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Encore une très belle histoire de Fred, sans Philémon, avec son graphisme sans contrainte, brut, indépendant, inventif. Dans “Le conteur électrique”, il épingle le monde des médias, la production télévisuelle mercantile, à laquelle il affronte la poésie, l'imagination, le rêve, ou encore il oppose le temps millimétré et pesé au temps qui s'étire, libre et impalpable. Il nous invite à écouter les histoires millénaires de la Lune le soir au balcon plutôt que d'allumer son poste de télévision. C'est une fable légère et drôle et aussi un pamphlet cynique contre la déclaration de Patrick le Lay, “Nous vendons (à Coca Cola) du temps de cerveau humain disponible”. Moi je préfère accorder le temps disponible de mon cerveau à ce grand rêveur de monsieur Fred.
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Lorsque le compteur électrique s'éteint, le conteur lunaire s'allume…
L'histoire est aussi simple que ça et nos aïeux, qu'on imagine rassemblés en veillées nocturnes sous un ciel lunaire, la connaissent déjà. La télévision n'est qu'un pauvre succédané des nuits qu'elle illumine.


C'est donc ça que nous raconte Fred ? Des histoires qui sentent le romantisme vieillot nourri aux clichés d'un clair de Lune ? On pourrait le craindre si l'histoire du conteur électrique n'était pas, en fait, une histoire dirigée contre l'hégémonie télévisuelle du compteur électrique et pour la rêverie gratuite.


Avec un sens de la caricature subtil et mordant, Fred introduit ses planches en faisant surgir l'exécrable Président, maître-gouverneur des chaînes télévisées du monde entier. C'est un mauvais jour pour lui –quiconque osera d'ailleurs le saluer d'un « bonjour » se souviendra du soufflet dont il écopera pour sa punition- car les chiffres de l'audimat ne cessent de s'effondrer. Incompréhensible puisque les programmeurs s'évertuent pourtant à concocter des programmes de plus en plus médiocres pour la déchéance de leurs spectateurs. A en devenir dingue ! Puisque tout devient sans cesse plus naze, comment se fait-il que le public ne s'amoncelle pas en masse devant son écran ? Les conseillers du Président n'osent tout d'abord pas le dire et puis, forcés d'avouer, ils chuchotent, sur le ton de l'hypothèse vague : les gens préfèrent regarder la Lune plutôt que la télévision.


Aux sources de cet engouement excentrique ne pouvait se trouver qu'un reclus de la société. Monsieur Mousse, après avoir été envoyé dans une chambre de bonne sous les toits, sans électricité ni distraction autre que la lucarne surplombant son lit, a découvert avec délice les charmes des contes lunaires. Monsieur le Président se laissera-t-il charmer à son tour ?


Un marginal et sa poésie s'opposent à un homme d'affaires sans vergogne, qui a poussé la télévision au pinacle des valeurs du monde moderne. On frissonne : allons-nous succomber au péché du stéréotype ? Un peu, certes, mais assez peu pour que cela reste bon. le plaisir naît de la douce revanche qui s'effectue sur la domination des valeurs commerciales au profit de la rêverie gratuite et sans ambition. le cynisme ridicule du Président nous fera rire davantage que les élucubrations oniriques d'un Monsieur Mousse à la mélancolie indomptable.


L'histoire du conteur électrique est une jolie histoire que la Lune elle-même aurait pu raconter et qui, comme ses récits, s'imprègne si délicatement dans les esprits qu'elle risque à tout instant de se faire éjecter par la fulgurance du Bigdil. A moins que le compteur électrique ne soit en rade…

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Aaaaah, la poésie surréaliste de Fred qui affronte la télévision "moderne", celle des télé-réalités, des dérives commerciales et du nivellement par le base des programmes TV...

J'ai eu peur, d'abord. La BD date de 1995... autant dire que dans les débilités immondes, la élé a été fort loin. Sur l'air du "la réalité dépasse la fiction", on peut sans rougir affirmer que la télévision de 2023 est pire que le pire cauchemar de Fred en 1995. Les Marseillais, Hanouna... deux exemples parmi un torrent de trucs à gerber dont on abreuve les spectateurs. du temps de cerveau disponible, selon l'expression d'Etienne Mougeotte.

