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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dis moi ma petite gueule, t'es cap toi de résister longtemps à une couverture avec cette photo au visage complètement buriné qui en dit long sur ce dans quoi tu t'apprêtes à rentrer ?

J'ai pas été cap très longtemps.

Je voudrais commencer par saluer la traduction, c'est sublime. Je connais pas le matériau de base mais franchement le souffle, la langue, le style. Pétard !

Du genre « tiens je vais lire quelques lignes » et au bout de 2h t'as toujours rien lâché et tu t'es fadé 120 pages sans t'en rendre compte.

Est-ce que je me suis retrouvé dans cette langue, dans ce roman, qui excepté le fait que ça se passe dans les Carpates et une Histoire d'après guerre propre à celle des Pays de l'Est ? Absolument.

Sans déconner, c'est comme de s'envoyer un des meilleurs romans américains qui soit mais en version Arte avec sous titre.

Je sais pas si t'as déjà lu Solomon Gursky de Mordecai Richler, mais on se rapproche de cette finesse humoristique hyper calibrée placardée sur une poésie des grands espaces et des rapports humains qui te font trembler tout l'intérieur !

Iochka est un livre merveilleux, classique avant de prendre le temps de mal vieillir, un roman riche bourré d'humanité, laissant peu d'envie d'en voir le bout et de passer à autre chose !

La naiba !

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415 pages, deux semaines pour en venir à bout.


Dans une vallée perdue des Carpathes, des hommes construisent une voie ferrée qui n'arrive nulle part, un hôpital psychiatrique héberge des "fous" ou peut-être des opposants au régime. L'électricité est parvenue presque jusqu'à eux.

Iochka s'est installé dans la vallée après avoir fait la guerre avec l'armée roumaine (du côté des Allemands) puis avoir été déporté dans un camp soviétique du côté du Caucase, il trouve la paix dans la vallée et il est rejoint par Ilona.

C'est une histoire d'amour. Les descriptions érotiques sont circonstanciées et parfois tirent en longueur (suis-je forcée de lire tout cela?) .

C'est aussi l'histoire d'amitié virile entre les quatre notables : Iochka, le forgeron, le Contremaître du chantier, le docteur de l'hôpital et le pope qui vit plus haut dans son ermitage. Amitié autour d'une bouteille de palinca.  Ils boivent beaucoup. La gnôle délient les langues, alimente des disputes entre le pope et le docteur athée, scelle des réconciliations. Ils boivent vraiment beaucoup (suis-je forcée de les suivre pendant des pages?).

A force de lire, on découvre les histoires individuelles (je suis restée sur ma faim en ce qui concerne le médecin, comment est-il arrivé là?). Chaque histoire se développe. Chacun se dévoile dans sa complexité. Je m'attache aux personnages.

C'est aussi l'histoire de la Roumanie, toute une tranche d'histoire de la Seconde Guerre mondiale à l'installation des communistes, la chute des Ceausescu, la modernisation qui gagne avec la construction des chalets de touristes dans la vallée.  Histoire désenchantée où la chute du dictateur apporte peu aux gens ordinaires :

Même s'il y a des longueurs, je me suis laissé emporter dans ce roman très exotique pour moi. J'ai bien aimé partager les moments de fête, les traditions orthodoxes gardées fidèlement par la pope beaucoup moins borné que je ne l'imaginais au début, un fin lettré collectionneur d'icones et d'objets d'art.

Roman de tolérance aussi : le Contremaître communiste, le docteur athée, le pope se disputent, comparent leur vision de la vie, se réconcilient, s'associent pour prendre soin de Iochka, le taiseux, l'homme simple.


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Voici un roman incroyable, hors du temps (et du Temps), et donc très long (!) , aux phrases tout aussi longues comme le temps qui ne passe pas, dans cette vallée roumaine imaginaire, oubliée de tous. Un roman poétique, ou une poésie romancée. Une ambiance suspendue, comme dans un rêve, avec des personnages à la fois rudes et tendres, profonds et superficiels. L'alcool y coule à flots, pour un oui, pour un non, pour une dispute, une réconciliation, un événement ou un non-événement. Un Iochka amoureux fou, un pope fou de Dieu, colérique à souhait et toujours là quand il le faut, un contremaître à poigne doux comme un agneau, ami indéfectible et un docteur athée, directeur d'un asile de fous, à moins que ce ne soient les fous qui le (re)gardent ! Des moments sublimissimes, d'autres bien longs voire ennuyeux. Quand vous vous dites « ça suffit, j'arrête », un mot, un passage, un événement infime vous raccroche au convoi. Un bouquin qu'on n'est pas près d'oublier et qu'on aurait bien du mal à conseiller pourtant, tant il désarçonne. Bref, la Vie, la Mort, la Foi, le Temps (si vous en disposez suffisamment !).
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Cette photo en première de couverture exprime à elle seule la nature du personnage éponyme m'avait tapé dans l'oeil depuis l'annonce des titres de la rentrée. Et puis, il y a des noms de traductrices et traducteurs qui naturellement prédisent une belle lecture. On a peu de choses en français sur Cristian Fulaş, l'auteur roumain, le rabat nous livre tout juste qu'il est également éditeur et traducteur. Près de six cents pages sur un taiseux, Iochka, sur un coin de montagne, sur un bout de vie et un pan d'histoire roumaine. Ce n'est pas une mince affaire que nous présente là Cristian Fulaş, si Molnar Iochka prononce à peine dix lignes à tout casser, ce roman regorge de détails et d'histoires, petites ou grandes, individuelles ou universelles, un long discours, un long bavardage qui prend le silence de Iochka à contre-pied.

