Plus je lis les livres de
René Frégni et plus je me sens émerveillée.
Maudit le jour est un recueil qui contient huit nouvelles précédées d'un avant-propos.
Les récits sont tour à tour de type autobiographique ou fictionnel; parfois les deux certainement. Manosque et Marseille flamboient sous la plume de l'auteur, même lorsque ses histoires l'emportent dans de ténébreuses obscurités souterraines. Même en noir, ses intrigues portent une lumière extraordinaire.
René Frégni fait chatoyer la langue française, lui qui vint aux lettres et à l'écriture par des chemins de traverse - et en passant par la case prison dans le froid et l'humidité d'une caserne de Verdun, si rude pour le Provençal qu'il est.
Beaucoup d'émotions et d'humanité se détachent de ses textes. Notamment lorsqu'il parle de ses ateliers d'écriture aux Baumettes. C'est un sujet récurrent dans so
n oeuvre et il est très poignant de découvrir les textes des prisonniers, emplis de leurs blessures, de leurs peurs et de ce qu'ils ne pourraient confier à personne d'autre qu'aux pages libres de leurs cahiers. le récit de Paolo dans "Les plus beaux chants d'amour montent des prisons" est bouleversant.
On lit dans les pages de
René Frégni sont amour vif pour la vie, son écoulement dans les rues de sa ville ou dans une communion profane autour du cuir d'un ballon, pour les femmes et la sensualité qu'elles apportent à sa contemplation du monde. Même si certaines ont de curieuses et perverses attitudes comme dans "Je t'ouvrirai les yeux bandés".
Enfin, un gros coup de coeur personnel pour "23 marches", ce magnifique hommage à son prédécesseur provençal,
Jean Giono. Fâché avec l'école et les livres, l'auteur ne le découvrit qu'à 19 ans, toujours dans sa prison meusienne, par l'entremise d'un aumônier au "regard tranquille". Celui-ci apporta de la chaleur à ce déserteur du Sud transi dans le climat du Nord-Est grâce à Colline. Coup de foudre littéraire et début d'un amour durable pour l'oeuvre de
Giono, le jeune René évadé rejoignant Manosque et
Angelo sur les toits de la ville.
Lire
René Frégni, c'est recevoir au creux de soi une boule de lumière et d'émotions diverses qui tiennent chaud au coeur et ravive les couleurs d'une réalité qui fait parfois grisé mine. Monsieur
Frégni, de tout coeur, un grand merci!