Et pourtant, fidèle à son habitude, Fred arrive à créer un univers poétique tout à fait fascinant, drôle et tendre, caustique et cohérent. Tout tourne autour de Canal Moi, la châine de télévision dont on va suivre le PDG aux prises avec une baisse de l'audimat. Les raisons du succès de la chaîne sont connues, on reconnaîtra sans peine quelques chaînes actuelles (Fred, quel visionnaire, quand même): rediffuser les mêmes feuilletons, asservissement au pouvoir politique, niveler par le bas la qualité des programmes. A ce titre, Fred nous imagine une grille des programmes, à l'intérieur de la couverture. C'est un pur régal. le film "Les bidasses chez mon curé à Saint-Tropez"... ce n'est presque pas un canular. Une émission "Dénoncez vos voisins", ou "ça se dispute"... Un opéra lyrico-porno autrichien intitulé "Dez Zigounette Baron"... ou la série en 3794 épisodes "Haine, violence, sexe, passion et famille"... Un régal.

Fred nous livre une vision poétique d'un monde de brutes. Cela se savoure.

Si les audiences sont en baisse, c'est parce que Monsieur Mousse parle à la lune qui liu raconte des histoires et Monsieur Mousse rediffuse ces histoires vers tout le monde. Les gens vont couper leur compteur électrique pour écouter le conteur électrique... Monsieur Mousse est bloqué au lit suite à une électrocution.

J'avais donc craint que Fred n'enfonce des portes ouvertes en critiquant la télévision d'aujourd'hui. Il fait bien plus que cela. Il nous ouvre des horizons immenses, à condition que nous éteignions la télévision. Eteignez la télé, allumez votre cerveau.

Côté dessin, Fred assure le coup avec son dessin brut de décoffrage et une mise en couleur très puissante, comme à l'accoutumée. C'est efficace, centré sur les situations et les expressions. Un truc en plus: le costume du président de Canal Moi est fait de carreaux qui se trouvent toujours dans le même sens, quelle que soit la position du bonhomme. Visuellement, c'est très fort.
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Je ne suis généralement pas adepte de ce genre d'histoire qui puise son inspiration dans l'absurde.

Cela m'a d'ailleurs fait penser à la chanson du groupe Indochine: "j'ai demandé à la Lune". Car la Lune cause et raconte des histoires chaque soir à un homme paralysé qui sert de relais. Ce faisant, il va provoquer une sérieuse chute de l'audimat et la colère du patron de la chaîne "Canal moi" qui veut tout faire pour retrouver les faveurs du public et du pouvoir politique qui le sponsorise.

Bref, c'est une parodie du pouvoir des télévisions avec leurs programmes débiles qui abreuvent le peuple. Au final, j'ai bien aimé l'exercice de style avec son clin d'oeil à son corbeau, autre oeuvre de l'artiste que j'avais également apprécié.
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Le personnage principal est immobilisé dans son lit depuis qu'un court-circuit l'a paralysé à l'époque où son métier consistait à relever les compteurs électriques.
Sa seule animation, outre les visites de sa gentille concierge qui lui apporte des potages avec des pâtes en forme d'étoile, c'est le passage de la lune dans l'encadrement du vasistas qui le surplombe. Un soir, il s'adresse directement à la lune. Et elle lui répond. Elle lui raconte des histoires, et elle en connait, des histoires ! Il se produit alors un phénomène étrange : tous les gens dont le compteur électrique était coupé entendent les histoires retransmises dans leur tête par notre conteur électrique ! Ce qui ne va pas sans provoquer la colère du président de la chaîne de télé Canal Moi...
Le Conteur électrique est une magnifique BD qui nous ramène au temps des veillées en pointant la vacuité des programmes télévisés. Une très belle oeuvre, appréciable à tout âge.
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J'ai emprunté cette bande dessinée à la médiathèque alors que du même auteur j'avais déjà lu "L'histoire du corbac aux baskets" dont l'image apparaît en clin d'oeil page 26.
Le héros est un vieil homme alité suite à un accident de travail qui l'a rendu allergique aux ondes. Il est donc le seul citoyen de la ville à ne pas avoir de poste de télévision et il entend la lune lui raconter des histoires.
Le deuxième personnage qui occupe le plus de place dans le livre est un gros PDG, patron d'une chaîne de télévision, capitaliste, à fond dans la société de consommation qui cherche à manipuler les gens et pense que l'argent est roi.
Lorsqu'il s'aperçoit que sa chaîne est en chute d'audimat (ce qui va entraîner une chute des revenus publicitaires) parce que les gens ne regardent plus la télévision pour écouter les histoires de la lune que le vieil homme retransmet sur les ondes de manière quasi magique, il part à sa rencontre...
Une dénonciation intéressante.
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Voilà le Fred que j'aime, voilà l'auteur de BD qui me fait rêver !