Il y a d'abord le contexte, il a la vie de Iochka, jeune garçon, jeune homme, et il y a la vie sur ce bout de montagne, les vies de ceux qui ne savent plus parler, n'en ont plus trop envie et ceux qui créent un lien d'une autre manière. Il y a un long monologue sur le silence. On appréhende très vite que Iochka est un drôle d'oiseau difficile à cerner. Et s'il y a bien une image qu'il faut retenir de lui, mise à part celle de son visage buriné par son passé de soldat, ce sont les mains. Noires de suie, huileuses de la graisse qu'il mange, écorchées des travaux manuels, rugueuses, solides et pourtant délicates et sensuelles pour l'élue. Des mains bien plus bavardes que l'homme à qui elles appartiennent. C'est l'un de ces hommes qui semble toujours avoir été là, dans ces bois, dans un temps sans début ni fin, à ramasser le bois, le brûler, le vendre. Sur un pan des Carpates. Iochka a pourtant une histoire, qui se mêle à celle de son pays, surtout à ses débuts. Plus qu'un homme, c'est une âme, un esprit gravé dans la forêt.

L'écriture, dans un savant de jeu de flash-backs ou de sauts en avant, nous ramène doucement dans le passé de Iochka, ou chaque détail de cette forêt est susceptible de réveiller en lui des souvenirs, pas les meilleurs, d'une jeunesse passée à la guerre, d'une première partie de vie qui a sûrement pris fin sous la bâche d'une carriole, entre les confettis de corps décomposés qui voletaient autour de lui. La deuxième partie de sa vie qui elle aussi s'achève dans la douleur. 560 pages pour Iochka, qui a peu l'occasion de parler, pages qui sont bien plus descriptives que narratives, mais telles qu'elles sont faites, donnent l'impression de n'être qu'une seule et grande, longue description : il n'y a pas d'interligne au début de chaque chapitre, tout semble être un seul et même bloc, les dialogues fondus dans la description, comme s'ils n'avaient pas d'importance, et après tout, il semblerait que ce soit le cas, puisque le discours indirect rapporte bien souvent ces dialogues.

La vie isolée dans cette vallée des Carpates n'occulte pas le pays dans sa globalité et les maux dont il est atteint, en premier lieu par la présence de cet "asile", où sont parqués les anormaux, les hors-systèmes, une mise à l'écart dans un coin perdu d'où ils ne reviendront jamais. L'auteur ne cesse de raconter sur justement cette impossibilité à communiquer pour les personnages, Iochka, le pope ou ce docteur, qui officie à l'asile, cette privation volontaire et personnelle de la parole qui renvoie en un sens à la terreur que fait régner la Securitate, et dont chaque opposant fait les frais. Tandis que non loin, presque à côté, il y a ces "Hurleurs" qui hantent la vallée. 

On ne peut pas rester insensible à cette écriture majestueuse, qui semble être sortie d'un trait de l'esprit créateur de son auteur, brute, et charnue, aussi pleine que Iochka est avare en paroles et en expressions, à force de tournoyer dans cette forêt, il en est devenu une bouche dure et imperméable, immuable au milieu de ces arbres qui étaient là avant lui, qui le seront après. En plein milieu d'un silence, qui n'est pas seulement le sien, un silence d'état, une institution. Finalement, cette forêt n'est pas si loin d'être cette Roumanie, un microcosme à lui seul, on y vit, on y meurt. Avant que ce coin de paradis, parce qu'isolé de la civilisation, ne disparaisse.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Belle découverte dans la sélection 2024 du Prix 10/18 des libraires !

Roman choral où l'on découvre Iochka, un homme modeste, quasi centenaire, qui vit dans une vallée reculée des Carpathes, entouré de toute une galerie de personnages singuliers.

Au travers de ces destins minuscules, l'auteur convoque la grande histoire (la 2e guerre mondiale contre les russes, les camps, la dictature de Ceausescu…) et l'histoire à hauteur d'hommes et de femmes.

Foisonnant, passionnant et émouvant !
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Iochka est l'un des personnages de ce livre roumain. J'ai aimé cet homme, moins aimé cette réalité qu'est la femme dans ce monde d'hommes. Je ne garderai pas les passages où le sexe est résumé à la folie féminine mais je garderai le travail de l'auteur et son traducteur pour cette liaison entre le présent et le passé.


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