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Citations sur Mort d'une fille de peu (9)

" Etre oisive, c'est s'ennuyer, et s'ennuyer c'est mourir."
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Vous voyez , Mr Pickett ? Je peux hurler des noms moi aussi. La boue n'est pas chère, ça ne coûte rien de la jeter, n'importe qui peut le faire.
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Au cours des dernières années, New York était devenue "la ville des danses épouvantables." (...)
Des femmes de tous horizons sortaient - sans escorte ! - et se mouvaient d'une toute nouvelle manière. Elles trottaient, se déhanchaient et se laissaient renverser en arrière par leur partenaire. Les couples ne se tenaient plus à bout de bras, ils se collaient l'un contre l'autre au-dessus et au-dessous de la ceinture.
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C'est Mr Hirschfeld ?
- Pourquoi dites vous ça ?
- Parce qu'il vous aime bien. J'avais plutôt l'impression que vous aussi.
- Il m'aime bien, en effet. Moi et cinq mille autres filles.
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Pensant qu'il pouvait s'agir du même drame, je voulus prendre le journal, mais il m'écarta.
- C'est horrible. Il vaut mieux ne pas lire ça.
- C' est moi qui ai découvert le corps, Mr Hirschfeld. Je pense pouvoir supporter la vue de l'encre sur le papier.
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( à propos du Cubisme...]

Fragmenter un visage, en projeter les parties par-ci, par-là, comme si c'était... un objet, non un être humain... Cela m'affecte étrangement.
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— ... toutes personnes possédées comme esclaves…
— ... esclaves…
— ... seront, à dater de ce moment et à jamais, libres.
— À jamais libres, fit Louise en écho, puis elle ôta son haut-de-forme. Quel sens a pour vous ce « à jamais » ?
— Le même que « pour toujours », je suppose.
— Et Lincoln ne pouvait-il pas le formuler ainsi ?
Ce n’était pas à moi, simple femme de chambre, de soutenir les choix stylistiques du seizième Président, mort pour la cause qu’il défendait. En dépit de son éloquence, Lincoln avait, certes, été confronté à la guerre de Sécession, à l’opposition du Congrès et au pistolet de John Wilkes Booth, mais sans doute jamais à un parterre de dames de la haute société, comme Louise s’y préparait. En réalité, il se rendait rarement à New York, qui avait par deux fois refusé de voter pour un républicain insensible aux avantages commerciaux de la traite des esclaves.
Toutefois, on célébrait le cinquantenaire de la proclamation d’Émancipation et New York s’adonnait à sa commémoration avec enthousiasme. C’est ainsi que Louise, un haut-de-forme improvisé en équilibre sur la tête, s’efforçait à grand-peine de réciter l’illustre discours de Mr. Lincoln.
Lasses des dîners traditionnels, les dames importantes de la ville s’évertuaient à démontrer leur sens artistique par des moyens variés. Les tableaux vivants*1 et le théâtre amateur faisaient fureur. On pouvait ainsi admirer le Brutus de Mrs. Halsey le lundi, un florilège de La Chauve-Souris par Mrs. Foster Jenkins le mardi et, le mercredi, une présentation torride de danse apache par Mrs. Fortesque. Dolly Rutherford, du grand magasin Rutherford’s – le plus nouveau et le plus luxueux des paradis de la mode féminine, qui s’affirmait comme le lieu « où chaque Beauté américaine s’épanouit ! » – n’était pas en reste. Sous sa houlette, Louise Tyler et d’autres devaient interpréter « Scènes émouvantes de l’Émancipation » une semaine plus tard.
Étant svelte et élancée, Louise avait été choisie pour interpréter le grand homme. On aurait pu croire que cet honneur reviendrait à l’hôtesse, mais Mrs. Rutherford était affligée d’une silhouette ronde et courtaude. À un certain moment, on avait suggéré qu’elle incarne Harriet Tubman2 ; en définitive, elle avait accepté le rôle tout aussi important, voire davantage, de Mary Todd Lincoln. (Le rôle de Harriet Tubman fut dévolu à Mrs. Edith Van Dormer. S’étant éteinte plus tôt dans le mois, Mrs. Tubman se verrait épargner ce spectacle.)
