La bête et sa cage

La foi est une manifestation pathologique de l'espoir.

On a beau y être soumis depuis l’enfance, on ne s'habitue jamais au rejet, à l’humiliation. L’humain est un animal social, même le plus bête d’entre nous a besoin de contacts fraternels, à l’occasion. Si le social s’atrophie, il ne reste que l’animal. L’animal blessé.

Je pourrais ne jamais être remis en liberté. La liberté, c’est dans la tête. Et j’ai le crâne vaste.
En attendant qu’il finissent l’enquête et déterminent à quel degré d’homicide ils vont me cuisiner, je marine en isolement.

On n'a jamais une deuxième chance de faire une première bonne dépression.

La masturbation est moins nerveuse en détention. On étire tout ce qu'on peut. Même pour une bande de tueurs, tuer le temps, c'est pas simple.

Une fois qu'un tigre a goûté à la chair de la gazelle, il ne veut plus manger de l'herbe, c'est trop tard! Il devient un tueur-né.

Qu'ils soient professionnels, personnels ou ambigus comme le notre, les hommes et les femmes n'ont que des rapports sexuels. Des rapports qui se consomment ou pas, selon le degré de beauté, de richesse, de violence ou de charme des protagonistes. De mon côté, j'ai baisé essentiellement des femmes laides, surtout les bénévoles.

J'ai encore rêvé d'Édith. Les images étaient plus troublantes que la première fois. Je n'ose pas les partager dans ce récit, on pourrait croire que j'ai des déviances. Disons seulement que ça impliquait des scies à chaîne, un entrepôt désaffecté, cinq bergers allemands et de la lingerie fine.

C’est très néfaste pour l’estime de soi, être enculé. Cependant on ne traite jamais personne d’enculeur. C’est une injustice profonde. Pour mon malheur, ce n’est pas demain la veille que nous verrons se lever des groupes de défense des enculés.

Je tiens à préciser qu’en prison, ce n’est pas de l’homosexualité. C’est de la gestion des surplus de testostérone en circuit fermé, de l’intermittence circonstanciée.