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Critique de nadejda


«Il va, le Transsibérien, il va il va, il épouse le temps, macéré de patience. Il traverse une géographie du temps, d'ouest en est. Il va à rebours du trajet du soleil. Il désheure le corps, et peu à peu, l'esprit des passagers. Il fait matin en plein sommeil, et vif éveil au milieu de la nuit. Demain grignote chaque aujourd'hui.»
Comment dire le monde sans vous, père et mère ? Dans le Transsibérien qui l'emporte, l'éloigne, Sylvie Germain à travers les poètes qu'elle aime, la beauté des paysages traversés, les peuples disparus qu'elle évoque, tente d'apprivoiser le vide de l'absence. Elle nous offre là l'un de ses textes les plus poignants.
Le chant qu'elle élève à «la candeur souveraine du bleu du lac Baïkal» dont elle dit qu' «Il est aussi une vulve bleu satin chaste dans sa nudité qui est ostension de splendeur» est à l'image de tout ce livre, un hymne à l'amour.

C'est bien souvent que les larmes affleurent en le lisant et il rejoint un autre livre qui ne me quitte pas «La pleurante des rues de Prague» où Sylvie Germain évoquait, dans la sixième apparition de la pleurante, la mort de son père survenue alors qu'elle vivait en Tchécoslovaquie.
Ces deux disparitions se répondent dans "le monde sans vous" où elle reprend d'autres textes écrits pour la mort du jardinier amoureux des roses. Des poètes bercent l'évocation de sa mère, des peintres ravivent celle de son père.
«Et pas de dernier mot. Juste des mots nomades, infusés du silence même qui irradie des disparus, du grand silence qui flue de l'extrême lointain vers lequel ils s'en vont, inexorablement. Juste des mots légers comme des caresses, des signes de salutation, des sourires encore pâles, souvent brouillés de larmes, mais non dépourvus de clarté. Des mots, de simples mots sans prétention, moins pour chercher à bâtir de superbes tombeaux que pour tenter d'ouvrir en grand les tombeaux vides, et de les maintenir tels.»
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