Dès les premiers chapitres, j'ai commencé à rouler les yeux. Ce n'est jamais bon signe... L'intrigue est calquée sur des centaines d'autres du même style : un beau gosse fortuné, une fille sans le sou, inexpérimentée et paumée, et en voiture Simone ! Je ne fais pas la chasse à l'originalité : comment trouver et exploiter un concept inédit après des millénaires de littérature ? Mais tout dans ce roman m'a paru mal géré, maladroit, parfois même incohérent.
Woods Kerrington joue les preux chevaliers, mais ses pensées profondes me l'ont rendu complètement antipathique (l'auteur alterne un chapitre du point de vue de Della, et un autre du point de vue de Woods). Il nous sert les mêmes belles paroles à longueur de temps, mais en dehors de ça, passe son temps à diriger la vie de Della et à menacer de frapper ses amis s'ils ont le malheur d'approcher la jeune fille. Il prête de mauvaises intentions à tout son entourage, alors que lui-même cache ses choix de vie derrière des "c'est pas ma faute, c'est papa qui le veut". Oui mon coco, c'est bien, mais tu as vingt-quatre ans alors tu ne crois pas qu'il serait temps de couper le cordon ?! Il se prétend fou amoureux de Della, mais condamne leur relation sur le champ. L'argent et le pouvoir paraissent plus importants... jusqu'à ce que justement, ses amis commencent à s'intéresser à Della. Une fois décidé, il adopte une conduite tout aussi immature et illogique : il s'affiche partout - y compris devant les employés du club - mais attention, papa ne doit surtout pas savoir !
Venons-en à Della... Bien sûr, elle est d'une beauté infaillible, alors malgré des comportements inquiétants, tous les hommes en pincent pour elle. Elle a vécu isolée du reste du monde mais oscille entre jeune ingénue, ignorante des choses de la vie, à l'amante parfaite qui sait et ose tout. On passe d'un extrême à l'autre, mais de mon point de vue, elle attend juste qu'on règle ses problèmes à sa place. Woods lui interdit d'aller travailler certains jours, lui dit où habiter, lui commande d'aller faire pipi ici plutôt que là-bas (lors de la fête sur la plage) et répète sans arrêt qu'elle lui appartient et qu'il a besoin de la "marquer" pour prouver qu'elle est sa propriété. On nage en pleine notion de femme-objet. Loin de m'attendrir devant leur histoire d'amour, je l'ai trouvée assez malsaine...
« En regardant Della s'éclipser, je me demandai si j'avais bien fait de laisser Tripp nous voir ainsi. Elle avait les cheveux tout ébouriffés, les lèvres enflées et elle transpirait l'attitude de la femelle comblée. Je voulais montrer à Tripp qu'elle m'appartenait. Qu'elle voulait m'appartenir. Je n'aurais peut-être pas dû. Je n'avais pas réfléchi à la réaction de Della. »
Les passages érotiques suivent toujours le même schéma : "oh oui, oh oui, vas-y, tu mouilles / tu bandes, mets-la moi, oh mon Dieu que ta chatte est étroite, aaaaah je vais jouir, oh oui oh oui, ça y est, oh merde !". Je n'aimerais pas être leurs voisins... Et il me semble qu'il y a tout de même des façons plus romantiques de décrire des relations intimes.
Les dialogues sont creux et répétitifs, et amènent des situations stéréotypées au possible. Abbi Glines aurait pu tirer son épingle du jeu avec le fond de l'histoire, mais à mes yeux, le reste a tout gâché. Je ne lirai pas la suite...
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