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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le scénariste A. Gabella a puisé dans les croyances, convictions et les découvertes faites dans les domaines de la médecine, mécanique, optique et microcosme du 16e siècle, pour raconter une histoire fantastique foisonnante (et parfois une peu confuse).

Le récit de cet enquête -parce que c'en est bien une- met en scène quelques scientifiques de la Renaissance : Paré, Nostradamus, Vésale, Paracelse, auxquels se joint la fille de Fracastor... et plus tard "le Maître", jamais nommé mais dont on devine rapidement l'identité.
Des tapisseries (ressemblant à celles d'Aubusson) placent l'équipe sur la piste d'un complot d'envergure qui semblerait suinter de l'Eglise... l'église qui à cette époque cherchait toujours à museler la médecine et ses avancées afin de garder le contrôle sur l'homme, son corps et son âme.
Paré et Vésale notamment, avaient observé depuis quelques décennies déjà, une mutation de l'anatomie et les humeurs humaines. Ce changement dans le corps humain paraissait lié aux origines de l'homme. Or, à l'origine, l'Homme n'était pas la seule race qui peuplait la terre... Il y avait des êtres qui, s'ils étaient encore présents à la Renaissance, et accompagnent nos scientifiques dans leur voyage à travers la France, les Alpes, l'Italie jusqu'en Transylvanie... sont considérés aujourd'hui comme légendaires ou mythologiques...

Dans un admirable "abracadabrisme" fantasmagorique -récit qui pourtant se tient parfaitement-, Gabella nous raconte la prénotion d'une découverte dans l'histoire de la médecine qui allait changer le monde... et qui explique aussi pourquoi nous ne rencontrons aujourd'hui guère encore des créatures fantastiques des anciens temps...

J'ai toute de suite accroché avec celui qui restera à travers les quatre tomes de cet intégrale le personnage principal : Ambroise Paré, un homme sensé, parfois emporté par une colère justifiée, n'hésitant pas à contester les prédicats de la médecine antique et sachant rester proche de ceux qui l'entourent malgré les péripéties qui ne manquent pas !

Peut-être plus que le scénario (que j'ai moins apprécié dans le 4e tome, plus fantastique, mais un peu trop "Opera seria de la fin" pour mes goûts), c'est bien le graphisme qui m'a parlé ! Les dessins sont précis (même dans les coins sombres des laboratoires, on reconnaît les fioles, pipettes, documents...), les personnages, humains comme créatures, possèdent des silhouettes plutôt anguleuses, mais dans les rares portraits, Anthony Jean sait remarquablement exprimer les sentiments par des traits plus doux. le "bestiaire" légendaire, étonnant par l'inventivité du dessinateur nous est présenté tout en muscles carminés et ossatures apparentes.
C'est avec le même soin pour le détail que A. Jean expose son art graphique de l'architecture (extérieure et intérieure)... fan de M.C. Escher, j'ai (évidemment) admiré la vue plongeante dans la "chambre secrète" du mystérieux "Maître" (p. 74 de l'intégrale ou planche 24 du tome 2)... Conquise, je suis !
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« Mon seul désir », la seule des six tapisseries de la Dame à la Licorne qui porte une inscription. Et la plus mystérieuse. Les cinq autres seraient l'illustration des cinq sens.

Interprétations communément admises : elle serait la représentation d'un sixième sens, celui de l'âme et des mystères de l'esprit ou plus simplement l'allégorie de l'amour courtois - « Ma maistresse, mon seul désir » vers célèbre de Charles d'Orléans - .

Se pourrait-il qu'elle soit les deux à la fois ?

Partir de ces tapisseries, aussi belles que fascinantes, comme fil rouge (je sais, elle était facile, celle-là !) d'une intrigue fantastique (au sens propre comme au sens figuré) complexe et originale, c'est là l'idée géniale de Mathieu Gabella. Mais cela ne s'arrête pas là !

Vous allez y découvrir un seizième siècle fascinant :
- les médecins, chirurgiens et barbiers qui se vouent une haine féroce, les uns engoncer dans un savoir académique, tout droit hérité de l'Antiquité, les autres, « apprentis sorciers », passionnés et animés d'une sorte d'euphorie née de la transgression des lois de la nature.
- le monde tel que le voit les scientifiques, astronomes et alchimistes, et ce sentiment de toute puissance de l'esprit humain, que va tenter de récupérer et étouffer à son avantage, l'Église, prête à tout pour asservir la multitude et posséder un pouvoir absolu sur l'espèce humaine.

