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Critique de SZRAMOWO


Passons outre le débat sur la légitimité de la parution de ce roman posthume...et les longues postfaces justifiant sa parution...revenons à l'essentiel, la lecture d'un roman de Gabriel Garcia Marquez dans lequel on retrouve les thèmes chers à l'auteur, la fugacité de l'amour, ses mensonges, l'humanité du sexe, la recherche d'un équilibre entre les sentiments et le plaisir.
Le personnage principal est « (…) Ana Magdalena Bach (…) âgée de quarante-six ans, dont vingt-six vécus en bon termes avec son mari (…) », chaque 16 août elle se rend sur l'île où est enterrée sa mère et y passe une nuit dans « l'hôtel le plus vieux et le plus déchu de tous. » avant de prendre le bac du retour le lendemain matin à neuf heures.
Elle comprendra au fil du récit pourquoi sa mère a choisie d'être enterré dans cette île, et comment par-delà la mort sa mère continue de diriger sa vie…
Ce 16 août-là, « (…) elle se sentit délurée, allègre, capable de tout (…) » ; au bar de l'hôtel, « le pianiste attaqua le Clair de lune de Debussy dans un arrangement hasardeux pour boléro (…) » ; « (…) juste en face d'elle, un homme singulier vêtu de lin blanc(…) » ; le lendemain au réveil « (…) la conscience brutale qu'elle avait forniqué et dormi pour la première fois de sa vie avec un homme qui n'était pas son mari la foudroya. »
« L'homme (…) lui avait ouvert les yeux sur la réalité de son mariage, jusqu'alors soutenu par un bonheur de convention qui esquivait les divergences pour ne pas trébucher contre elles, comme on cache la poussière sous le tapis. »
Elle se rassure, « Au moins cinq de ses amies s'adonnaient à des amours furtives qui les assouvissaient en même temps qu'elles préservaient la stabilité de leur union matrimoniale. » et « (…) cette coucherie sans amour qu'elle considéra, en son for intérieur comme une affaire entre elle et son mari (…)» ne la regarde qu'elle, tant qu'il l'ignore.
J'ai retenu de ce roman, même si le thème en est trivial, la capacité de Garcia Marquez à nous faire entrer dans le personnage d'Ana, à nous faire comprendre la motivation de ses actes, à douter avec elle, à partager ses certitudes critiquables. Elle seule détient la clef de sa liberté et la possibilité d'un retour à ce qui jusqu'alors avait été pour elle la norme. Plusieurs fois elle évite la sortie de route.
Le roman pose la question du mensonge et de la possibilité de vivre éternellement avec un secret dont on sait que sa divulgation mettre à bas non seulement nos certitudes bancales mais aussi celles de ceux avec lesquels nous vivons.
Il explore également la relation des vivants à la mort et à leur façon de rendre hommage aux disparus.
Avec l'espièglerie qui le caractérise, l'auteur sème le récit de références littéraires - l'Etranger d'Albert Camus, l'anthologie des contes fantastiques de Borgès et Bioy Casares, le journal de l'année de la peste de Daniel Defoe, le Dracula de Bram Stoker- musicales – Aaron Copland, le beau Danube bleu, le concerto pour violon de Brahms, Mozart et Schubert mort à 35 et 31 ans ; Ernest Chausson mort d'une chute de bicyclette – mais aussi d'autres comme la référence à l'école Montessori
Un roman qui m'a permis de retrouver l'auteur que je n'avais pas lu depuis sa dernière publication.
A lire assurément…




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