Dans la série de romans où apparait plus ou moins
Monsieur Lecoq (il m'en reste un ou deux à lire), j'ai l'impression que
Les Esclaves de Paris est un peu spécial et pas le meilleur. C'est le dernier, je crois, que Gaboriau a consacré au crime et il fait quelques allusions à ses anciens romans pour constituer une sorte de « monde » cohérent. Pour être tout à fait juste, on ne peut pas le qualifier d'auteur de roman policier ; des fois il se met davantage du côté de la justice et dans le cas qui nous occupe il s'est mis du côté des malfaiteurs, c'est-à-dire que c'est essentiellement à travers eux que l'on suit l'intrigue.
Et quelle intrigue ! Elle est véritablement feuilletonesque, complètement emberlificotée, le personnage qui en tire les ficelles est un vrai génie du chantage. Il est à la tête de ce qu'on appellerait aujourd'hui une agence d'intérim pour domestiques, et c'est à travers cette armée de domestiques, patiemment constituée, qu'il se tient au courant de tous les secrets des intérieurs parisiens. Comme il songe à se retirer il décide de faire un dernier grand coup et invente une machination incroyable pour faire marcher au pas tous ceux dont il détient un secret et plumer les riches.
J'avoue avoir eu du mal à suivre le fil, à garder en tête la vue d'ensemble et les rapports entre les nombreux personnages. A mon avis c'est trop rocambolesque, trop invraisemblable, on ne compte plus les morts cachés au fond du jardin, les supercheries, les secrets, les malversations, ce n'est plus « Les feux de l'amour » mais « Les feux du crime ». Enfin, on ne s'ennuie pas et on a son lot de surprises et de rebondissements jusqu'à la fin.