AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Moi, le sport, ce n'est pas mon fort (le contraire de Nelson) (ha ha), mais ça ne m'empêche pas de m'y intéresser, de regarder les matchs ou les compétitions à la télé, et si j'en réprouve les excès (l'argent, le dopage, la violence, etc.), je sais en reconnaître les vertus, le dépassement de soi, l'esprit d'équipe, la loyauté dans la compétition, le respect de l'adversaire, etc.
Ces valeurs, on les retrouve parfois dans quelques livres, souvent témoignages de sportifs, et aussi parfois romans. C'est le cas de la ligne droite, d'Yves Gibeau. Cet auteur honorable (1916-1994) nous a laissé quelques titres intéressants : Et la fête continue (1950) (sur la guerre à Marseille en 1943), Allons z'enfants (1952) (sur la vie des enfants de troupe), Les gros sous (1953) (Prix populiste), et bien sûr La ligne droite (1956) (Grand prix de littérature sportive)
La façon dont je suis arrivé à lire ce livre est tout-à-fait insolite, et mérite d'être contée.
C'était je pense vers 1964 ou 1965. Nous étions, mon frère Henri et moi, en colonie de vacances au lac de Mouriscot, près de Biarritz. Un soir nous eûmes droit à une animation un peu spéciale. Nous étions tous assis par terre dans une immense salle, dans une quasi obscurité. Seule une tache de lumière, dans un coin de la salle, loin devant nous, révélait une présence. Eclairé seulement par une bougie, un homme, barbu, assis sur une chaise, fumait la pipe ; si l'on discernait à peu près son visage et la main qui tenait la pipe, le reste de sa personne se noyait dans la nuit. Nous nous demandions ce qui allait arriver, lorsque, d'une voix posée, ce fabuleux conteur - qui avec le recul ressemblait un peu à Jean-Pierre Chabrol, par la silhouette et l'accent -, commença à nous raconter une histoire. C'était l'histoire vécue d'un coureur allemand, appelé Siegfried . Grand champion avant la guerre, il perdit l'usage d'un bras lors d'une bataille. A l'armistice (les vainqueurs disent la victoire, les vaincus disent l'armistice), il était presque une loque humaine, presque un clochard, lorsque le hasard lui fit rencontrer son ancien entraîneur qui petit à petit lui fit reprendre goût à la vie, et confiance en soi, jusqu'au point de reprendre l'entraînement et la compétition, et même de redevenir champion. L'histoire était passionnante et nous tint en haleine toute la soirée. Il faut dire qu'elle était racontée à merveille. Bien plus tard j'appris que l'histoire était l'adaptation d'un roman d'Yves Gibeau, La ligne droite, où je retrouvais intacte l'aventure de ce fameux Siegfried, que nous n'avions jamais oublié. Dans le roman, il s'appelait Stefan Volker, mais c'était bien la même histoire. Nous en eûmes aussi la preuve en voyant à la télé un film de 1962, réalisé par Jacques Gaillard, avec dans les rôles principaux Jean-Claude Massoulier et Daniel Ivernel.
Sur ce très beau sujet, Gibeau décline ses valeurs d'humanisme et de paix entre les peuples, et prône avec le même enthousiasme le dépassement de soi et l'amour de la vie - qui passe ici par le sport. C'est aussi une très belle histoire d'amitié.
Un livre à lire et à faire lire, qu'on soit sportif ou pas.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}