Les auteur-e-s procèdent premièrement à une critique détaillée de l'accord unanime, entre les organisations syndicales et patronales, réformant la formation professionnelle en septembre 2003, en replaçant celui-ci dans le cadre général des politiques patronales visant à individualiser le rapport salarial.
Dans une seconde partie, ils montrent en quoi ce nouvel accord est une rupture profonde avec les principes fondateurs de loi de 1971 (qui avait permis dans l'après 68 de développer les financements et la formation continue) et enfin développent leur propositions pour favoriser l'éducation permanente en vue de réduire les inégalités.
Dans cette courte note nous ne traiterons que du premier et du dernier point, tout en signalant que la lecture de l'application de la loi de 1971 ne prends pas suffisamment en compte les conflits et l'intervention des salariés et des forces syndicales.
Sans entrer dans le détail, cet accord renvoie à trois « dimensions » : l'adaptation du salarié à son poste de travail, de nouvelles possibilités offertes aux employeurs de former les salariés hors du temps de travail et le regroupement de certaines formations autour du thème du « développement des compétences ».
Cette classification des actions de formation entraînera des conséquences quant au temps de travail et aux rémunérations. En particulier, la loi consacre la création d'un nouveau temps juridique, qui bien que rémunéré, vient s'insérer entre le temps de travail et le temps de repos, élargissant la notion même de contrat de travail.
Pour le patronat, la formation est d'abord assimilée à un coût, d'où des formations de plus en plus courtes, parce que de plus en plus adaptatives. La conception développée est que « l'individu est responsable de l'entretien et du développement de ses compétences, de son capital humain et social, de son employabilité. »
Les contre-propositions exposées sont claires : revenir sur l'accord et l'adaptation de salariés aux « nouvelles exigences » du marché du travail ; réactiver le projet d'éducation permanente en faisant reconnaître les formations qualifiantes, en instaurant un référentiel national « une éducation permanente qui ne peut se réduire à une simple formation professionnelle, rivée sur les besoins immédiats du patronat mais doit permettre le développement des connaissances et l'accès à la qualification ». Cela passe par un renforcement de l'obligation de financement et la création d'une obligation de former.
Au total, un petit livre précis et très informatif. Nous ne pouvons néanmoins que regretter l'absence des termes « plaisir », « ludique », « gratuité ». Dans leurs argumentations contre l'actuel, les auteur-e-s ne sortent pas du cadre strictement professionnel, même s'ils s'insistent sur les dimensions culturelles de la formation.
Il nous semble qu'au delà des propositions ici énoncées, une autre éducation permanente pourrait être envisageable, distanciée de la formation professionnelle, plus large, plus ouverte à l'émancipation individuelle et collective.
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La formation devient alors un instrument d'organisation de la discontinuité des vies de travail.
Les formations sont de plus en plus courtes, parce que de plus en plus adaptatives