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EAN : 978B003RGT1WC
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.82/5   99 notes
Résumé :
Tous sont partis. Panturle se retrouve seul dans ce village de Haute-Provence battu par les vents au milieu d’une nature âpre et sauvage. Par la grâce d’une simple femme, la vie renaîtra.
Jean Giono, un de nos plus grands conteurs, exalte dans Regain, avec un lyrisme sensuel, les liens profonds qui lient les paysans à la nature.
Jean Giono est né à Manosque en 1895. Il y fait ses études secondaires, puis travaille dans une banque. Après la guerre, il r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Il aura fallu le projet d'un séjour à Vachères dans les Alpes de Haute Provence pour que je me décide à lire Giono dont beaucoup de mes proches me disent, depuis bien longtemps, tant de bien.

Ma découverte de cet auteur commence avec "Regain" choisi pour son incipit "Quand le courrier de Banon passe à Vachères, c'est toujours dans les midi" J'entends l'accent chantant, les cigales, le mistral. Je suis en provence. Je suis à Aubignane ce village qui se meurt avec ses trois derniers habitants. Mais c'est bien l'histoire d'un renouveau que nous conte Giono. La magie d'une rencontre va redonner vie et avenir à cette terre solitaire et sauvage.

Regain est un magnifique roman primitif et solaire. Un roman qui place l'harmonie au coeur du récit.
L'harmonie d'une vie humble et respectueuse de la Nature;
L'harmonie du travail manuel qui produit et donne à vivre;
L'harmonie d'un amour simple, respectueux, pudique et charnel.

Regain ce sont aussi aussi deux magnifiques personnages. Panturle homme taiseux, honnête et solide. Et puis Arsule, sensuelle, pleine de ressources, d'idées pour faire du beau avec peu. Ces deux là sont positifs et constructifs et ensemble ils soulèvent les montagnes.

L'écriture de Giono est magnifique.

Poétique, on lit et relit plusieurs fois la même phrase:
"le vent soulève le ciel comme une mer. Il le fait bouilloner et noircir, il le fait écumer comme les montagnes. Il n'y a plus de soleil. Il n'y a plus que ces plaques étales d'azur paisibles; il n'y a plus que la course des nuages. Ils descendent vers le sud."

Animiste avec sa vison d'une Nature personnifiée, agissante:
"Elles sont allées près du ruisseau. Il était tout emmoustachés d'herbes sales et grognon parce que les pluies lui ontdonné pas mal d'eau. Alors il se plaint. Il se plaint de graisse.I l n' est jamais content. L'été il est là à gémir qu'il va mourir, et puis..."

Sensuelle:
"Le vent entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main; il lui coule entre les cuisses; il lui baigne toutes les cuisses; il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins et les hanches mouillées de vent. Elle le sent sur elle, frais, oui, mais tiède aussi et comme plein de fleurs, et tout en chatouilles, comme si on la fouettait avec des poignées de foin; ce qui se fait pour les fenaisons et ça agace les femmes, oh! Oui, et les hommes le savent bien.
Et tout un coup, elle se met à penser aux hommes.C'est le vent qui fait l'homme depuis un moment."

Sûr il y aura rapidement d'autres moments entre Manosque et Banon! Lire à rebours cette trilogie de Pan dont Regain est le troisième volume. Et puis, en fin d'été, je m'installerai pour un temps à Vachères et mettrai, pour de bon, mes pas dans ceux de Giono.
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Je n'avais pas retrouvé Giono depuis la lecture au collège de son roman "Un de Baumugnes". J'en avais le vague souvenir d'un plaisant conteur d'histoires paysannes provençales.
Regain, c'est Panturle, un homme rude, vivant seul dans un village abandonné par ses derniers vieux, à l'existence modeste sous l'immense voute céleste. Jusqu'à la rencontre de la femme tant attendue, qui comme la charrue qui retourne la terre, permet de nouvelles semailles.
Giono, un écologiste qui montre la dépendance de l'homme à la nature et le bonheur des plaisirs sobres comme la contemplation de la nature. Giono, un humaniste qui nous enseigne la noblesse des gens simples, le respect des humbles travailleurs de la terre et des artisans, la pudeur des sentiments (cette délicatesse qui retient les âmes bien nées de manifester ce qu'elles éprouvent...). Giono, un féministe qui met la femme à l'égal de l'homme.
Mais surtout, Giono c'est une écriture unique, qui coule avec l'accent du sud , qui exhale la lavande et le genévrier et dont la musicalité nous invite à repeupler de nos rêves cet arrière- pays de Provence.


