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sur 723 notes
Années 1950. Alain Robert, 11 ans, veut sauver un des chiens perdus sans collier, pour lui éviter aller à la fourrière et être euthanasié. Mais lui aussi est un des chiens perdus sans collier : il fait partie des enfants abandonnés par les parents pendant la guerre. Pris en charge par l'Assistance Publique, son dossier est son frère : il le suit partout. Il est, comme la plupart de ces enfants, antisocial, et les familles d'adoption ne veulent plus de lui. Son obscession est de retrouver ses parents, mais dans le bottin, il y a trop De Robert, et aussi trop d'Alain !
Alors le juge pour enfants Lamy ( L'ami ... des enfants ? ), l'homme cardinal trop rare, qui exprime la pensée de Gilbert Cesbron, place l'enfant en foyer. Un foyer avec des enfants de l'AP, et des petites frappes [dont les familles seraient en 2022, qualifiées de dysfonctionnelles].
Il ne s'agit pas de n'importe quel foyer. le directeur est surnommé par les jeunes Croc Blanc, et les éducateurs sont Mammy, Buffalo, Frangine, Clémenceau, Tomawak l'instituteur, et Chef Robert qui est nouveau. Alain va se faire des copains : Radar, Taka, Olaf, Velours, Ballon Captif, et le sombre Paulo l'invincible enfant du malheur.
Pour le juge Lamy, ce foyer de campagne a de gros avantages sur la ville : nature, potager... le seul inconvénient est qu'il n'y a pas de parents pour aimer les jeunes ; les éducateurs, dont le but est de les guider vers une formation, les aiment, mais les liens de sang leur manquent.
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Gilbert Cesbron est un humaniste. [ L'humanisme est un concept qui dépasse la philosophie ]. Au printemps 1972, il met fin à son métier d'homme de radio et se tourne vers l'action sociale en devenant secrétaire général du Secours catholique.
Cesbron, dans ses livres, s'insurge souvent sur l'inhumanité du pouvoir, qui est ici représenté par le substitut.
On suit le juge Lamy sur plusieurs affaires ; il vieillit trop vite, passe des heures impossibles en déplacements pour convaincre le substitut ( proc ), jeune émoulu sorti de l'école qui veut appliquer le règlement à la lettre ; il court chez les parents pour les convaincre que l'enfant serait mieux au centre que dans une famille qui se dispute, dont le père boit et la mère se prostitue par voie de conséquence ( verbe tabou dont on ne parle pas ) ;
il dit qu'à propos des délits mineurs, on ne doit pas juger le jeune sur des faits, mais sur ce qu'il est, sur ce qu'est son entourage. Bien sûr, je suis d'accord :)
... Et dès que je le trouve, je lis : "C'est Mozart qu'on assassine".
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Antisocial, tu perds ton sang froid
Repense à toutes ces années de service
Antisocial, bientôt les années de sévices
Enfin le temps perdu qu'on ne rattrape plus
Qu'on ne rattrape plus
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Emouvant éloge des travailleurs sociaux d'après guerre, juge, avocat, docteur, éducatrice tentent avec beaucoup de finesse et d'amour de remettre sur les rails orphelins, gosses abandonnés ou jeunes délinquants.

Bon Dieu, la scène où cheftaine Françoise met au lit ses vingt petits bonshommes!

