Retrouver la plume de
Maurice Genevoix, c'est tout simplement divin.
Ce livre a pour moi une valeur particulière j'y ai trouvé ma devise : « Se griser d'orgueilleuse solitude ».
Un beau roman d'apprentissage pour tout être vivant, peut-être encore plus pour l'humain qui se détache des valeurs essentielles pour aller vers le superficiel.
Les mots glissent, bruissent, éclairent, remplissent de tendresse et de cette clarté qui redonne la vue sur la nature.
Ainsi débuta la vie de rroû : « Deux chatons seulement, un noir, un blanc, se blottissaient à présent contre elle.… le noir sans un regard vers lui, s'avança davantage à l'extrême bord du nid abandonné. La toile lâche s'évasait, coulait dangereusement sous ses pattes : il les raidit, crispa ses petites griffes juste au moment où elle cédait. Tête en avant il bascula, dégringola, se retint, reprit sa glissade cramponnée, et se trouva piété sur l'immensité du plancher. »
Et puis en grandissant la vie nous apprend :
« Alors il oublie tout, le jeu, le soir léger, l'allégresse des poursuites galopantes. La sauvagerie pousse en lui son flot rouge. Il se rue, la gorge grondante, roule sous lui l'adversaire et mord à pleines mâchoires, en cherchant à blesser profond. »
« Elle hésite, elle s'allonge dans l'herbe, tandis que rroû prolonge son implorante et voluptueuse chanson : Ne tremble plus. Reste. Je t'ai trouvée. »
La Charmeraie devient son paradis, mais les humains décident que les vacances sont finies. Expliquez cela, vous, à rroû…
Maurice Genevoix déploie un style flamboyant étayé par un vocabulaire riche, d'une justesse et d'une poésie à nul autre pareil.
Nous suivons au fil des saisons, la découverte de la vie par ce chat noir, qui par sa vitalité, son audace, son courage, nous donne une belle leçon à méditer.
Je n'ai jamais lu de plus bel hommage à nos compagnons félins que nous devons respecter.
Que d'amour et de grâce dans ces pages !
©Chantal Lafon – Litteratum Amor 4 janvier 2019.