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Critique de MarcoKerma


N'avais pas lu de livres de Giono de la toute première période (la trilogie de Pan), les plus anciennement lus ayant étés le Grand Troupeau et Jean le Bleu. Pour cette raison j'ai remarqué qu'au début le style y était plus compact et plus "argotique régional" que dans des oeuvres plus lyriques comme Que ma Joie demeure, le Serpent d'étoiles ou le Chant du Monde..
Par la suite j'ai trouvé que le style était en effet bien plus ramassé, plus naïf, avec une économie de mots essentiels comme les personnages vivent - ou survivent - avec une économie de moyens et d'objets essentiels (euphémisme : ils n'ont presque rien de matériel et d'ailleurs quittent presque tous le hameau où il est trop difficile de survivre).
On se retrouve presque dans un monde préhistorique, à un point de départ qui serait celui de l'Adam de la Génèse mais sans une Eve et loin d'un jardin d'Eden offrant ses pommes.. Et là est le problème : le village se vide et le dernier homme du hameau n'a pas d'Eve. Il est plus que pauvre mais tellement riche de la terre où il vit, du ciel immense qui touche presque le haut plateau au hautes herbes et Giono n'avait pas son pareil pour dire le vent.. et la relation charnelle, corporelle, sensuelle de l'Homme avec le monde et le Cosmos.
Giono n'hésite pas à personnifier des éléments naturels (un ruisseau, un chemin, le vent..) à la manière de certains livres pour enfants.
Regain, comme ce simple et évident titre l'indique, est le récit lumineux - et parfois inquiétant - du passage d'un état à un autre, ce qui, finalement, décrit un cycle. Au début est la fin, le déclin et la fuite de la vie, l'approche de la mort puis, après une chute spectaculaire - au sens propre et figuré - va renaître peu à peu la vie, le tout dans des lieux à part la "civilisation", éloignés, marginaux, difficilement accessibles (ils se méritent..), dont les liens avec la civilisation, la société contemporaine, sont nécessaires mais épisodiques et finalement à éviter le plus possible. C'est constant chez Giono, une forme de misanthropie pour le moderne en même temps qu'une philanthropie spontanée pour le genre humain. Quand il écrit Regain, Giono a déjà vu et vécu la guerre de 14 et sait de quoi l'homo sapiens "moderne" est capable..
Un autre grand livre de Giono, essentiel, dans tous les sens du terme.
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