Ce sont tous des grands et Cesbron aussi est un grand avec sa prose qui semble couler sans effort de même que l'enchaînement des petites intrigues.
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Gilbert Cesbron, écrivain profondément humaniste, occupait une place un peu à part de la littérature du XXe siècle. Chacun de ses livres était un témoignage sur un problème de société et il était avant tout préoccupé par l'enfance en détresse ainsi qu'en témoigne « Chiens perdus sans collier ».
Au début des années 50, la société prend en charge les orphelins, les délinquants broyés par la misère, l'alcoolisme, les logements insalubres, les séquelles de la guerre…
Juge, psychiatre et éducateurs croisent ces jeunes entre le centre d'éducation surveillé, le cabinet médical et le tribunal, et patiemment, avec beaucoup d'humanité, tentent d'offrir un semblant d'avenir à des gosses nés sous une mauvaise étoile, dans récit fort et passionnant.
60 ans plus tard, le bilan n'est pas forcément plus rose mais l'enfance en détresse est une préoccupation majeure au sein de notre société et Cesbron y est peut-être un tout petit peu pour quelque chose…
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Avec des êtres humains à sauver c'est forcément un livre pour moi.J'ai eu le coeur serré pendant presque 400 pages.
Quand il aborde un sujet monsieur Cesbron ne fait pas de quartier,c'est d'ailleurs pour cette raison que je suis tombée amoureuse de sa plume (merci maman).
Ici il est question des enfants de l'assistance publique et de la difficile profession de juge pour enfants,l'auteur porte un regard réaliste et incisif sur ces gosses nés sous une mauvaise étoile.Le regard que l'on peut avoir sur eux change au fil des pages,on s'attache à ces enfants que le destin n'a pas favorisés.De famille en centre de redressement,en passant par les audiences au tribunal,ces gamins qui ne sont que des "dossiers" ont une âme...et quelle âme !Je les ais tous adorés,même les plus pénibles d'entre eux,on a qu'une envie,les prendre dans nos bras et les serrer très fort contre nous pour leur montrer que malgré la misère le monde n'est pas si cruel.
Tout les protagonistes sont attachants,Marc,Alain,Albert dit Olaf...des coeurs purs tout simplement.Sans oublier les adultes, Lamy le juge,Darrier l'avocat,le personnel de Terneray ,le centre de redressement.De gens effrayants par leur métier,l'on se rend compte qu'ils sont tiraillés par leur devoir et leurs sentiments.Ils sont presque plus humains que le commun des mortels.
Ce livre est une vraie leçon de vie,d'humanité et une magnifique bouffée d'espoir malgré la noirceur de son contexte.
Très beau et touchant,je le relirai avec plaisir encore et encore.
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Roman de 1954 qui met en scène un juge des enfants et des éducateurs dans un centre pour jeunes délinquants, le plus souvent issus de milieux défavorisés. A cette époque on ne se souciait guère du devenir de ces gamins. La solution toute trouvée était la maison de correction, sans guère de préoccupation pédagogique ni de perspectives de formation et d'avenir. Même si les services sociaux d'aujourd'hui, et en particulier la Protection judiciaire de la jeunesse, ne sont pas exempts de défaillances, un progrès significatif a été réalisé en partie grâce à des juges pour enfants dévoués, bienveillants et efficaces (j'ai en mémoire l'action de Jean-Pierre Rosenczveig, juge des enfants au tribunal de Bobigny que j'ai eu le plaisir de rencontrer) (Livre lu pendant l'adolescence et dont on me parle aujourd'hui)
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Quand la justice pour mineurs faisait son métier avec passion…

Chiens perdus sans collier est un roman de Gilbert Cesbron, paru en 1954 : je l'ai lu en 1987.

C'est un roman triste et émouvant qui permet de constater l'état miséreux dans lequel vivaient certains enfants dans les années 1950 ; loin de mes préoccupations de l'époque, il m'a permis de conforter mon idée de choisir un métier en lien avec la justice et le service public.

L'auteur évoque ici le sort d'enfants délinquants issus de milieux sociaux défavorisés ; ils sont aidés par un juge des enfants investi dans son métier et les personnels d'une maison d'accueil dévoués corps et âme à leur métier.

J'ai eu l'occasion de "visiter" une maison d'accueil pour mineurs dans les années 2020 et j'ai y retrouvé la même passion et le même investissement avec empathie de la famille pour les enfants placés.

Un roman qui se veut une immersion dans la vie des petits délinquants et un hommage à la justice .

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Ecrit il y a une cinquantaine d'années, ce livre date quelque peu aujourd'hui mais les joies et souffrances de ces enfants à la dérive existent toujours sous des formes peut-être différentes. C'est donc un livre d'enfants pour adultes, triste souvent, comique à certains moments, sans concession avec le sujet traité dans le contexte de l'époque.
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Chiens perdus sans collier
de Gilbert Cesbron (Auteur)

