication de l'héroïne par l'écriture, qui va la mener à un jeu bien dangereux auquel je n'ai pas accroché. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas la passion de l'écriture que je n'ai pas été totalement accrochée par cette partie-là du roman, ou parce que le contexte était devenu trop oppressant et les propos antisémites tenus par l'Homme dangereux, trop révoltants.

La force de ce roman est qu'il traite de plusieurs thèmes : la manipulation par un pervers narcissique, le refuge dans l'écriture, la Shoah, et l'antisémitisme. Il nous fait nous rappeler que l'antisémitisme est encore très présent dans la société actuelle, et que les actes terroristes récents en sont le reflet.

La plume d'Emilie Frèche m'a totalement charmé. J'ai aimé la façon dont elle décrit le couple, la sécurité que l'on éprouve avec l'être aimé, les émotions de chacun de ses personnages. Elle réussit totalement à nous faire ressentir le point de vue et les émotions de son héroïne; même si on ne comprend pas toujours ses choix. J'étais totalement subjuguée par cette histoire de bout en bout.

J'ai lu sur internet des articles de critiques presse sur l'éventuel côté autobiographie de l'histoire. le parcours de l'héroïne du roman ressemble effectivement beaucoup à l'auteure… et alors ? Quel est l'intérêt, à part assouvir sa part de voyeurisme, de savoir si c'est un récit inspiré de son histoire personnelle ?!! Que ce soit autobiographique ou pas, ça reste poignant.

Je lirai donc avec grand plaisir d'autres romans d'Emilie Frèche, dont j'ai adoré la plume dans ce roman, que je conseille fortement.

17/20
Lien : https://matoutepetiteculture..
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Souvent ses livres sont très médiatisés, car elle s'inspire souvent de faits de sa vie privée pour les écrire, Émilie Frèche, dans Un homme dangereux nous dresse le portrait d'un homme, antisémite, qui s'attache à séduire une femme juive, la narratrice.
La narratrice, Émilie, est mariée à Adam, chirurgien renommé, ils ont deux enfants : Léa et Suzanne. le couple a 20 ans de différence d'âge. Depuis quelques années, Émilie et Adam vivent de façon platonique. Émilie vit une relation extraconjugale depuis 3 ans avec Benjamin.
Benoit Parent est quant à lui, marié aussi mais surtout un séducteur invétéré et quand la narratrice et lui se rencontrent, il la séduit avec une rigoureuse assurance. Son attention est constante par l'envoi de multiples SMS chaque jour où il met la narratrice dans un état d'illusions. Il la complimente. Il suscite chez elle le désir mais ne fait jamais aboutir ce désir. Il attise de jour en jour sa convoitise. Elle devient dépendante de ses SMS journaliers. Benoit va chercher à aller plus loin, il va chercher à détruire sa vie maritale.
Cette séduction est pernicieuse et calculée. Au fil des mois, Émilie va comprendre que cet homme n'est qu'un séducteur duquel il faut se méfier. Elle le nomme le « cancer » comme une maladie qui vous prend et ne vous quitte plus et dont la guérison est difficile.
Émilie Frèche nous amène dans cette société du SMS qui n'est que « leurre ». le SMS apporte reconnaissance, peut amplifier le désir, mais la réalité peut être autre. Derrière l'écran, un homme, ici, ne cherche qu'à vaincre, démolir.
L'autrice nous apporte aussi des réponses sur la nécessité d'écrire. Quel est le rôle de l'écriture ? Pourquoi cet absolu besoin d'écriture ? La narratrice écrit comme « d'autres crient, pour sauver [sa] peau, pour en finir avec ce qui [lui] pourrissait la vie ».
La narratrice écrit un livre sur un séducteur. La mise en abyme du livre donne une dimension originale au livre, est-ce un clin d'oeil de la part d'Émilie Frèche à une personne de son entourage ? Ou simplement son intention de montrer que la vie réelle peut se transposer dans un livre ?
Elle va plus loin que son processus de mise en abyme. La narratrice apprend que sa grand-mère a vécu une histoire similaire à la sienne et de laquelle elle a tiré un livre comme une histoire qui se succède de génération en génération.
Est-ce une façon pour Émilie Frèche de dire que la séduction n'a pas d'époque ? Une façon à elle d'avertir le lecteur des dangers d'un séducteur, de la séduction ? le titre nous donne en partie une réponse à cette question.
Intéressant !
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