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EAN : 9780307956989
304 pages
Knopf (20/05/2014)
3/5   1 notes
Résumé :
An exciting, hugely revealing account of China’s burgeoning presence in Africa—a developing empire already shaping, and reshaping, the future of millions of people.

A prizewinning foreign correspondent and former New York Times bureau chief in Shanghai and in West and Central Africa, Howard French is uniquely positioned to tell the story of China in Africa. Through meticulous on-the-ground reporting—conducted in Mandarin, French, and Portug... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Depuis quelques années, la Chine a fait son entrée fracassante dans les études africaines. Dans les années 2000, l'Occident, mi-admiratif mi-craintif, diagnostiquait l'émergence d'une « Chinafrique », pour reprendre le titre de l'ouvrage fondateur de Michel Beuret et Serge Michel (Grasset, 2008). Les Africains, séduits par la coopération gagnant-gagnant que leur faisaient miroiter leurs nouveaux partenaires chinois, se déclaraient ravis de sortir du face-à-face inégal dans lequel ils se considéraient enfermés avec leurs anciens colonisateurs depuis les indépendances. Les chiffres parlaient d'eux-mêmes : le commerce sino-africain décuplait en dix ans faisant de la Chine le premier partenaire commercial de l'Afrique subsaharienne.

Les choses ont évolué. Les perceptions ont changé. À l'enthousiasme un peu naïf des premières rencontres a succédé la prise de conscience lucide des motivations égoïstes de la Chine. L'enquête de Howard French participe de cette évolution. le succès qu'il a eu – il figurait dans la liste des meilleurs ouvrages 2014 de The Economist – témoigne de l'intérêt porté au sujet tandis que la manière dont il le traite constitue une pierre dans le jardin de la Chine.

Howard French est un journaliste expérimenté qui a accompli l'essentiel de sa carrière au New York Times. Il en fut le correspondant à Shanghai avant de rejoindre l'École de journalisme de l'université de Columbia. Son livre est un récit de voyage rédigé à la première personne du singulier dans lequel il n'hésite pas à se mettre en scène, narrant, avec une impudeur toute américaine, les détails les plus intimes de ses tribulations. Qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, il ne s'agit donc pas d'une synthèse universitaire ni même d'une enquête de terrain, comparable à l'excellent ouvrage collectif de Jean-Jacques Gabas et Jean-Raphaël Chaponnière (Le temps de la Chine en Afrique, GEMDEV-Karthala, 2012) mais plutôt d'une collection de témoignages donnant des Chinois en Afrique une image kaléidoscopique. La démarche n'est guère différente de l'enquête menée par les journalistes espagnols Heriberto Araujo et Juan Pablo Cardinal (La silenciosa conquesta china, 2011 ; trad. fr. le siècle de la Chine, Flammarion, 2013)

Ce tableau impressionniste contredit deux idées préconçues.
La première serait que la Chine aurait un « plan » en Afrique, qu'elle y déploierait une stratégie impérialiste, mûrement réfléchie. Sans doute cette idée n'est-elle pas totalement dénuée de fondement : la Chine mène une politique africaine qui articule trois composantes diplomatique (avec les tournées régulières de ses dirigeants), financière (avec le soutien des banques publiques) et culturelle (avec la multiplication des centres Confucius, l'accès gratuit aux dépêches de l'agence Xinhua et la diffusion de CCTV dans tout le continent). Howard French aurait pu la documenter s'il était allé enquêter à Pékin. Mais, les témoignages qu'il recueille auprès des migrants chinois et même des ambassades révèlent, au contraire, une étonnante improvisation. Les Chinois qui émigrent en Afrique n'y ont pas été missionnés par leur gouvernement pour mettre en oeuvre quelque sombre entreprise impériale concoctée dans une salle secrète de Zhongnanhai. Ce sont, plus trivialement, des migrants ordinaires, qui ont quitté leur pays car ils ne s'y épanouissaient pas et qui disposent du capital financier et humain suffisant pour tenter l'aventure. Avides de réussite, ils sont prêt à chi ku, littéralement à « manger amer », pour s'enrichir. D'où leur capacité à travailler dans les coins les plus retirés de l'Afrique où aucun Occidental ne s'aventurerait.
La seconde idée reçue est celle d'une coopération gagnant-gagnant entre la Chine et l'Afrique. Les Chinois que rencontre Howard French ne sont pas des philanthropes. Ils n'ont qu'une obsession : la réussite matérielle. Ils manifestent à l'égard des Africains qu'ils côtoient une indifférence voire un racisme particulièrement choquants pour nous autres, Occidentaux conditionnés par un demi-siècle de culpabilité post-coloniale et d'idéologie antiraciste. du Mozambique au Sénégal, en passant par la Zambie, la Namibie et le Ghana, les Chinois que l'auteur a rencontrés se ressemblent beaucoup. Ils cherchent un retour sur investissement lucratif, sans se soucier des effets collatéraux sur les populations locales et leur environnement. Ils se plaignent de la main d'oeuvre africaine qu'ils trouvent mal formée, paresseuse, voleuse … Pas étonnant qu'en réaction leur présence ait, au fil du temps, suscité des réactions hostiles, en Zambie dans les mines de cuivre où leurs employés sous-payés travaillent au mépris des règles de sécurité, ou au Sénégal où les petits commerçants chinois pratiquent le dumping et évincent les marchands locaux.

Le défaut de l'approche de Howard French est qu'elle interdit les généralisations. On ne peut définitivement inférer des témoignages qu'il a recueillis que les Chinois en Afrique soient tous des desperados sans foi ni loi, âpres au gain et racistes. Sans doute, les services de communication du gouvernement chinois, s'ils font bien leur travail, produiront-ils des témoignages contraires, démontrant la bénévolence des commerçants chinois et l'impact positif de leurs investissements. Pour autant, ce livre donne froid dans le dos sur leur comportement et devrait donner à réfléchir aux pays hôtes.

Cette critique a été publiée dans le numéro 253 de la revue "Afrique contemporaine" de l'AFD
Lien : http://www.cairn.info/revue-..
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