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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Amatrices de Jane Austen , réjouissez-vous, ce roman possède la même atmosphère, le même décor de campagne anglaise, les mêmes riches oisifs qui évoluent de garden-parties, en thés, et autres festivités, les mêmes jeunes filles qui vivent sous la coupe d'un homme en attendant le mariage comme planche de salut . La seule chose de différente , c'est l'époque : nous ne sommes plus sous le règne de la Reine Victoria mais dans les années 1936-37, et donc la société a (un peu !) évolué...
Après un an à peine de mariage , la jeune Viola Wither se retrouve veuve à 21 ans et contrainte financièrement de quitter Londres et de retourner vivre à la campagne chez ses beaux-parents.
Là-bas toute la maison vit au rythme des humeurs de monsieur Wither qui fluctuent en fonction de la bourse . Ce brave homme, oisif, ne pense qu'à l'argent . La mort du fils leur a fait autant de peine qu'un pet de lapin ! Sa femme déploie des trésors de patience et "marche sur des oeufs " , quand à leurs (vieilles ) filles , Madge (40 ans ) et Tina (35ans), , elles vivent au jour le jour en attendant qu'il se passe (enfin ! ) quelque chose ... Rien ne pourrait faire plus plaisir à Madge que d'avoir un chien , et Tina a un gros béguin pour le sublime chauffeur ... Mais une mésalliance est impensable ! le frère avait déjà à moitié déshonoré la famille en épousant Viola, simple vendeuse ... L'arrivée de cette toute jeune fille va légèrement bousculer la torpeur de cette maison ennuyeuse , voisine de celle des Spring , dont la vie n'est qu'un tourbillon de festivités .

Campagne anglaise endormie, position de la femme inféodée à un mari (père ou beau-père), esprit malicieux et taquin , Stella Gibbons marche sur les pas de Jane Austen avec délectation . Dans ce roman sorti en 1938, on sent les frontières entre les différentes classes sociales devenir de plus en plus poreuses , les jeunes filles s'émanciper . Les socialistes pointent le bout de leur nez et la future guerre ne fait qu'un tout petit paragraphe, cette histoire est comme un polaroïd de l'époque... un joli polaroïd !
Mais quelle bonne idée ont eu les éditions Héloïse d'Ormesson de ressortir ce roman délicieux !
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L'écriture de ce roman datant de 1938 est surannée, un peu précieuse même. On y trouve des ressemblances avec le style de Jane Austen et son goût prononcé pour les fêtes en tout genre : les bals, les garden-party, les réceptions diverses et variées autour d'une tasse de thé et d'un sandwich aux concombres, nous y découvrons une critique de la société comme le faisait Elizabeth Gaskell et des petites intrigues comme dans les romans d'Elizabeth von Armin.

Nous suivons deux familles de notables pendant plusieurs mois : les Wither et les Spring. Elles vivent dans le même petit village anglais. L'une est très conservatrice et puritaine, l'autre est plus moderne et sait davantage profiter des plaisirs de la vie.
L'arrivée chez les Wither de la jeune veuve de leur fils va bouleverser le calme de ce village d'ordinaire très paisible. Ce couple déjà âgé accueille donc sous son toit la jeune femme qu'à épousé leur fils. Ils la reçoivent chez eux par charité plus que par gentillesse d'ailleurs, car elle ne correspondait pas à l'idée qu'ils se faisaient d'une belle fille, Viola est en effet trop jeune, trop jolie et il faut dire aussi qu'avant de réussir à épouser leur fils, elle n'était qu'une simple vendeuse, ce qui est quelque peu indigne de leur rang social.

Vous l'aurez compris, ce roman est drôle, sarcastique, mais aussi plein d'esprit et de finesse, l'analyse des différentes classes sociales est bien vue et chaque personnage est décortiqué et se montre sous son jour le plus comique. Je l'ai dégusté lentement et savouré jusqu'à la dernière ligne avec un immense plaisir.
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Viola , jeune veuve sans le sou, est contrainte d'habiter avec ses beaux-parents et leurs deux filles célibataires dans leur propriété à la campagne. Très vite, elle se rend compte que la vie ne va pas être toute rose...

Je m'attendais à lire une romance classique dans l'Angleterre de l'entre-deux guerres, mais c'était sans compter le regard sans complaisance de l'auteur vis à vis de ses personnages. Et c'est ce qui m'a plu : Stella Gibbons s'applique à mettre l'accent sur les faiblesses et petits travers de ses héros et héroïnes, parfois jusqu'à la caricature certes, mais c'est plutôt réussi.