Alain, Marc, Taka, Olaf et tant d'autres enfants se retrouvent à Terneray, un centre de redressement où des chefs et cheftaines au grand coeur tentent de leur rendre leur dignité. Ils sont tous issus de l'Assistance publique, ou délinquants, ou de parents jugés inaptes. Leurs souffrances sont terribles, mais ceux qui les entourent désormais, à l'image du juge pour enfants Lamy, savent les orienter et leur apporter, même dans les pires moments, l'amour qui leur a toujours manqué.
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Cesbron n'est plus un auteur “à la mode”, mais ce livre a le mérite de respecter la langue française. En ces temps de maltraitance de notre langue, cette bouffée de classicisme m'a fait très plaisir même si l'histoire paraît parfois désuète, elle reste d'actualité dans un monde où tout devient de plus en plus compliqué au niveau des sentiments.
Des milliers d'enfants livrés chaque nuit à leurs fantômes, à leurs ennemies les grandes personnes… cependant que des dizaines de milliers d'autres enfants, à cette heure, trainent dans les rues, les foires et les bistrots les mains dans leurs poches vides. Ils boivent, volent, guettent, fuient, se prostituent parmi des milliers d'hommes et de femmes, leurs faux amis, semblables en tout à leurs parents — quelle différence ? le monde est déjà pour eux une immense usine, un immense bistrot, un immense terrain vague : une nuit d'hiver à jamais !
Tout est pareil partout, et chaque jour semblable au précédent…
Pour eux, que veut dire vivre ?
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Un plaidoyer en faveur des enfants placés, sous la forme d'un roman. le style est assez sommaire, proche du langage parlé et l'intrigue presque secondaire. C'est un intéressant témoignage de l'époque ( années 50) et j'espère que l'on a fait des progrès depuis. Je l'ai relu pour le souvenir que j'en avais, mais aujourd'hui il faudrait mieux lire un témoignage correspondant plus à notre époque.
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Gilbert Cesbron (1913-1979), c'est une évidence, est un "grand témoin" du XXème siècle. Son oeuvre, dense, forte, et profondément émouvante, est un long témoignage sur le côté obscur des trente glorieuses. de l'immédiate après-guerre aux années 70, il se penche, avec une émotion et une compassion communicatives, sur les oubliés de la croissance, les laissés-pour-compte du progrès, les pauvres, les malheureux, les déclassés, tous ceux qui, pour une raison ou une autre, sont rejetés par la société. Patiemment, de roman en roman, Gilbert Cesbron brosse un tableau de la France, non pas, comme un Zola ou un Balzac avec un souci documentaire à la limite de l'étude sociologique, mais au ras du petit peuple. le réalisme de Cesbron n'a d'autre but qu'attirer l'attention du lecteur sur la misère - les misères - qui l'entoure et qu'il ne voit pas, et ce faisant, de l'amener vers une attitude de compréhension, voire de compassion ou de charité. On le sait, Cesbron est un écrivain catholique. Mais il n'en fait pas un drapeau. Il se place plus dans le sillage de l'abbé Pierre que dans celui du Pape (même si ce pape s'appelle Jean XXIII).
La technique de Cesbron est reconnaissable : chaque roman examine et approfondit un thème de société : Les bidonvilles de l'après-guerre (Les Saints vont en enfer) Les tourments de l'adolescence (Notre prison est un royaume), la jeunesse délinquante (Chiens perdus sans collier), le naufrage de la vieillesse (Avoir été), l'euthanasie (Il est plus tard que tu ne penses), la violence (Entre chiens et loups), le racisme (Je suis mal dans ta peau), la foi et ses dérives (Vous verrez le ciel ouvert) l'enfance handicapée (Mais moi je vous aimais), etc.
Chiens perdus sans collier (1954) raconte l'histoire d'une poignée de gamins venant de milieux défavorisés (parents indignes ou dépassés, ou pas de parents du tout), qui, ayant été entraînés dans la délinquance, doivent répondre de leurs délits devant un juge. Gilbert Cesbron dresse un double portrait : d'une part, avec le regard tendre et compatissant qu'on lui connaît, il nous dépeint ces enfants déboussolés, tiraillés entre le monde d'adultes auxquels ils voudraient ressembler (à tort, souvent) et celui de l'enfance dont inconsciemment ils voudraient gardé la pureté et l'innocence; d'autre part, il nous montre une galerie de "belles personnes" dont la fonction consiste à encadrer et canaliser ces gamins (en particulier le juge Lamy et tout le personnel de la maison d'accueil), et qui à force d'amour et de sollicitude, leur apporte un peu de l'affection dont ils ont été sevrés.
Après Les Saints vont en enfer et Notre prison est un royaume, Chiens perdus sans colliers est un autre "grand" Cesbron, qu'on peut lire aujourd'hui encore à la fois comme un témoignage sur une époque révolue (encore que, si le contexte a changé, les situations dramatiques sont identiques) et comme une réflexion sur le Bien et le Mal, avec des victimes et des bourreaux, mais aussi des héros du quotidien, comme le juge et les éducateurs.
A noter une belle adaptation au cinéma : un film de Jean Delannoy en 1955, avec Jean Gabin dans le rôle du juge Lamy

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