Il faut le reconnaître, et je le laisse complètement aux critiques, Fred n'est pas ce qu'on appellerait un auteur jeune, et oui, son style commence un peu à dater. C'est sûr, le dessin est particulier, l'ensemble respire un poil la BD à papa, et parfois le thème est un peu démodé.
Mais j'aime ça. Et Fred a bien trop de qualités pour qu'on puisse s'arrêter à ces détails, qui ne sont pas des défauts, loin de là.

J'aime Fred pour son dessin qui sait capter une ambiance si particulière, touchante, humoristique, poétique. le tout dans une seule page, dans une seule case. Et je ne parle pas de sa mise en page sublime. Les cadrages, l'organisation des pages, des bulles ... C'est un plaisir pour les yeux d'abord. C'est le talent de Fred qui nous arrive dans chaque page.

Ensuite, c'est l'humour, toujours pince-sans-rire, un humour un peu grince-dent, des tronches et des cons, des situations burlesques qui se mélangent. C'est des phrases magnifiques qui sont autant drôles qu'acides. C'est de la cocasserie de l'instant, des petits gags sans rire à gorge déployée, mais avec un petit rire en coin.

Et puis, c'est le ton, poétique, mélangeant les histoires poétiques, la réalité crasse, la société cruelle, les personnages touchants, les situations rocambolesques, et par dessus cette douceur qui se dégage de l'oeuvre. Face à la vie cruelle, dure, rude, aux gens sourds, aveugles, méchants et bête, Fred nous livre quelque chose de doux, de sensible, qui vient nous toucher là où il faut.

Enfin, cette BD offre aussi une histoire belle et prenante. Une histoire simple de gens qui ne regardent plus la télé et d'un conteur d'histoires. Ajoutés à plein de petits détails amusants et touchants, plein de petits riens qui agglomérés font un tout qui émeut. Oui, le maître mot de cette BD a été pour moi l'émotion qui s'en dégageait. Un rien de poésie, un souffle de douceur dans ce monde de brute.

Certes, cette BD n'est pas exempte de défauts, mais j'y ai trouvé plus que mon compte. Une belle histoire que j'aime relire même si j'en connais la fin, une fin qui conclut vraiment, même si on voudrait la changer, et une idée qui me reste en tête depuis. Les histoires peuvent changer les gens. Ce n'est peut-être pas la meilleure BD de Fred, qui a su nous pondre également L'Histoire du Corbac aux Baskets, mais cette BD m'a laissé une agréable sensation en moi lorsque je l'ai fermée. Encore maintenant elle reste un agréable souvenir et un bon moment de relecture.
Pour toutes ces raisons, je lui attribue un bon 4/5 bien mérité, et je vous recommande de vous attarder vous aussi, un jour, à l'histoire d'un conteur électrique.
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Un bel album de Fred, satyre piquante de l'industrie du divertissement... toujours d'actualité ! le point de départ du récit : les gens ne regardent plus la télé, ils préfèrent écouter la lune qui s'est mise à raconter des histoires. le PDG de Télé Moi, président de chaîne mégalomane, va tout faire pour percer le secret de notre satellite naturel ou, à défaut, rentabiliser ces histoires qui passionnent jusqu'à ses propres employés. Certains dessins fourmillent de détails et sont un régal pour les yeux. On y retrouve le ton si particulier de Fred, tout en allégories...
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