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Citations sur Identification des schémas (9)

Les déferlements limbiques lui affolent le cerveaux . Ce bon vieux reptile demande à tort et à travers du sexe , de la nouriture , l'oubli , tout en même temps ...
Rien de tout cela n'est possible pour l'instant , pas même la nouriture : la nouvelle cuisine de Damien est aussi vide que les élégantes vitrines récupérées chez un designer de Camden Hight Street . Étagères supérieures en plastifié jaunes poussin
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Il faut toujours laisser une place à la coïncidence, selon Win. Quand on ne le fait pas, on tombe fatalement dans l’apophénie. Chaque chose devient partie intégrante du schéma global d’une conspiration. Et en se confortant dans la symétrie parfaite du tout, d’après lui, on a trop de chances de rater la vraie menace, toujours moins symétrique, moins parfaite. Mais qu’il supposait toujours être là, elle le savait.
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-Bien sur, nous n'avons pas la moindre idée de ce que les habitants de notre futur seront. A ce sens, nous n'avons aucun futur. Pas comme nos grands parents en avaient un, ou pensaient en avoir un. Les futurs culturels entièrement imaginables sont un luxe révolu.Ils datent d'une époque ou "maintenant" durait plus longtemps. Pour nous, bien sur les choses peuvent changer si brusquement, si violemment, si profondément, que des futurs comme celui de nos grands parents n'ont plus assez de "maintenant" pour s'établir. Nous n'avons aucun futur car notre présent est volatil. Nous nous contentons de limiter la casse. De faire tourner les scénarios du moment. Identification des schémas.
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Stonestreet exhale une rivière de fumée.
– Eh oui, il faudrait.
Ils regardent tous les deux Cayce. Qui fixe Dorotea dans les yeux.
– Prête, quand vous voulez.
Dorotea déroule la ficelle sous le bouton le plus proche de Cayce. Soulève le rabat, saisit entre pouce et index.
Silence.
– Allez, ponctue Stonestreet en écrasant sa Silk Cut.
Dorotea tire un carré de papier cartonné, vingt-sept centimètres d’arête. Le montre à Cayce.
Il y a un dessin. Une sorte de gribouillis au pinceau japonais, un trait noir et épais. Elle y reconnaît la marque de fabrique de Herr Heinzi lui-même. Pour Cayce, on dirait un spermatozoïde en syncope, par le dessinateur underground américain Rick Griffin, en 1967. Elle sait tout de suite que pour les obscurs standards de son radar interne, cela ne fonctionne pas. Elle ne sait pas comment, mais elle le sait.
Mais elle imagine soudain la foule d’ouvriers asiatiques qui pourraient, si elle disait oui, passer des années à appliquer des interprétations de ce symbole sur une marée incessante et écrasante de chaussures. Quel sens aurait-il pour eux, ce spermatozoïde sautillant ? Finirait-il par pénétrer leurs rêves ? Leurs enfants le dessineraient-ils sur le trottoir avant de connaître son sens de marque ?
– Non.
Stonestreet soupire. Pas très fort. Dorotea range le dessin dans son enveloppe, sans prendre la peine de la refermer.
Le contrat de Cayce pour une consultation de ce type stipule qu’on ne lui demandera en aucun cas de critiquer, ou de donner le moindre conseil créatif, le moindre apport que ce soit. Elle n’est là que pour servir de réactif humain très spécialisé.
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Margot, l'amie de Melbourne, l'avait toujours qualifié de Lombard. [...] "Littéralement Odieux, mais Bien Agréable, Rayon Dollars."
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Elle est venue aux frais de Blue Ant. Une petite société (en termes de personnel permanent), installée à l’international. Plus postgéographique que multinationale. Cette agence s’est dès le début vendue comme une forme de vie rapide et efficace dans une écologie publicitaire de mastodontes herbivores. Ou comme une forme de vie à base carbone entièrement née du front lisse et ironique de son fondateur, Hubertus Bigend. Un Tom Cruise belge nourri de sang de vierge et de truffes en chocolat.
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Quatre heures plus tard, elle est sur le réformateur d’un studio Pilates, dans une allée chic appelée Neal’s Yard. La voiture et le chauffeur de Blue Ant attendent dans la rue, un peu plus loin. Le réformateur est un appareil très long, très bas, presque inquiétant, évoquant Weimar avec tous ses ressorts. Elle s’allonge, les jambes écartées en appui contre la barre du bout. La plateforme matelassée sur laquelle elle repose roule d’avant en arrière sur des glissières d’acier, les ressorts chantant tout bas. Dix comme ça, dix sur les orteils, dix avec les talons… à New York, elle fait cela dans un centre de fitness fréquenté par des danseurs professionnels, mais là à l’écart, ce matin, elle pourrait être la seule cliente. L’endroit vient d’ouvrir, et ce genre de chose n’est peut-être pas encore très populaire ici. Sans parler de l’ingestion de toxines archaïques, typique du monde-miroir. Ici, les gens fument et boivent comme si c’était bon pour la santé. Ils semblent encore filer le parfait amour avec la cocaïne. Le prix de l’héroïne a baissé, d’après ce qu’elle a lu. Le marché est encore saturé par la vente à perte des réserves d’opium afghanes.
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Cinq heures de décalage horaire made in New York. Cayce Pollard se réveille à Camden Town, cernée par les loups affamés de son cycle circadien chamboulé.
Elle traverse la fatidique non-heure d’inertie spectrale. Les déferlements limbiques lui affolent le cerveau. Ce bon vieux reptile demande à tort et à travers du sexe, de la nourriture, l’oubli, tout en même temps…
Rien de tout cela n’est possible pour l’instant, pas même la nourriture : la nouvelle cuisine de Damien est aussi vide que les élégantes vitrines récupérées chez un designer de Camden High Street. Étagères supérieures en plastifié jaune poussin, les plus basses en contreplaqué laqué, aulne et bouleau mêlés. Le tout très propre, presque désert, à part une boîte contenant deux pains de Weetabix complètement secs et quelques sachets de tisane épars. Rien dans le frigo allemand étincelant, qui sent le froid et les monomères longs.
À cet instant, en entendant le bruit blanc qu’est Londres, elle est certaine que la théorie de Damien sur le décalage horaire est juste : son âme immortelle est loin derrière elle, au-dessus de l’Atlantique, tractée sur quelque fantomatique cordon ombilical dans le sillage de l’avion qui l’a menée jusqu’ici. Les âmes voyagent moins vite, suivent à leur allure. Il faut les attendre à l’arrivée, comme une valise perdue.
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