Je ne veux pas trop en dévoiler, car j'aurai trop peur de vous gâcher la découverte de cette BD et j'aurai presque envie de vous dire que très vite, vous serez tellement happé par le coup de crayon d'Anthony Jean, que même l'histoire ne prendra pas le dessus… Alors, pas trop de développements sur le scénario, mais l'expression d'une grande claque : celle que je me suis prise à la découverte des dessins, des détails à foison et de la colorisation soignée qui évolue au gré du récit. Et ce déluge ! Une sacrée clef dans l'histoire et une satanée idée de génie de la part de Gabella !

Seul bémol : je pense qu'il aurait fallu quelques planches de plus pour permettre aux auteurs de poser le dénouement, sans déballer trop vite la fin.

Je m'aperçois que je ne vous ai même pas parler de la Licorne. Peur de trop en dire. Ou pas assez. Alors, laissons-là ! Car c'est ce qui fait aussi partie de ce sentiment général de tenir en mains « un petit bijou » : cette re-visitation de grands mythes, que nous prenons, pauvres fous qui gobons tout ce qu'on veut bien nous faire croire, comme ritournelles de troubadours ou paraboles de livres saints, alors qu'au bout du compte, il y a derrière tout cela, une autre réalité !

N'a t-il pas fallu tuer le Moyen Âge pour faire vivre la Re-Naissance, ce grand renouveau du monde occidental, surgi des décombres de cet âge qu'on voudrait nous faire croire arriéré et miséreux, sorte de néant insipide ?
Gabella et Jean nous en donnent la clef. La leur…

Et pourquoi pas ?!

Je remercie Tatooa et le club imaginaire, pour cette belle découverte. La lecture du mois prochain n'est pas encore fixée, vous pouvez toujours vous inscrire et venir découvrir d'autres belles pépites avec nous, si le coeur vous en dit ! ;-)
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Pour tout avouer j'ai eu un peu de mal avec le "tome 1". Je l'ai trouvé confus et j'ai eu peine à m'y retrouver (j'ai lu les 4 tomes indépendamment et non l'intégrale mais puisque la lecture commune est sur l'intégrale je poste donc ici). Ce qui a vite été dissipé avec la suite. Cette BD gagne en dynamisme et en intensité tout au long des pages.

J'ai réellement apprécié cette histoire qui tourne autour de la science et du fantastique dans un contexte historique.
J'ai eu un gros coup de coeur pour Ambroise Paré qui est un homme de science direct et franc.
J'ai trouvé l'histoire ingénieuse en mélant découverte de la médecine à la Renaissance avec des monstres légendaires ou mythologiques, tout en parlant également de génétique et d'immunité (chose inconnue à l'époque).. le côté scientifique de cette Bd m'a particulièrement séduit.
Bref, même s'il m'a fallu un peu de patience pour complètement adhérer à cette Bd je suis maintenant complètement conquise.

Quand aux graphismes ils sont purement magnifiques : pleins de finesses et de détails. rien que le dessin d'un muscle (et il y en a beaucoup) parle de lui même.

Je ne peux que conseiller cette BD : ma note 4.5/5
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Ma première participation au club de lecture "imaginaire" m'a amenée à lire "la licorne", une série de bande dessinée scénarisée par Mathieu Gabella et illustrée par Anthony Jean. Cette première participation m'a permis de faire une belle découverte.

"La licorne" est une très bonne série, une oeuvre très réussie tant du point de vue narratif que visuel.
L'intrigue est très touffue, très dense. Presque trop, j'ai parfois eu un peu de mal à suivre. "La licorne" est le type d'ouvrage qui mérite sans doute plusieurs lectures pour en appréhender toutes les subtilités. le récit mêle habilement personnages historiques et éléments fantastiques dans un décor Renaissance parfaitement rendu.
L'intrigue est bourrée d'action et offre au lecteur moult péripéties. le tout n'est pas dénué d'une dose d'humour fort agréable. le seul bémol que j'objecterais est le côté parfois un peu bavard de l'ouvrage, il y a énormément de texte (surtout dans le dernier tome). Mais ce petit détail ne vient pas gâcher la lecture.

Le récit, en plus d'être trépidant et habité par des personnages attachants et bien campés, sort vraiment des sentiers battus. L'histoire est très originale, notamment dans l'utilisation des grandes figures mythologiques. le traitement de ces créatures est audacieux à la fois narrativement, l'auteur recréé toute une cosmogonie, et visuellement. La représentation des primordiaux, à la façon de planches anatomiques, tout en muscles et os apparents, est à la fois belle et macabre.

