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Critique de memma


memma
29 novembre 2016
Paludes est une sorte de pochade que Gide a écrit très jeune. Il prend partie contre la forme romanesque classique (comme le disent mieux que moi Estella et Lecassin) ; il y caricature les cercles de littérateurs ; mais surtout, il s'amuse.
Le narrateur a comme particularité récurrente d'être en train d'écrire Paludes ou plutôt de le dire sans arrêt (Qu'est-ce que tu fais ? J'écris Paludes). Paludes - le roman qui s'écrit - est entièrement parodique ; il met en scène Tityre, personnage de la première bucolique de Virgile ; celui-ci vit près d'un marécage, comme l'indique le nom de l'oeuvre, issu du latin « palus, paludis » qui signifie « marais ». Il s'y ennuie beaucoup, comme le Tityre des Bucoliques, qui au fond est condamné à vivre sans cesse sous son hêtre.
En réalité, Tityre ne fait pas grand chose et le narrateur non plus : à ce titre le comique de répétition fonctionne à peu près comme dans le début de Belle du Seigneur où le fonctionnaire de la SDN se met au travail cérémonieusement tous les matins sans jamais rien faire. L'un est condamné à son retrait pastoral ; l'autre passe sa vie à des échanges mondains et littéraires tout à fait creux. Lors d'une réception, par exemple, il rencontre un ami qui évoque le proverbe latin « Numero deus impare gaudet » (qui signifie : le dieu aime le nombre impair) en le traduisant par « Le numéro deux se réjouit d'être impair ».
Ce roman était le roman fétiche de ma famille. Ma mère s'étouffait de rire en le lisant et nous poursuivait pour nous en relire des bouts. La séquence : « qu'est-ce que tu fais / j'écris Paludes » était devenu chez nous une sorte de scie.
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