A seize ans, la tête et le cœur se confondent bien souvent. (p 12)
De nos jours, l’écriture romanesque était censée être une annexe de l’épanouissement personnel. Et on n’était pas à l’abri d’un best-seller ! De plus en plus de gens sautaient le pas, ç’avait l’air si facile, si évident.
Sauf que non.
L’auteur autoproclamé avait beau se torturer les méninges, il était (déjà) à court d’inspiration. Sans parler des trois emmerdeuses de service : la syntaxe, l’orthographe et la grammaire. Après chaque relecture, il aboutissait à la conclusion que c’était (très) mauvais !
Il aurait voulu être Jack Malcombe ou Stephen King.
Il n’était que Xavier Deckard.
Les enfants pouvaient être plus cruels que n'importe qui.
Ils en savaient trop peu pour comprendre, mais juste assez pour faire mal.
Ce n’est sans doute pas la meilleure idée qu’ils aient eue, mais c’est la seule qui se soit imposée à leur esprit. De toute façon, maintenant, il est trop tard.
Tous mes problèmes étaient résolus. Je te jure que je l’ai regretté… au point que j’en ai perdu la capacité à écrire pendant toutes ces années
D'une couleur indéfinissable, le ciel retient la dernière pluie du soir. Des nuages gris s’ourlent d'un galon de velours bleu. Ce devrait être le printemps, le temps gracieux de la renaissance et des aubes légères. Dans une cacophonie de tenue vestimentaire, d’effluves de Patchouli et de sueur, le RER m'emporte avec les autres, serrée contre quelques solitudes, tant de lassitude. Les mains se replient sur des smartphones, les regards s’emplissent d'images saugrenues de chats attaquant, chien, lapin, poule ou faute de mieux, leur queue. Derrière la vitre sale, j'aperçois des maisons fracturées par l'oubli, badigeonnées de lettres rondes peintes à la bombe, éclatantes comme un cri animal. Ces graffitis dont soudain il me semble saisir le sens, percevoir la volupté, la vigueur, cet appel à vivre.
Le diable ne me parle plus, Joan. A ma manière, je suis atteint du syndrome de la plage blanche. C’est une sensation que je ne peux plus supporter…
*Le diable m’a dit…, Cédric Sire