Citations sur Un signe d'elle (19)
Et si c’était ça hanter quelqu’un. Pas besoin de fantôme ou de présence maléfique, juste une idée, une pensée, qui se poursuit sans cesse, qui envahit, pour se rendre maîtresse de l’esprit, afin de l’altérer, de l’abîmer, de le disloquer, l’amener à la rupture. Faire de la conscience d’un individu une ruine.
La beauté, c'est magique. Et cruel pour celles qui en manquent.
Je suis coupable de meurtre par lâcheté.
Et si c'était ça, hanter quelqu'un? Pas besoin de fantôme ou de présence maléfique, juste une idée, une pensée, qui se poursuit sans cesse, qui envahit, pour se rendre maîtresse de l'esprit, afin de l'altérer, de l'abîmer, de le disloquer, l'amener à la rupture. Faire de la conscience d'un individu une ruine.
Je préfère le silence. Parler, c'est se trahir, inévitablement. Les mots sont comme des produits fabriqués à la chaîne, du prêt-à-porter pour nos émotions. Alors qu'elles restent éminemment uniques, spécifiques, singulières, particulières à chacun, à chacune.
Comment tu peux en être si sûr?
Parce que c'est ce que je veux, Stella. Toi et moi,
c'est pour la vie.
- Pfff... Je sais déjà ce qu'elle nous réserve, la vie.
On ne fera pas mieux que les autres. Notre amour va crever bien avant nous.
"Je suis aux anges, ravi. Mon étoile s'inquiète de notre survie. Mais qu'est-ce qu'elle me trouve, bon sang?
Qu'est-ce qu'elle voit chez moi que les autres ne voient pas? Elle dit:
- Mais peut-être que si on l'arrête... Si on arrête le temps...
Quinze ans que je vis comme engourdi, ligoté à cette étrange éventualité : celle de son retour. Quinze ans que cette menace me poursuit. Elle est cette part de tristesse dans mes sourires. Elle est ce voile gris qui ternit mon regard. Elle est la raison de mon agitation dans le sommeil. Quinze ans que je ne suis ni tout à fait vivant, ni tout à fait mort.
J’attrape un petit carnet. Dedans il y a des coupures de presse : quelques articles à propos de sa mort. Celle qui pensait devenir le centre d’intérêt de New London n’aura eu droit qu’à quelques lignes dans la rubrique « Faits divers ». Que les pauvres se suicident, ça n’étonne plus personne.
Mon estomac se contracte. Une giclée acide remonte dans mon œsophage. Je cours dans les toilettes. Je vomis mon effroi. Mon corps souffre, mes yeux pleurent, ma gorge brûle. Je suis minable, sans envergure. La réalité nous rattrape toujours.
Mon père lâche un soupir ainsi que sa fourchette qui cogne contre le bord de son assiette dans un tintement cinglant. Ça fait taire ma mère. Mon père émet alors des bruits de succions : sa langue, à la recherche de bouts de viande coincés entre ses dents. Mon père aime ça, afficher sa virilité, ostensiblement, l’incarner massivement. D’habitude, ces démonstrations m’oppressent, me rendent nerveux parce qu’elles me placent sur la sellette. Depuis toujours, mon père espère que je reproduise cette façon d’être. D’être un homme. Sans succès