L'humour est omni-présent, délicieusement pince-sans-rire, et la "bonne" société de la province anglaise en prend pour son grade : le respect des classes, l'attachement viscéral aux traditions, le conformisme, tout est chamboulé par un souffle de modernisme et de jeunesse qui n'arrive plus à se contenir...

Une très jolie découverte, un très bon moment de lecture.
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Je suis conquise par ce livre sans prétentions qui nous transporte littéralement dans les années 1930 en Angleterre. Viola, jeune veuve sans le sou, doit aller vivre chez ses beaux parents avec ses deux belles soeurs encore célibataires a plus de 35 ans. Ce sont des gens routiniers peu ouverts radins et a cheval sur les principes. Les jeunes femmes s'ennuient prodigieusement et l'auteur nous dépeint de manière très réaliste leur quotidien sans saveur, les moments de la journée qui se suivent avec l'espoir que quelquechose va arriver et changer leur vie. Heureusement les choses changent et Viola tombe sous le charme de Victor, un homme très riche fiancé très courtisé.
Ce livre est passionnant. J'ai adoré l'ambiance de l'époque, le réalisme de l'auteur pour décrire les sentiments de chacun. L'auteur nous tient en haleine avec beaucoup de rebondissements et on ne sait jamais si ce qu'on attend va avoir lieu ou non.
Un superbe livre pour les amatrices de Jane Austen et de l'ambiance surranee anglaise.
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Après avoir été partiellement traduite dans les années 40 aux éditions Julliard, il aura fallu attendre la fin de l'année 2013 pour qu'une maison d'édition française prenne enfin l'initiative d'exhumer de ses cendre l'oeuvre de Stella Gibbons avec la publication aux éditions Héloïse d'Ormesson du roman « Nightingale Wood » sous le titre français « le Bois du Rossignol ».

Née à Londres en 1902, la romancière et poétesse anglaise est pourtant à l'origine d'une oeuvre prolifique (plus d'une vingtaine de romans, plusieurs recueils de poésie et différentes nouvelles… entre autres !) et connut le succès dès 1932 avec la parution de son premier roman Cold Comfort Farm, lauréat du prix Fémina Etranger (une sacrée ironie du sort quand on voit comment l'auteure a par la suite été si peu traduite en France !).

A l'heure où les réécritures de contes ont le vent en poupe, Stella Gibbons ferait presque figure de pionnière dans la matière avec ce récit paru en 1938. Mais derrière l'apparente homologie de forme, la romancière tire rapidement son épingle du jeu, déclinant une intrigue particulièrement soignée et qui conjugue avec brio sens du divertissement et féroce peinture sociale.

Dans cette version (très) librement revisitée du conte de « Cendrillon », Viola tient donc le rôle de la princesse romantique méprisée par sa belle-famille, qui rêve que Victor (le prince charmant local dont toute la gente féminine se dispute les faveurs) vienne la sauver d'une vie mortellement ennuyeuse. Comme dans tout conte qui se respecte, les personnages devront faire face à moult péripéties et composer avec des éléments perturbateurs qui ne manqueront pas de venir contrarier leurs projets. Mais ici, le principal obstacle à leur bonheur, ce sont avant tout les barrières sociales et le poids des conventions qui imprègnent la société anglaise du début du XXème siècle, ainsi que la peur de chacun de s'en affranchir.

Si pour étayer sa démonstration, Stella Gibbons s'appuie sur une mise en scène de départ on ne peut plus caricaturale et sans grande subtilité apparente, l'angle d'attaque utilisé par la suite permet d'en dégager rapidement l'intention narrative sous-jacente. Etoffant ses personnages au fil des pages, la romancière leur confère peu à peu une réelle profondeur psychologique et, aussi antipathiques que certains puissent paraître, le lecteur se passionne rapidement pour leurs histoires et leurs déboires respectifs. Sans jamais se départir de son ton plein d'esprit, Stella Gibbons multiplie les observations acides ainsi que les petites phrases qui font mouche. En filigrane du ressort purement comique, elle ne tarde pas à mettre ainsi en place les fondations d'une véritable satire sociale, aussi grinçante que parfaitement orchestrée. Au-delà du prétexte du simple pastiche de conte, l'écrivain pointe peu à peu du doigt les travers d'une société hypocrite, cloisonnée et figée dans ses principes, et au sein de laquelle la hiérarchie sociale et les relents moralisateurs paralysent tous les élans.