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À Aubignane, un village haut perché sur les hauteurs de Manosque, quelques individus survivent ou subsistent sur les pans d'un coteau où est fiché un clocher. On y vit de peu, de la nature, de chasse, de manière totalement rustique. Des vies fortement marquées par le malheur (Mamèche) ou bien des vies qui s'achèvent comme celle du charron.

Panturle, lui est un grand et gros gaillard de 40 ans environ. Par le plus grand des hasards, alors qu'il est désormais seul, viennent jusqu'à lui un vieil homme et une demoiselle d'à peu près son âge. Duo insolite, car Arsule a été sauvée des griffes d'hommes malveillants pour être exploitée comme un âne contre bon soins. Panturle les aperçoit, surtout la femme qui qui s'est décorsetée. S'étant caché dans sa maison au moment de dépecer un renard, il leur court après dans les bois et manque de se noyer. le duo sauve ce grand gaillard. Quand Panturle se réveille, Arsule est à ses côtés et la mage opère. Elle le suit.

Ils obéissent à leur nature et à la nature. Grâce à Arsule, la maison est retapée, entretenue, les projets viennent...

Décrit à la fois avec pudeur et simplicité, la relation entre ces deux êtres qui se sont reconnus prend un tournant doublement heureux.

Un roman sur une vie très rustique, parfois bestiale, où les instincts n'en demeurent pas moins la vie, l'amour, le travail de la terre. La langue est poétique, matinée de mots locaux, voire anciens.























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N'avais pas lu de livres de Giono de la toute première période (la trilogie de Pan), les plus anciennement lus ayant étés le Grand Troupeau et Jean le Bleu. Pour cette raison j'ai remarqué qu'au début le style y était plus compact et plus "argotique régional" que dans des oeuvres plus lyriques comme Que ma Joie demeure, le Serpent d'étoiles ou le Chant du Monde..
Par la suite j'ai trouvé que le style était en effet bien plus ramassé, plus naïf, avec une économie de mots essentiels comme les personnages vivent - ou survivent - avec une économie de moyens et d'objets essentiels (euphémisme : ils n'ont presque rien de matériel et d'ailleurs quittent presque tous le hameau où il est trop difficile de survivre).
On se retrouve presque dans un monde préhistorique, à un point de départ qui serait celui de l'Adam de la Génèse mais sans une Eve et loin d'un jardin d'Eden offrant ses pommes.. Et là est le problème : le village se vide et le dernier homme du hameau n'a pas d'Eve. Il est plus que pauvre mais tellement riche de la terre où il vit, du ciel immense qui touche presque le haut plateau au hautes herbes et Giono n'avait pas son pareil pour dire le vent.. et la relation charnelle, corporelle, sensuelle de l'Homme avec le monde et le Cosmos.
Giono n'hésite pas à personnifier des éléments naturels (un ruisseau, un chemin, le vent..) à la manière de certains livres pour enfants.
Regain, comme ce simple et évident titre l'indique, est le récit lumineux - et parfois inquiétant - du passage d'un état à un autre, ce qui, finalement, décrit un cycle. Au début est la fin, le déclin et la fuite de la vie, l'approche de la mort puis, après une chute spectaculaire - au sens propre et figuré - va renaître peu à peu la vie, le tout dans des lieux à part la "civilisation", éloignés, marginaux, difficilement accessibles (ils se méritent..), dont les liens avec la civilisation, la société contemporaine, sont nécessaires mais épisodiques et finalement à éviter le plus possible. C'est constant chez Giono, une forme de misanthropie pour le moderne en même temps qu'une philanthropie spontanée pour le genre humain. Quand il écrit Regain, Giono a déjà vu et vécu la guerre de 14 et sait de quoi l'homo sapiens "moderne" est capable..
Un autre grand livre de Giono, essentiel, dans tous les sens du terme.
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J'ai été extrêmement déstabilisée par cette lecture.

Jean Giono a une manière bien à lui de conter cette histoire avec un vocabulaire et un phrasé bien particuliers. J'avoue que parfois, le propos m'est resté obscur et que je n'ai pas toujours tout compris.

