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Critique de mf1990


Ce petit ouvrage très court (70 pages) a été écrit par Christiane Frémont, Chercheur au CNRS en philosophie. Il est richement illustré par Nono, prof de philo à la retraite et dessinateur de presse breton bien connu pour ses caricatures de l'actualité dans le quotidien régional ‘Le Télégramme'.

Notons tout d'abord de très nombreuses références à la Bretagne : évocation de l'Ankou (la mort en breton) (p.23), de la météo brestoise (p.29), de Landerneau (p.35), du « skiff » cher à Nono (p.34) et présence de l'interjection « ma doué » (p.41). Serait-ce une manière pour Christiane Frémont de remercier Nono de sa collaboration en glissant quelques phrases d'humour qu'il apprécie ?

Le livre est divisé en 5 chapitres : Qu'est-ce qu'un athée ; croyance ; preuve ; création ; religion. Toutes ces notions sont abordées de manière à toucher le grand public (ce n'est pas un ouvrage scientifique, mais de vulgarisation). Il est accessible dès le collège, car le style est assez proche du langage courant voire parlé et avec une adresse directe au lecteur (par exemple : « Allez réviser le chapitre Création. Vu ? Bon. » ; ou encore : « Vous vous rendez compte ? […] aïe aïe aïe aïe… »). Trois personnages fictifs interviennent au cours des pages : le Simplet, le Raisonneur et la Petite Poucette. Cette dernière n'étant pas sans rappeler l'essai éponyme de Michel Serres, philosophe contemporain qui a d'ailleurs été objet d'étude de la part de C. Frémont (un clin d'oeil en est donné page 60). L'auteur fait également une allusion à René Girard, philosophe contemporain qui s'est lié avec Michel Serres dont elle a d'ailleurs aussi étudié la pensée (mais là, on sort de la vulgarisation !!). Bref, pour revenir à nos moutons, les trois personnages fictifs illustrent chacun des questionnements que toute personne lambda pourrait se poser sur l'athéisme et permettent de confronter les points de vue. Par exemple : le Simplet dit : « Il faut bien que le monde ait été créé, puisqu'il est là c'est forcément qu'un être supérieur l'a voulu, non ? » et le Raisonneur de répondre : « Ah ouiche ! et qui l'a fait, ton être supérieur ? Il s'est fabriqué tout seul ? ». le Simplet rattaque : « Mais non : il a toujours été là… » et le Raisonneur rétorque : « Tiens donc ! mais alors où était-il, lui ? où c'est « là », puisqu'il n'y avait pas encore d'univers ? ».
On voit bien que cela renforce le questionnement et la réflexion chez le lecteur qui pouvait être convaincu de l'existence de Dieu.
Finalement, ce petit livre permet aux athées de pouvoir argumenter face à un croyant, et aux croyants de revoir peut-être leurs pseudo-certitudes (puisqu'en matière de religion il n'y a que des croyances, et non pas des certitudes puisqu'aucune preuve n'a jamais été donnée…) => exemple dans le livre : « les athées ne prétendent pas qu'ils « savent » que Dieu n'existe pas : mais ils savent que la croyance n'est pas un savoir, que la croyance ne prouve rien ».
C'est aussi une manière de relativiser et de montrer qu'une autre voie que celle de la religion est possible, puisque l'athée vit très bien sans dieu, en ne faisant qu'un avec ce qui existe (« l'Être » selon le philosophe Grec Parménide) ; et que cela permet d'éviter les guerres de religion… Un philosophe arabe du XIIe siècle avait déjà eu le raisonnement suivant : « on a conclu que d'un côté il y a la raison, et de l'autre la foi, et que chacune n'avait qu'à suivre son petit bonhomme de chemin ».
Cependant l'auteur ne nie pas l'utilité des religions et ce qu'elles peuvent apporter aux croyants : elles sont un rempart à l'angoisse de certains hommes et peuvent rassembler des foules pour éviter la zizanie. La croyance est aussi un moyen de se rassurer et de laisser un dieu réfléchir pour soi de ce qu'il faut faire ou non.
Mais les athées ne se contentent pas de « croire ». Ils veulent comprendre, expliquer. La conclusion de cet ouvrage est une exhortation (dans son sens courant et non pas religieux !) à la liberté de pensée, à la curiosité et au questionnement perpétuel, afin de ne pas se laisser endormir. de bonnes paroles nécessaires que tout le monde devrait lire, surtout en cette période trouble de notre Histoire !

[Et merci à Babelio et aux éditions Dialogues !]
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