AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Temps ultramodernes (19)

Comme Renée entrait dans le café-véranda, la musique douce diffusée par le gramophone électrique fit broncher Ogloor qui marchait à côté d’elle. Les griffes de ses pieds raclaient le plancher de façon syncopée. L’institutrice laissait pendre la bride, en prenant soin de ne jamais la tendre. Elle ne voulait pas donner l’impression de le tenir prisonnier, quand bien même elle s’était conformée à l’injonction de l’officier de coupée. Ogloor avait été si souvent captif qu’il ne songeait pas à se plaindre. La simple notion de liberté n’avait guère plus de consistance qu’un nuage pour lui qui n’avait connu que l’adversité, se répétait-elle. Par ailleurs, il dépendait totalement d’elle dans cet environnement étranger. Mais que d’autres le voient ainsi entravé et puissent en tirer jouissance ou soulagement la mortifiait, elle.

Le service proposait des petits déjeuners anglais composés d’œufs brouillés aqueux, d’un thé insipide au lait et de saucisses. Ils étaient servis sur des tables en forme de petit beurre Lu. C’était un peu cher, mais le tintamarre de réfectoire lui rappelait son école d’antan et, pour quelque obscure raison, cela la réconfortait.
Commenter  J’apprécie          253
L’esplanade contenue sous la jupe de la tour servait à la fois de zone d’embarquement et d’espaces d’attente. Sa vastitude permettait aux pavillons marchands de s’élever sur plusieurs étages. Le public avait accès aux boutiques, si bien que des soldats patrouillaient en permanence. Il restait trois heures avant l’appareillage : le temps nécessaire à l’écoulement de la foule vers les deux ascenseurs d’entrée. Marthe pénétra dans un pavillon dévolu aux partants. Elle s’était déjà pourvue du matériel indispensable à l’arrivée sur la colonie. Cela avait d’ailleurs grevé le maigre budget alloué par son éditeur. Dans les rayons s’alignaient des sacoches et des guêtres en cuir traité contre les moisissures locales, d’épaisses chemises importées du Canada, des couteaux Laguiole à la lame étudiée pour trancher les plantes martiennes, des applicateurs de latex sous pression ; mais aussi des souvenirs de la Terre : paquebots et tours Eiffel-Toussaint miniatures, sachets de terre provenant des différentes régions, billes de verre en forme de globe terrestre…

Des informations défilaient sur le panneau électromécanique. L’appareil cliquetant était surmonté d’une horloge astronomique dont les deux cadrans donnaient l’heure de Paris et l’heure de la colonie française sur Mars.
Commenter  J’apprécie          242
Le soleil ne dépassait pas encore des toits que, déjà, un tintamarre discordant emplissait l’espace. Des klaxons au niveau de la chaussée, des klaxons dans les airs où les voitures volantes louvoyaient entre les aérotrams. Renée se demanda si elle s’y habituerait un jour. Comment pouvait-il y avoir encore un seul oiseau dans les rues au milieu d’une telle cacophonie ? Comment supportaient-ils les éructations des véhicules poissant les poumons ?
Commenter  J’apprécie          194
Dans la poche de son manteau, la lettre de convocation était froissée à force d’être serrée. Renée la posa sur sa jupe, pour la lisser avec application. Sur la banquette en face d’elle, un rire étouffé lui fit lever la tête. Les quatre heures du trajet ferroviaire lui avaient permis d’étudier à loisir les passagers du compartiment. Face à elle et flanquée de deux marmots boudeurs, une matrone somnolait, le menton enfoncé dans son fichu. Assis à côté, un homme à petite moustache cirée, comme tracée au fusain, était plongé dans la lecture d’un numéro du Temps daté de la veille : le 19 novembre 1924. Son voisin de gauche, un commis voyageur d’une cinquantaine d’années, aurait pu payer double tarif tant il occupait de place. Entre ses joues couperosées, sa bouche évoquait l’embouchure évasée d’un cor de chasse. Le dernier voyageur à sa droite, avec son allure efflanquée et son air d’adolescent rêveur, semblait le négatif de son épais voisin, sans cesse à l’affût d’une saillie à caser. Celui-là aurait éclaté d’un rire gaillard au lieu d’émettre un gloussement discret.

Incipit
Commenter  J’apprécie          176
Une ritournelle lui traversa l'esprit. Chaque femme devait trois fils ; le premier pour faire tourner les usines, un autre pour les champs, le dernier pour nous venger de l'Allemagne.
Commenter  J’apprécie          90
La jeune femme décrivait le monde atomique comme s’il s’agissait de son Royaume personnel. Elle s’animait alors d’une manière extraordinaire. Ses joues s’enflammaient, son ton devenait véhément et elle se haussait sur la pointe des pieds comme pour s’élever à la hauteur de son discours. Il y avait, dans la passion qu’elle mettait à décrire les lois fondamentales, la même recherche d’absolu que Peretti avait décelée autrefois, au niveau politique, chez les anarchistes les plus exaltés (p 143).
Commenter  J’apprécie          50
Elle était persuadée - non, elle savait - que l'éducation pouvait hisser jusqu'aux étoiles. C'est pourquoi enseigner confinait au sacré.
Commenter  J’apprécie          50
- Et attention...
- N'ayez pas peur ! cria Marthe.
- ... à ma voiture !
- Ah.
- Si j'avais peur pour vous, je ne vous la confierais pas.
Commenter  J’apprécie          40
Avec la science, chaque matin, l'univers est nouveau, lui avait-elle confié. Face à l'enchantement des découvertes, être homme ou femme n'a plus de sens. Quand on est curieux, on redevient enfant.
Commenter  J’apprécie          40
Le point commun entre l’Art, le vrai, et la Révolution, c’est la subversion, pérorait Flavien. La subversion couve le futur en gangrénant le réel.
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (374) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La horde L'ascension du serpent

    Que donnent les pierres extraitent d'un crâne de dragon?

    Force et rapidité
    Pouvoir et longévité
    Pouvoirs magiques
    Vision nocturne

    20 questions
    2 lecteurs ont répondu
    Thème : Hordes, tome 1 : L'ascension du serpent de Laurent GenefortCréer un quiz sur ce livre

    {* *}