Snobisme invétéré au risque de vivre et finir sa vie dans la solitude, coeur qui balance entre raison et sentiments, volonté de s'élever par tous les moyens sur l'échelle sociale ou au contraire désir de s'émanciper quitte à renoncer à ses privilèges,… Stella Gibbons déploie une palette de personnages issus de milieux sociaux divers et aux aspirations éclectiques. A partir de leurs trajectoires disparates et de leurs chassés-croisés incessants, l'auteure créée ainsi un véritable microcosme représentatif de la société de l'époque dont elle s'attèle à décortiquer les travers. Dénonçant le snobisme d'un monde corrompu par l'argent et où la valeur de l'individu est proportionnelle à son compte en banque, elle déplore l'hypocrisie ambiante, la vulgarité camouflée et la fausseté de toute une époque, tout en égratignant au passage la médisance populaire et les colporteurs de ragots.

Volontiers comparée à Jane Austen pour la causticité de sa plume et sa propension à égratigner la société de son temps, Stella Gibbons se démarque pourtant par son humour plus grinçant et un registre plus âpre et décomplexé. S'inscrivant dans une époque plus contemporaine et donc plus proche de la nôtre, « le bois du rossignol » exploite ainsi des thématiques plus variées et dans une liberté de ton sans commune mesure avec celle d'Austen. Si on retrouve certaines thématiques archi-rebattues comme celle du mariage, de l'argent ou des conventions sociales, d'autres sujets, quant à eux plus inattendus et davantage dans l'air du temps, viennent s'y greffer, tels que la sexualité ou l'émancipation de la femme, le tout dans un ton définitivement plus corrosif.

A travers ce roman, Stella Gibbons laisse par ailleurs entrevoir une véritable griffe littéraire. Aussi proche de son lecteur que de ses personnages, sa narration est aussi intimiste et pénétrante qu'entièrement dévouée au service de son récit. Interpelant le lecteur à de multiples reprises, l'auteure établie avec lui un vrai lien de complicité dans un souci constant de l'impliquer dans les moindres détails de son intrigue et de maintenir intacte toute son attention.

Stylistiquement irréprochable, cette construction audacieuse cultivant aussi bien le développement des personnages que la proximité avec le lecteur contribue à créer une atmosphère pénétrante dont on a toutes les peines à s'extraire. Avec sa plume caustique à souhait, doublée d'un style accrocheur, percutant et parfaitement limpide, Stella Gibbons insuffle à l'ensemble un rythme d'une redoutable efficacité. Reprenant les codes et l'architecture propres au genre du conte de fées et poussant le comique jusque dans le choix des noms de famille des personnages (« Wither » et « Spring », parfaitement révélateurs des portraits psychologiques des deux familles.), l'auteure fait progresser ses différentes lignes scénaristiques en parallèle, sans jamais que la narration ne s'essouffle. Si elle se laisse parfois aller à utiliser de grosses ficelles narratives, l'intérêt du lecteur reste intact jusqu'au dénouement final, venant clôturer en apothéose ce véritable bijou de la littérature anglaise ! Un vrai coup de coeur !

A souligner pour terminer la remarquable traduction de Philippe Giraudon, permettant au lecteur de pleinement apprécier l'écriture de Stella Gibbons, dans toute sa finesse et sa corrosivité ! Un délice !

* * *
Avec « le bois du rossignol », Stella Gibbons embrasse pleinement le parti-pris du détournement assumé et de la parodie en bonne et due forme du conte de fées, au profit d'une étude féroce et mordante de la nature humaine et de la société anglaise du début du XXème siècle. Mais quoique reposant à première vue sur des personnages stéréotypés à l'extrême, l'intrigue déployée par la romancière n'en repose pas moins sur des ressorts comiques non dénués de subtilité.

L'écriture de l'auteure, redoublant de malice et corrosive à souhait, est ici pleinement au service de son sujet, et la romancière semble s'en donner à coeur-joie quand il s'agit d'égratigner la société anglaise de l'époque. Au décours d'une intrigue aux multiples lignes scénaristiques parfaitement maîtrisée et d'une redoutable efficacité, elle emporte son lecteur de la première à la dernière ligne.

Drôle, mordant, tendre, émouvant et toujours plein d'esprit, « le Bois du rossignol » est un roman magistral qui nous emporte dans un tourbillon d'émotions et que l'on referme avec regrets.
Lien : http://lectriceafleurdemots...
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