Citations sur Les Montagnards de la nuit (14)
Tout à coup rendus à eux-mêmes, ils perçurent à nouveau les clarines qui assemblaient en musique pour le grand bal de printemps les bruits imperceptibles du renouveau, la poussée des bourgeons sur les frênes, les fleurs de merisier ouvrant leur corolles, associés au plain-chant du vent dans les sapinières...
Il n'y eut d'abord dans l'espace infini qu'une ligne pourpre traçant sur l'horizon de l'est la limite entre les ombres et le ciel, la terre et les étoiles, puis celles-ci s'éteignirent et le relief des montagnes émergea lentement de la nuit, les masses et les creux se précisèrent, quelques sapins nanifiés et tordus découpèrent leur silhouette sur les crêtes de l'Alpette, le soleil les fit flamber un court moment puis ils se confondirent à nouveau avec le manteau uniforme et vert sombre de la forêt.
Non, ce n'est pas forcément leur intérêt qu'ils défendent. Ce sont souvent de bons catholiques, des patriotes attardés qui vouent à Pétain une adoration presque divine et qui considèrent tous les maquisards comme de dangereux anarchistes.
La neige tombait doucement, mais parfois un pan de ciel s'ouvrait et la lune perçait à travers les nuages, découvrant un paysage plein de sérénité.
...car la délation chez les montagnards, comme chez tous les peuples libres_ et les Savoyards le sont _ constitue le plus grand des déshonneurs, même s'il s'agissait de livrer un ennemi.
Ils ne formaient plus qu'une seule volonté, celle de survivre, de vaincre, d'achever la tâche entreprise.
"Le froid était si vif que les hommes, pour se réchauffer, sautillaient, tournaient sur place comme des toupies. Les heures coulaient si lentement que la marche du temps devenait celle de l'éternité. Pourtant il fallait tenir, veiller, épier la nuit d'où viendrait soit le salut, soit le danger."
Car de toute sa vie il n'avait souhaité autre chose que vivre en paix et en homme lire et c'était cela qui lui était refusé partout.
Tuer en cours de bataille, quand on échange des balles, c'était son métier de guerrier, mais abattre de sang-froid un homme qui ne s'y attend pas et qui est devant vous sans défense lui paraissait monstrueux.
Depuis qu'il avait pris le commandement militaire du secteur, il s'était dépensé sans compter, visitant non seulement les groupes mais aussi les isolés, insufflant à tous son enthousiasme, les mettant en garde les uns et les autres contre les initiatives intempestives, s'efforçant non sans peine d'obtenir le respect d'une discipline rigoureuse sans laquelle on risquerait de graves mécomptes et des pertes inutiles.