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Critique de Pecosa


« L'agence commerciale AMTORG offre aux chômeurs américains des milliers de postes de travail dans les usines de l'Union soviétique ». Cette annonce parvient jusqu'à Jack Beilis, un sans-emploi new-yorkais d'origine russe licencié de l'usine Ford Motor & Co, qui doit quitter précipitamment les Etats-Unis. Cédant aux sirènes de son vieil ami Andrew Scott, syndicaliste et communiste fervent qui lui vante de meilleurs salaires, un logement gratuit et des congés payés, il embarque en 1932 à bord du S.S. Cliffwood et intègre la Gorkovsky Avtomobilny Zavod, l'usine automobile de Gorki.
Mais "le dernier paradis » perd rapidement de sa superbe aux yeux de Beilis et des autres Américains. le modèle soviétique tant vanté aux ouvriers et aux minorités durant la crise se lézarde au fil des mois. Les salaires minorés, les conditions de vie, l'approvisionnement chaotique, le poids écrasant de la bureaucratie laminent leurs derniers espoirs. Lorsque des dysfonctionnements et des sabotages apparaissent dans les usines de montage, les boucs émissaires sont tout trouvés. Beilis, parfaitement bilingue, se trouve à son corps défendant pris dans un vaste complot mêlant espionnage et trafic à grande échelle.
Antonio Garrido nous offre avec le dernier paradis une bonne intrigue au pays des Soviets, inspiré de la mésaventure de milliers d'Américains qui avaient quitté leurs pays en quête d'un avenir meilleur. En l'absence de relations diplomatiques entre les deux nations, on les oublia là-bas, otages des plans de productivité, des revirements politiques, et des besoins de la propagande. '

C'est probablement le choix de Garrido d'aborder le thème de l'immigration ouvrière en Union Soviétique qui m'aura le plus intéressée. Nous avons tous lu probablement un jour un « Retour d'U.R.S.S. » à charge ou à décharge quand les intellectuels occidentaux se fendaient d'un séjour à l'Est sous la houlette de l'Intourist. On connait davantage le nom des victimes occidentales de l'appareil de répression soviétique quand elles furent liées au monde politique (Hugo Eberlein...) ou intellectuel (Jacques Rossi…), mais le sort des travailleurs étrangers était tombé dans l'oubli.
Le dernier paradis est un long voyage, depuis les files d'attente devant les soupes populaires aux ateliers de l'Autozavod, un thriller honnête et instructif qui prouve une nouvelle fois l'intérêt croissant des romanciers espagnols comme Victor del Arbol (Toutes les vagues de l'océan), Juan Manuel de Prada (Une imposture) Jeronimo Tristante (El rojo en el azul) pour cette période.
Je remercie les éditions Grasset et Masse critique pour cette lecture.
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