Poésie sombre que l'on retrouve dans tout le travail d'illustration d'Anthony Jean. le dessin est très beau, à la fois très fouillé, les cases fourmillent de détails qui invitent à la contemplation (à ce titre la représentation de l'atelier du "maître" est exemplaire), et très sobres. Les dessins sont toujours lisibles.
Le découpage est à l'avenant, dynamique, clair.

En général, je n'aime pas qu'un illustrateur ait recours à l'assistance des nouvelles technologies dans son travail. J'ai un petit côté old-school, j'aime le côté artisanal, peut-être un peu moins parfait mais plus humain. Je dois avouer que j'ai été surprise d'apprendre que Jean avait travaillé la colorisation sur ordinateur. Cela ne se voit absolument pas. A aucun moment, je n'ai ressenti un aspect artificiel qui aurait pu me gêner. On jurerait du "fait main". Les couleurs sont d'ailleurs très réussies, nuancées et profondes, notamment dans les scènes nocturnes.

Je remercie donc le club imaginaire, en particulier Tatooa, pour cette jolie découverte.

Challenge Petits plaisirs 2016 - 15
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Les auteurs de cette histoire ont su très bien mêler le fond et la forme. Pour le fond, une partie des ingrédients ne sont pas inédits : en pleine Renaissance, la lutte entre l'église et la science et la porosité entre la science et l'occultisme. Là où Mathieu Gabella et Anthony Jean font un choix intéressant, c'est que plutôt que de jouer sur les oppositions entre ces différents éléments, ils ont opté pour un scénario qui les unifie, les relie tous. La période historique choisie est, de plus, propice à un autre rapprochement : celui entre des penseurs / scientifiques européens et l'antiquité. Ajoutez à cela à une dose de fantastique et nous voilà à croiser Minotaure, Chimère, Sphynx et bien d'autres créatures mythiques, empruntées aux différentes cultures qui se sont succédées sur un territoire allant des colonnes d'Hercule à l'Asie mineure (le reste de l'Asie, l'Amérique ou l'Afrique ne sont pas intégrés ; cela aurait sans doute fait trop, mais le destin du monde vu seulement d'Europe, c'est toujours un peu caricatural...). le groupe de médecins (Ambroise Paré, Andreas Vésale, Paracelse...), mené par Nostradamus, doit résoudre l'énigme de la tapisserie de la dame à la Licorne, qui permettra de déjouer un complot visant l'asservissement de l'humanité. Il n'est pas forcément utile d'en dire plus car le scénario se dévoile progressivement et reste cohérent jusqu'à la fin. Et la forme alors ? Et bien un des enjeux de la médecine de la Renaissance est de comprendre comment le corps fonctionne, des muscles au système nerveux. Les personnages sont d'ailleurs plusieurs fois amenés à échanger sur ces questions. Pour retranscrire cela, le dessin est nerveux, faisant ressortir les muscles des corps, les traits anguleux des visages. Cet aspect est particulièrement marqué pour les corps des primordiaux, noms donnés aux créatures mythiques, leur conférant un aspect un peu étrange de prime abord (ils ressemblent tous à des écorchés) mais finalement servant à la fois l'histoire et l'ambiance. Les décors sont fouillés, montrant une multitude de détails dans certaines scènes, chacun ayant son importance. Une réussite de bout en bout alors ? Pas totalement. Il y a une certaine linéarité du scénario, basé sur un schéma un peu répétitif (mystère, découverte, retournement de situation, scènes d'actions toujours plus grandes, jusqu'à la révélation finale). Ce n'est pas désagréable mais on peut supposer que le découpage de l'histoire en différents tomes de 48 pages amène trop à standardiser le déroulement de chaque étape de l'histoire. Il reste tout de même un mystère pour moi à l'issue de cette lecture
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J'avoue avoir eu du mal à me faire au dessin, un peu spécial, et à identifier les personnages, puis, je m'y suis habituée et j'ai même bien apprécié.
Habituellement, je n'aime guère quand, dans des histoires d'inspiration historique sont utilisés des personnages réels complètement revisités pour les besoins du récit.
Mais cette fois, je me suis laissée prendre complètement à l'idée très originale qui soutient l'intrigue. Cette idée à elle seule excuserait presque n'importe quelle maladresse. Je n'en dis pas plus, il vaut mieux que le lecteur la découvre lui-même.

Un petit bémol toutefois pour le dernier tome, principalement la toute fin que j'ai trouvée superflue, comme si les auteurs avaient voulu relier à leur histoire un autre mythe sans relation avec leur idée de base. C'était inutile et ça fait basculer la thèse pseudo- scientifique bien trouvée vers le fantastique.
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