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EAN : 9782021186116
359 pages
Seuil (25/09/2014)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Poésie et soufisme partagent un même rapport à l'indicible et à la fulgurance de l'inspiration. L'une et l'autre concourent à la saisie de réalités spirituelles que la raison ordinaire ne peut appréhender. Le recueil poétique ( Dîwân ) étudié ici est l'ouvre de trois maîtres soufis, éveilleurs de conscience. Par sa stature spirituelle et son rayonnement initiatique, le cheikh algérien Ahmad al-'Alâwî en est la figure centrale.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A travers l'étude de la production poétique (ou hiératique) de trois maîtres de l'initiation islamique (tassawûf ou "soufisme"), Cheikh Bûzîdî, Cheikh Alawî et Cheikh 'Adda Bentounes - qui sont liés par la généalogie spirituelle, puisque respectivement maître et disciple - Eric Geoffroy remplit un rôle plus général, celui de faire une synthèse du tassawûf, autant dans ses ramifications pratiques (modalités du dhîkr ou du sâmâ') que son essence métaphysique (le tawhîd "de l'élite").

Même pour quelqu'un qui aurait déjà acquis une modeste somme de connaissances sur ces sujets (d'où les quatre étoiles, seulement!), ce livre garde tout de même un certain intérêt, ne serait-ce que par la forge produite par des maîtres modernes (ils sont tous morts au siècle dernier) dans un "contexte" qui nous sied, et donc une perspective assez intéressante par des auteurs (je compte Eric Geoffroy parmi ceux-là) qui tentent d'articuler le tassawûf dans un habit nouveau.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une fois les yeux fermés, le pratiquant invoque le nom « Allâh » en fixant, en « visualisant » (al-tashkîs) le graphisme lumineux de chacune de ses lettres :

En visualisant les lettres tu recevras Sa grâce,
Jusqu'à les voir apparaître aux horizons !
Mais ce n'est que dans ton cœur qu'elles se manifestent,
Et lorsque le Nom sera bien ancré en toi, s'en ira la
distraction
Agrandis ces lettres autant que tu peux,
Sur toute chose trace-les, vers le haut et vers le bas.
La visualisation du Nom réalisée, par sa lumière tu t'élèveras,
Et les mondes en toi s'anéantiront ! (Cheikh 'Alâwi)

Des textes en prose du cheikh 'Alâwi fournissent des détails sur cette pratique : l'origine et la longueur du souffle qui traverse le corps lors de la prononciation du Nom, les diverses couleurs qui peuvent apparaître et les différents modes de visualisation qui se succèdent...

Dans la tradition Shâdhilyya-Darqâwiyya, et donc 'Alâwiyya qui la prolonge, le nom « Allâh » doit être expiré jusqu'à l'extinction du souffle. Le Nom se résorbe alors dans la lettre finale, le h, c'est-à-dire la lettre arabe Hâ. Le cheikh 'Alâwî rappelle, à l'instar d'autres maîtres, qu'une des particularités du nom « Allâh » est que sa signification ne s'altère pas si l'on supprime les lettres qui le constituent, l'une après l'autre :

- si l'on ôte la première lettre (le alif), on obtient li-Llâh : « pour Dieu » ;
- si l'on ôte la deuxième (le premier lâm), on obtient la-Hu : « pour Lui » ;
- si l'on ôte la troisième (le second lâm), il reste Hâ, ou Hu : « Lui ».

La valeur initiatique du nom « Allâh » et de chacune de ses lettres est patente dans ce poème du cheikh 'Adda :

Le alif du nom « Allâh » est mon épée, le hâ' ma monture,
Et je tiens les rênes du double lâm !
[Ce Nom] est mon Burâq, lorsque je le veux il me fait parvenir au but,
Il est mon Ascension, lorsque je désire m'élever au
Lotus !
Le nom « Allâh » est mon secret, mon esprit, ma vie,
Mon ouïe, ma parole, et la lumière de ma vue !

La lettre ou le son Hâ', en particulier, a une teneur ésotérique majeure. Les soufis anciens voyaient déjà en lui « la quintessence du nom "Allâh" ». Pour Ibn 'Atâ' Allâh, il représente l'« Être absolu de Dieu », et pour le cheikh 'Alâwî, il est l'« essence même du Nom ». Le cheikh Bûzîdî rend compte ici de la densité initiatique de cette lettre :

Déambule dans la signification du Hâ,
Et perds-toi dans Celui qu'il nomme ! (pp. 211-213)
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Lorsque je me suis totalement annihilé en Dieu
Ne resta plus de moi que le « Je » divin.
Dans les mondes sensible et subtil,
Je suis le chercheur, le Cherché !
Mon breuvage est à moi, provient de moi,
Et mon secret se trouve dans les créatures.
Comment pourrait-il y avoir un « deuxième » ?
Je suis celui qui boit, Celui qui est bu !
Je suis la coupe, je suis le Vin,
Je suis la porte, je suis la Présence !
Je suis la synthèse, je suis la multitude,
Je suis l'amant, je suis l'Aimé ! (Cheikh Bûzîdî, p. 326)
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Ne crois pas que le monde a été créé vainement :
Il n'est autre que lettres et signes !
Si tu observes bien, tu n'y verras aucune déficience.
Celle-ci ne concerne que certaines personnes,
Qui, par ignorance, ne regardent que le spectre de l'humanité.
Distraits sont-elles des semis qui y sont plantés !
Pour l'être illuminé par les soleils de la connaissance,
L'humanité est tel un livre révélé.
Combien étonnante, toi le distrait, est ton
inconscience ! (Cheikh Adda Bentounes, p. 149)
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D’évidence, poésie et mystique partagent un même rapport à l’indicible, une même fulgurance de l’inspiration, une même puissance incantatoire, un même recours aux symboles, à la transmutation du sens et à l’ambiguïté originelle du langage.
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