Les troubles de santé, les sensations de mal-être ou les difficultés professionnelles qui peuvent en découler surgissent rarement de façon uniforme et simultanée dans l'entreprise ou l'administration concernée. Chacun se trouve alors renvoyé à soi-même, perplexe sur ses propres capacités (sa santé, ses compétences, ces facultés d'adaptation) inquiet sur son avenir, mais aussi sévère envers les autres, l'amont qui a manqué de soin, l'aval qui met trop la pression échange ses demandes sans prévenir, les collègues immédiats qui ne tiennent pas le coup, qui s'absente, ou au contraire ceux qui font du zèle et durcissent la concurrence.
La créativité se niche précisément dans la considération que nous pouvons faire autrement. Nous l'avons vu, elle se trouve mobilisée pour trouver des solutions à des problèmes concrets, les imprévus du travail. Mais elle signe en même temps le fait d'être actif, d'avoir la main sur son temps de travail, de se l'approprier et de se reconnaître dans ce que l'on fait. Ce temps créatif au travail est alors une ressource de santé susceptible de se diffuser dans les différentes sphères de vie.
Or ce que l'on constate le plus souvent en situation de hâte, c'est que sont d'abord sacrifiées les anticipations, prise de renseignements, vérifications, concertations avec des collègues ou des clients, démarches par essais/erreurs dans les phases d'apprentissage, transmission des savoirs professionnels.
Le Sytadin qui a l'occasion de partir à la montagne se rend compte à quel point le béton l'enferme la plus grande partie de son temps. Regarder loin devant ou loin derrière est devenu une occasion rare. La pression sur le temps de l'horloge et sur ce du travail, en ne valorisant que le temps immédiat, produit pourrait-on dire le même effet.