Louise s’enfonça dans un fauteuil et contempla, par la fenêtre, les immeubles noyés dans la grisaille en ce matin de la mi-mars. Le calendrier pouvait bien indiquer le printemps, le vent glacial et le ciel morose montraient que l’hiver ne relâchait pas encore son étreinte. Un feu agréable crépitait et le reste du thé que Louise prenait au petit déjeuner était posé sur la table auprès d’elle. Le silence régnait dans la maison de ville, située du côté de la 20e Rue Est, car William Tyler, son mari depuis huit mois, se trouvait à Washington avec son beau-père, Mr. Benchley. À en croire la rumeur, Woodrow Wilson s’était attelé à une nouvelle sorte de système de taxe, un impôt sur les revenus réels. Plus on gagnait, plus on payait. Certains considéraient cette mesure comme une monstrueuse atteinte à la propriété. Parmi ceux-ci, Mr. Benchley, qui comptait nombre d’amis dans la capitale, était allé battre le rappel contre les plans du Président. Il avait emmené avec lui son gendre, devenu depuis peu son avocat, abandonnant Louise à la merci de Dolly Rutherford.
Je m’en voulais. La mère de William et moi avions réussi, à nous deux, à guider Louise au fil de ses six premiers mois parmi les fortes femmes de la bonne société new-yorkaise. Mrs. Tyler senior avait présenté Mrs. Tyler junior à celles qu’il convenait de connaître, l’avait mise en garde contre les infréquentables, tandis que je peaufinais son allure et renforçais son assurance. Puis Mrs. Tyler s’en fut rendre visite à sa fille Beatrice, qui se livrait à la chasse au mari à Boston.
— Je laisse Louise entre vos mains expertes, Jane, me dit-elle.
Mrs. Tyler était partie depuis à peine un jour que je fus en proie à une grippe intestinale. Sa belle-mère étant au loin et moi souffrante, Louise était tombée entre les griffes d’une des arrivistes les plus alertes et épuisantes de la ville. Dolly Rutherford clamait haut et fort qu’elle refusait, mais alors, catégoriquement, de rester inactive. « Être oisive, c’est s’ennuyer, et s’ennuyer c’est mourir. » Elle avait une passion pour le sublime, en particulier dans l’art. Que l’objet de son attention fût accroché dans une galerie, qu’il chantât, dansât ou déclamât sur scène, Dolly Rutherford l’attirait dans son salon et l’exposait, « plumé, paré et assaisonné », pour reprendre les termes d’un critique. Elle aurait été ridicule n’eût-elle bénéficié de deux atouts : une volonté digne de Genghis Khan et la fortune de son époux. Des femmes plus coriaces que Louise avaient été entraînées dans son orbite. Je ne m’en sentais pas moins coupable.
Quand la pendule sur le manteau de la cheminée sonna neuf coups, j’espérai que Louise se rappellerait quel jour nous étions sans que j’eusse à le faire. Elle remarqua mon regard sur le cadran.
— C’est l’heure, n’est-ce pas ?
Elle se leva et me tendit la main.
— Je ne sais pas comment je vais me passer de vous.
— Vous pourrez me joindre au refuge à tout moment.
— Ce sont vos congés, Jane. Pourquoi ne partez-vous pas dans un endroit agréable ?
— Je tiens à voir mon oncle. Et j’ai aussi d’autres projets.
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Une femme éprise de liberté, c’était en soi une provocation.
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La Belle Hélène était probablement une dame à l'apparence quelconque qui se morfondait aux côtés de son époux et réciproquement. Mais les héros de la guerre de Troie seraient-ils restés dans nos mémoires si les Grecs n'avaient fait que convoiter des territoires? Non, c'est beaucoup plus efficace d'évoquer un visage capable de lancer un millier de navires.
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