Julie Gouazé choisit pour son second roman de narrer les états d'âme d'une anti-héroïne : Lola, femme moderne, jolie blonde (prenant soin d'elle, « crème à la tomate », épilation intégrale,), mais sans personnalité. Lola est incapable de dire non alors qu'elle vit un enfer conjugal.
Julie Gouazé traite avec cette Lola le thème du dégoût du sexe, qui évolue en dégoût de soi et du partenaire qui exige les relations sexuelles mal-vécues. Comment dire "non" dans le couple ? Quand hier encore, Lola disait "oui" tout le temps ? Pourquoi ne voit-il pas, lui, le mari, qu'elle n'aime pas ça ?
MAIS ATTENTION ! L'histoire n'est pas celle d'un couple lambda confronté à la baisse du désir avec le temps. C'est une histoire très spéciale de couple sadomasochiste et libertin (exemple : le mari ramène à la maison sa maîtresse, Lola doit coucher avec elle).
Le mari est esquissé en arrière plan, un peu caricatural en obsédé rustre (il rêvait de la "parfaite salope", il lui dit avec une "main au cul" : "Bouge ta croupe, ma salope", "fais ta pute", on sent que c'est lui qui impose les pratiques, et ça l'arrange bien de ne pas voir que le corps de Lola fait tout en se refusant, il ne veut pas se poser la question).
C'est plus que de la lassitude, cela va jusqu'au dégoût, des pratiques évidemment, mais aussi :
- D'elle-même : "Il y a quelque chose de gangrené dans la blonde Lola. Ça pue les égouts et les rats"
- de son compagnon : "Dans les rêves de Lola, il n'est pas là, son haleine n'a pas ces relents de trottoirs mouillés par la pluie et la fiente d'oiseau".
Mais il y a la force du quotidien qui les lie, et Lola ne part pas. Rien ne sort de sa bouche et elle s'exécute. C'est son corps qui le dit pour elle, le corps qui se refuse et qui se ferme.
C'est un livre très court (et pages très aérées, écrites en très gros). Il n'y a pas de trame, des bribes de scènes sans contexte. Et la fin laisse totalement à désirer : en une phrase impromptue, ça s'arrête sur un pseudo rebondissement. Décevant !