Nous sommes dans un tout petit village de haute-Provence pas très loin de Manosque. Celui-ci a été déserté petit à petit et Panturle, homme dans la force de l'âge, vivant de la chasse, se retrouve seul. Il rêve bien de partager sa vie avec une femme, de refaire vivre son petit village, mais comment faire ? Il ne sait…

Jean Giono, nous conte tour à tour le quotidien de Panturle, mais pas que. Il nous fait suivre également la vie de plusieurs personnages qui gravitent autour du hameau déserté.

Les descriptions sont très belles et poétiques. J'ai entendu l'accent chantant provençal, le bruit du vent, de l'eau et des cigales tout au long de ma lecture. J'ai eu des difficultés en entrer dans l'histoire mais un fois fait, Panturle, sa solitude et son quotidien m'ont intimement touchée.

C'est un roman pas facile d'accès, d'un autre âge très certainement mais qui mérite d'être lu. Une découverte intéressante.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Cette aubépine où se pose le soleil dès qu’il dépasse la colline, elle a un rossignol dans ses feuilles. On dirait que c’est elle qui chante.
Il est venu dans le petit pré une ondulation d’herbe et il ne faisait pas de vent ; à cause de ça, Panturle a vu la couleuvre qui s’en allait sa route, toute frétillante, vêtue de neuf. Quand elle a été au bout du pré, elle s’est retournée ; on voyait qu’elle n’avait rien d’autre à faire que de nager de tout son corps dans la fraîcheur verte. Il y a maintenant, sous l’auvent des tuiles, un petit essaim qui cherche un abri. On dirait une poignée de balles de blé que le vent porte.

Chapitre 4
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Il est revenu au village. C’est le soir. À la maison de la Mamèche le peu de jour qui reste éclaire le drap blanc sur la table. Panturle a tiré la porte, puis il est venu au rempart et il a bien regardé tout le pays jusqu’au fin fond ; le troupeau des collines, la longue ligne grise et plate qui est le rebord du plateau ; son œil est allé au bout de la droite et au bout de la gauche.
Derrière lui, il y a Aubignane vide.
Il a bien regardé le pays jusqu’au fin fond et il a dit à haute voix :
— Voilà. Maintenant je suis seul.

Première partie
Chapitre 2
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Ce devait être vers le milieu du matin et Gédémus a tourné la tête pour regarder derrière lui. La Trinité est au fond des landes comme un petit tas de cendres froides. Un peu plus tard il a encore regardé et il n’y avait plus de La Trinité, il n’y avait plus que le ciel à la place. Alors, devant, il y avait du ciel, et du ciel aussi de chaque côté ; et, sous les pieds, il y avait ce sol poreux qui sonne comme un plafond de cave ; plus d’herbe mais des touffes de genévriers, tout arc-boutés. On était cette fois dans le grand large du plateau comme au milieu d’une mer.

Chapitre 3
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Il est debout devant ses champs. Il a ses grands pantalons de velours brun, à côtes ; il semble vêtu avec un morceau de ses labours. Les bras le long du corps, il ne bouge pas. Il a gagné : c’est fini.
Il est solidement enfoncé dans la terre comme une colonne.

Deuxième partie
Chapitre 5
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Et il a vu de loin, la Mamèche. Elle était sortie, elle aussi ; elle était montée sur la lande. Elle était debout comme un tronc d’arbre. Il allait appeler quand il s’est rendu compte qu’elle parlait. (...)
Elle parlait à quelque chose, là, devant elle, et devant elle il n’y avait que la lande toute malade de mal et de froid.
Une autre fois, c’est encore arrivé, mais, pas du même côté ; comme si elle faisait le tour des amis pour demander un service. C’était sur le versant des Resplandin au beau milieu des fourrés où c’est plein d’arbres.(...)
Elle était encore devant ce morceau de colline toute sale, embousée de givre et de boue gelée devant les arbres nus et qui n’en menaient pas large.
Elle disait encore :
— Ne t’inquiète pas ; ça me regarde ! j’irai la chercher là où elle est, mais, je te le dis, il faut que ça vienne d’abord de toi.
Elle le disait bien à tout ça qui était devant elle, parce que, à la fin, elle a bougé son bras, elle a pointé son doigt vers l’herbe, l’arbre, la terre.

Première partie
Chapitre 2
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Videos de Jean Giono (61) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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